Vidéo. Travaux en retard: les réactions de Save Casablanca

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Ahmed Hamid Chitachni, coadministrateur du groupe Facebook Save Casablanca.

Prévus pour fin 2019, la plupart des grands projets de Casablanca accusent d’un retard à durée indéterminé. Grand théâtre de Casablanca, parc de la Ligue arabe, promenade maritime de la mosquée Hassan II…ces projets bien que déclarés achevés ne sont toujours pas inaugurés. Ahmed Chitachni, coadministrateur du groupe Facebook « Save Casablanca », nous livre ses réactions, soulignant le caractère « ségrégationniste » de la politique de la ville qui « ne prend pas en compte les quartiers périphériques », et appelant à une gestion « plus démocratique » de la cité. Interview. 

Pourquoi les grands projets de Casablanca ne sont-ils toujours pas inaugurés ?

Ce retard est sûrement du aux dépassements de budget mais aussi au dépassement des délais de construction ainsi qu’une défaillance de la bonne gouvernance. C’est le flou total, quand on appelle les gestionnaires, ils ne répondent pas. Il y a un défaut de communication de toutes les instances, que ce soit la commune, la wilaya, la SDL. Le parc de la Ligue arabe, le zoo d’Ain Sebaa, le centre archéologique de Sidi Abderrahman, les trémies, la promenade maritime de la mosquée Hassan II (accessible mais non inaugurée)…la rue de jura à Maârif, ça fait bientôt dix ans qu’il y a des travaux pour un centre culturel. On ne sait pas pourquoi cela tarde, aucune explication et les riverains souffrent. Le citoyen n’a aucune connaissance de la date à laquelle il pourra bénéficier de ces équipements qui sont les siens. Pour le grand théâtre par exemple, il y a sûrement un dépassement de budget, couplé du fait qu’on n’a pas l’entité compétente pour le gérer. La SDL n’a pas qualité pour gérer ce théâtre. Pourquoi ne pas se rapprocher des vrais techniciens, professionnels en la matière pour se charger de cette mission? Il faut tout un planning, tout un travail pour le faire fonctionner techniquement et culturellement. On a créé des SDL, soit disant vu leur technicité, mais ce ne sont pas des techniciens en la matière, chacune dans leur domaine. On dilue les responsabilités par la multiplication des intervenants.

Que pensez vous de ces grands travaux ?

A qui profite ces travaux? Ce n’est pas tout Casablanca. Il n’y a pas qu’un seul Casa, il y a des Casa. Casa de Derb Moulay Chrif n’est pas Casa d’Anfa, Casa de Hay Hassani n’est pas Casa de Derb Sultan… Chaque quartier a ses spécificités et ses problèmes propres. Et ces travaux à 99% ne concernent que la préfecture d’Anfa. Quid des autres préfectures? Cette politique-là engendre une ségrégation dans le sens où seule une petite partie de la ville bénéficie de ces travaux. Est-ce que ce système d’unité de la ville qui a été introduit par le nouveau texte sur les communes sied à une ville telle que Casablanca? La réponse est non. Quand certaines communes ont des problèmes d’assainissement, d’autres ont des problèmes culturels, quoique ce dernier problème soit valable pour tout Casablanca. Et même avec la construction du Grand Théâtre…c’est très élitiste à mon avis de l’avoir installé à la préfecture d’Anfa, et de par sa conception, c’est une autre ségrégation culturelle qui va être faite. Je ne pense pas que les gens à bas revenus de Hay Moulay Rachid, Lahraouyine, Ain Chock etc. vont pouvoir accéder à ce théâtre.

Quelle(s) solution(s) ?

La solution, c’est de revoir le texte régissant la commune. Il faut à mon avis se situer dans le texte de 1976 et restaurer une démocratie communale en l’améliorant, et ne plus parler de cette « unité de la ville » parce que Casablanca n’est pas une. Il faudrait revenir à un système où chaque arrondissement ou commune actuelle ait sa personnalité juridique et son autonomie financière pour gérer soi-même au plus près les problèmes de ses habitants. Actuellement, on ne peut pas parler de démocratie participative à Casablanca. Quand vous demandez quelque chose aux communes, elles vous renvoient aux SDL lesquelles ne répondent même pas à vos doléances. Il n’y a pas un lien de causalité entre le citoyen et la SDL. Le citoyen a élu des représentants à la commune, ces SDL sont hors du schéma d’une démocratie participative, même si elles sont prévues par la loi. De plus, il faut que les élus soient à l’écoute de la population locale en élaborant des projets de développement de la ville, en se concertant avec la société civile et les citoyens pour développer justement cette démocratie participative. Il faudrait également décongestionner le centre ville et créer plusieurs centres à Casa. Quant à l’aspect culturel, plutôt qu’ouvrir un grand théâtre, pourquoi ne pas racheter tous les petits cinémas qui ferment et en faire des théâtres de quartier qui seraient sûrement plus remplis qu’un grand théâtre de 1.800 places? Il n’y a pas de véritable politique culturelle de la ville. On restaure le parc de la Ligue arabe mais pourquoi ne pas créer aussi d’autres espaces verts dans les quartiers périphériques? Concernant les marchands ambulants, pourquoi ne pas accorder à une partie d’entre eux une patente pour occuper un espace au marché de gros, plutôt que de les laisser occuper l’espace public? Il y a des solutions, encore faut-il que nos élus optent pour une démocratie participative, un dialogue avec le citoyen et la société civile pour le bien de cette ville, sinon les décisions qui viennent d’en haut n’aboutiront jamais.

 

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