Vidéo. Mazaya: la musique classique contre l’exclusion sociale

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Le programme socioculturel Mazaya offre à de jeunes enfants déscolarisés et issus de milieux défavorisés, une formation alternative, alliant scolarité classique et cursus musical professionnel. Reportage.

Ce 16 mai 2019, dans les locaux de Mazaya situés dans le quartier Hay Riad-Souissi de la capitale, les élèves s’affairent. Pour les musiciens d’instruments à vent, une audition est prévue dans quelques heures devant leurs parents. Ils se préparent, répètent leurs morceaux, et enfilent leurs beaux costumes fraîchement repassés et flockés «Mazaya».

Des costumes financés par la Fondation Ténor pour la Culture, à l’instar des cours, de la cantine, du transport scolaire, de la couverture santé, des activités extrascolaires. Tout est pris en charge par la Fondation pour ces jeunes âgés actuellement de 12 à 21 ans, tous issus de quartiers défavorisés de Rabat, Témara et Salé.

Parmi les partenaires financiers institutionnels de la Fondation, on cite l’INDH (Initiative Nationale pour le Développement Humain), l’Union européenne mais également la fondation OCP, Centrale Danone ou la Société Générale (entre autres) pour les partenaires d’entreprises privées. Chaque enfant peut également être parrainé par un particulier pour sa prise en charge mensuelle partielle ou complète.

 

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Créé par la Fondation Ténor pour la Culture en 2012, le programme Mazaya compte cette année 70 élèves. Pour en faire partie, l’enfant doit être déscolarisé. «On n’est pas là pour les sortir de l’école», abonde Dina Bensaid, directrice générale de la Fondation Ténor pour la Culture. «On les sélectionne dans un vivier précis. Ce sont des enfants qui sont déjà déscolarisés, déjà en situation difficile, déjà rejetés par la société, et originaires des quartiers dits INDH, soit les quartiers difficiles de Rabat, Salé et Témara».

Après cette première sélection, les «candidats» passent un court test de sélection. «On s’assure qu’ils aient une oreille plutôt correcte, qu’ils arrivent à s’exprimer, à reproduire des schémas rythmiques, qu’ils chantent plus ou moins juste…qu’ils sont un minimum prédisposés car notre but n’est pas non plus de faire perdre leur temps aux enfants. Il faut une base minimum adéquate pour se lancer dans la musique classique», résume la directrice.

Une fois sélectionnés, les enfants se voient attribuer un instrument à vent ou à corde, selon leur sensibilité, leur anatomie et leur âge. Ils peuvent également apprendre les percussions et dès l’année prochaine, le piano. En 2017, la première promotion a terminé le cycle central de cinq ans, mais au regard du succès de la formation, le programme s’est vu augmenté d’un nouveau cycle supérieur de cinq ans également.

 

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Côté emploi du temps, les matinées sont consacrées à la musique (formation musicale, cours d’instrument, d’orchestre, de musique de chambre) et les après-midis, à l’enseignement classique (arabe, français, mathématiques, notamment) via l’END (Education Non Formelle) en convention avec le ministère de l’Education nationale.

La bonne vingtaine de professeurs de Mazaya sont essentiellement des musiciens de l’Orchestre Philharmonique du Maroc (OPM) géré par la Fondation Ténor pour la Culture, mais aussi des enseignants de l’Ecole Internationale de Musique et de Danse (EIMD).

«Ce sont des enfants qui ne connaissent pas la musique classique mais qui très vite, se l’apprivoisent», explique Dina Bensaid. En sept ans d’existence, le programme Mazaya a déjà permis à deux enfants d’intégrer l’OPM, «sachant qu’il faut minimum entre 10 et 15 ans d’études normalement». «Là où il faut 10-15 ans, à Mazaya on a réussi à le faire en 6-7 ans, donc c’est déjà une preuve que le programme fonctionne», s’enthousiasme la virtuose du piano membre de l’OPM depuis 2003. D’autre part, de nombreux élèves participent aux concerts de l’OPM durant l’année.

Même si la plupart des élèves ont choisi de rester dans la musique classique, d’autres débouchés s’offrent à eux, soit comme musicien dans un autre style, soit dans les autres métiers de la musique comme l’enseignement, les métiers de la scène, de la régie, les bibliothèques ou les partothèques.

A travers son programme, Mazaya démocratise la musique classique en même temps qu’elle en fait une arme contre l’échec, l’exclusion, la précarité et la violence. Enfin, elle révèle des talents qui n’auraient peut-être jamais eu la chance d’éclore.

 

 

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