Vidéo. Qualité de l’air: quels risques pour la santé ? Les réponses d’un pneumologue

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Dans la continuité de notre série sur la qualité de l’air au Maroc, H24Info est allé à la rencontre du docteur Mohammed El Ibrahimi, pneumologue et pneumophtisiologue à Casablanca. Après avoir étudié les modalité d’analyse de la pollution atmosphérique dans un premier volet purement technique, le volet sanitaire est abordé avec le docteur qui nous explique les risques que nous encourons à respirer un air pollué. 

La mortalité mondiale est liée pour 23% à l’environnement. Cela représente environ 12,6 millions de décès par an, nous informe une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans le cadre de la 3e édition de la Conférence Africa 2025 intitulée « Santé en Afrique, stratégies de prévention et de réduction des risques » qui a eu lieu en octobre 2017.

Au Maroc, la ville qui concentre le plus de microparticules polluantes en microgrammes par m3 est Benslimane (63), suivie de Tanger (57), Meknès (47), Marrakech (46). Résultat surprenant: Casablanca n’arrive qu’en 5e position avec un air qui semble plus respirable (43).

Prévalence de la pollution domestique

Parmi les maladies pouvant être liées à la pollution de l’air, on compte sur un plan aigu, les bronchites et les pneumonies. Sur un plan chronique, on nomme par exemple les cancers bronchiques. « Quand on a un cancer bronchique, on le découvre généralement au stades 3 ou 4 de la maladie, c’est-à-dire des stades qui nécessitent un traitement par chimiothérapie », explique Dr El Ibrahimi, « c’est donc un traitement considéré palliatif; on peut parfois guérir par chirurgie le cancer bronchique lorsqu’il est découvert à un stade précoce. Mais cela reste rare pour les maladies chroniques ».  

Par ailleurs, la mortalité due à la pollution de l’air est plus interne qu’externe. Sur les 6 millions de décès annuels dus à la pollution atmosphérique, seulement 2 millions de décès sont causés par la pollution externe (routière et industrielle). Les 4 autres millions résultent donc de la pollution interne soit domestique, provoquée notamment par la combustion de matériaux polluants (bois, charbon, etc.).

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La majorité des populations atteintes par cette pollution domestique sont à revenus faibles ou moyens, surtout localisées en Asie et en Afrique où il y a une forte densité de population. En effet, 83% des ménage de l’Afrique utilisent des combustibles solides comme le bois, le charbon de bois, le charbon, ou des déjections animales.

Une volonté d’Etat

« C’est une question de politique. Quand les politiques entendent le signal des scientifiques, ils peuvent prendre les mesures nécessaires, et la population suivra », s’exclame le pneumologue, citant pour exemple le cas de la France qui a réussi à baisser son taux de mortalité lié aux accidents de la route en réglementant la vitesse et la conduite en état d’ébriété.

« De la même manière, si nous, scientifiques, on arrive à convaincre de plus en plus -et on est en train de le faire- les pouvoirs publics, on peut arriver à réduire la mortalité en rapport ac la pollution. En témoignent des actions comme la COP22, la mise en place des Medina Bikes ou des bus au diesel à Marrakech…en somme, il faut qu’il y ait une volonté d’Etat », conclut le pneumologue qui attend de l’Etat une politique de réduction des risques en encourageant davantage la qualité et l’usage des transports publics.

El Ibrahimi mentionne tout de même le programme Qualit’air. Présidée par la princesse Lalla Hasnaa, la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement l’a lancé en 2002 et a abouti en 2016 à la signature d’un pacte Qualit’air qui engage les entreprises marocaines, réunies au sein de la CGEM, à établir leur bilan carbone à l’aide de l’outil Bilan GES (gaz à effet de serre). S’ils le souhaitent, ils peuvent compenser leurs émissions via le programme dédié de la Fondation.

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Ce programme a permis de mettre en place de nombreux ateliers de sensibilisation dans les écoles, des stands de sensibilisation dans les aires de repos pour sensibiliser les chauffeurs-routiers sur la pollution émise par leurs véhicules, 150 à 170 stations de contrôle technique avec le matériel nécessaire pour analyser le niveau de gaz d’échappement des véhicules, ainsi que la multiplication par 10 des stations de mesure de la qualité de l’air.

Pour rappel, le Maroc s’est engagée au niveau de l’énergie propre, notamment avec la centrale solaire Noor à Ouarzazate, inaugurée en 2016. « Il y a une amélioration mais c’est encore peu », regrette notre interlocuteur, « car notre énergie provient à 65% de produits pétroliers et 24% du charbon, soit 85% de l’électricité au Maroc dépend d’énergies polluantes ».

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