Vidéo. Fnideq/contrebande: manifestations et lancement d’un programme de soutien

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Capture d'écran El Faro de Ceuta

A Fnideq, vendredi dernier, plusieurs centaines d’habitants sont sortis manifester contre la fermeture de la frontière avec Sebta qui a plongé de nombreux travailleurs de la région dans une crise économique sans précédent, aggravée par la pandémie. 

Depuis le 9 octobre 2019, le poste frontalier Tarajal II donnant accès à l’enclave espagnole de Sebta est infranchissable, par décision unilatérale du Maroc. Après une étude de terrain, une mission parlementaire avait appelé en janvier 2020 notamment à créer une zone franche et mettre en place une véritable alternative économique. La réalisation de ce projet de zone franche susceptible d’absorber les femmes qui s’adonnent à la «contrebande vivrière» a été retardée par la pandémie du nouveau coronavirus.

Entre fermeture de Tarajal II depuis plus de deux ans et crise économique liée au covid-19, les travailleurs prenant part à tout le réseau économique de la contrebande dans la région sont à bout de souffle. Vendredi, plusieurs centaines d’entre eux sont descendus dans les rues de Fnideq pour manifester leur désarroi.

Il s’agit d’un sit-in non autorisé au niveau du boulevard Mohammed V, en violation des dispositions de l’état d’urgence sanitaire, indique un communiqué de la préfecture de M’diq-Fnideq. Les manifestants ont bloqué la voie publique, ce qui a contraint les autorités publiques à intervenir pour disperser la foule dans le strict respect des réglementations et des dispositions juridiques, ajoute le communiqué relayé par la MAP. 

Lors de cette intervention, certains manifestants ont jeté des pierres sur les éléments des forces publiques, blessant six d’entre eux qui ont dû être évacués à l’hôpital pour recevoir les soins nécessaires, poursuit la même source. Dix personnes on également été transférées à l’hôpital à la suite à d’évanouissement en raison d’une bousculade parmi les manifestants. Une enquête a été ouverte au sujet de ces événements sous la supervision du parquet compétent.

 

Lire aussi : Sebta et Melilla: la réponse de l’ambassadrice du Maroc après sa convocation

 

« Il faut vite ouvrir un dialogue avec les gens et non régler les choses par la répression ou la détention », commente Boubker Largo, président de l’Organisation marocaine des Droits de l’Homme (OMDH). A ce propos, le spécialiste de la question souligne le lancement le même jour par le wali de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Mohamed Mhidia, lors d’une réunion avec d’autres officiels régionaux, d’un programme de soutien économique aux personnes en détresse.

Lancement d’un « mécanisme de soutien »

Intitulé « mécanisme de soutien et de suivi pour améliorer l’employabilité et stimuler l’esprit d’entreprise pour les groupes vulnérables, en particulier les femmes et les jeunes », le programme vise à aider financièrement les jeunes entrepreneurs, les coopératives, les petites entreprises. « L’Etat accordera des crédits aux personnes qui présentent un dossier de leur projet en vue d’obtenir cette aide. C’est la mesure économique d’urgence principale actuellement », explique Largo qui justifie le retard de la prise en compte des recommandations parlementaires par la pandémie.

« La pandémie a causé un ralentissement dans les travaux de la zone d’activités économiques prévues à Fnideq et dans la prise en charge économique des travailleurs sans ressources issus du commerce clandestin. Le gouvernement a priorisé la santé et le droit à la vie avant tout, mais les gens n’ont pas pu supporter cette période », poursuit notre interlocuteur qui dénombre environ 8.000 porteurs sans emploi actuellement. « Sans compter les milliers de commerçants en faillite à Fnideq et à Tétouan, qui vivaient des marchandises transportées par les porteurs. Dans ces deux villes, il y a des marchés qui vendaient majoritairement ces produits-là. La conséquence économique sur le tissu social est énorme ».

Si l’arrêt des échanges issus de la contrebande a engendré des avantages économiques pour le marché marocain (hausse des achats de produits marocains et des importations légales), les porteurs sans emploi n’en bénéficient pas pour autant. « Les grandes surfaces à Nador et à Tétouan ont réussi à récupérer les marchés vacants anciennement comblés par les produits issus des enclaves espagnoles tels que l’électroménager, les télévisions, les paraboles. On trouve maintenant des vêtements fabriqués à Casablanca dans les villes du Nord. C’est un profit pour le Maroc de manière générale, mais ça ne bénéficie pas directement aux porteurs, à l’inverse des commerçants, c’est cela le problème », renchérit le président de l’OMDH.

Pour rappel, la réalisation du projet de zone d’activités économiques à Fnideq en est à la première tranche. D’une superficie totale de 10 hectares, le projet a débuté en juin dernier.

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