Vidéo. Au cœur du CHU de Casablanca (1/4): l’accueil aux urgences du patient covid-19

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H24Info a retracé à travers quatre reportages au sein du CHU de Casablanca, le parcours du patient covid-19, de son arrivée aux urgences, en passant par la réanimation, et jusqu’à sa sortie par le service d’endocrinologie. Dans ce premier épisode, nos reporters vous font découvrir les urgences, première étape de la prise en charge du patient covid-19.  

La rue des Hôpitaux est bien calme ce jeudi 30 avril lorsque nous tournons notre reportage. «Les jours normaux, on compte trois ou quatre files de voitures devant les urgences, c’est à peine si les véhicules arrivent à passer», commente Professeur Mohamed Moussaoui, adjoint du chef de service des urgences du CHU Ibn Rochd, à Casablanca. «C’est à cause du centre de diagnostic… Maintenant, toutes les consultations et les chirurgies non-urgentes sont reportées», explique-t-il.

Le spécialiste nous guide à travers les différentes missions des urgences afin de retracer le parcours du patient covid-19 depuis son domicile. Tout commence dans la salle de régulation où des médecins répondent aux appels du 141 et pratiquent des anamnèses téléphoniques. «C’est de la télémédecine, le médecin questionne en ligne le patient et essaye d’établir un score: présente-t-il des maux de têtes, une gêne respiratoire… ?».

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« Au début de l’épidémie, le SAMU recevait quelques 3.000 appels/jour. Actuellement, le trafic est redescendu à environ 500/jour. »

Au regard des symptômes enregistrés, et de l’éventualité d’un contact avec un cas infecté, si la personne présente une probabilité élevée, elle est prise en charge par une ambulance à son domicile. «Soit on la renvoie vers son hôpital de desserte, soit il s’agit d’un cas grave et le SAMU l’achemine au CHU», poursuit Pr. Moussaoui. En effet, la Direction Régionale de la Santé, chapeautée par le ministère de la Santé, a décidé de centraliser uniquement les cas graves au CHU de la ville blanche, et de répartir les cas bénins à modérés au niveau des hôpitaux préfectoraux, dans le but d’éviter l’engorgement du CHU.

«Initialement, seul l’hôpital Moulay Youssef s’occupait des patients covid-19. Une fois que des cas graves se sont déclarés, on les a admis a CHU», précise l’adjoint du chef de service. «Au fur et à mesure que les cas positifs augmentaient, on incluait des hôpitaux dans le dispositif. Par exemple, l’hôpital de Hay Mohammedi n’a été engagé que lorsqu’une cinquantaine d’employés d’une fabrique de matériaux du secteur a été contaminée par le covid-19».

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Si le cas est grave, il est transféré au CHU Ibn Rochd via l’une des 8 ambulances médicalisées du CHU.
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Chaque ambulance est entière médicalisée et possède tous les équipements nécessaires à une réanimation extra-hospitalière (respirateur, moniteur, oxygène, etc.).

L’équipe médicale du SMUR (Service Mobile d’Urgence et de Réanimation) récupère ainsi le patient suspect et grave à son domicile, ou à l’hôpital de secteur où il était déjà si son cas s’est aggravé. Dans une sorte de SAS dédié, le personnel soignant suit un protocole rigoureux «d’habillage et de déshabillage» avant et après chaque intervention afin d’éviter tout risque de contamination.

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Un circuit de propreté doit être respecté par les ambulanciers pour chaque nouveau patient : habillage/déshabillage (changement de blouse) avec désinfectant et dans un ordre précis.
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Au centre d’enseignement des soins d’urgence, on enseigne au personnel soignant (étudiants en médecine, techniciens ambulanciers, élèves anesthésistes, infirmiers…) comment bien pratiquer « l’habillage/déshabillage », ainsi que des simulations de réanimation. « Car chacun peut être amené à réanimer quelqu’un », explique Pr. Moussaoui.

D’autres patients arrivent d’eux-mêmes à l’accueil des urgences qui établissent alors un triage. Des infirmiers polyvalents, protégés avec masques, blouses et visières, questionnent les patients sur leurs symptômes et prennent leur température à l’aide d’un thermomètre électronique. Si un patient présente des signes infectieux et respiratoires, il est orienté vers une tente, à l’extérieur du bâtiment.

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A l’accueil des urgences, des infirmiers polyvalents prennent la température des patients à l’aide d’un thermomètre électronique

Afin de ne pas exposer les patients, deux tentes ont été installées à l’entrée de la structure: une salle d’attente et un bureau dans lequel un pneumologue ausculte les patients qui présentent des pathologies respiratoires ou infectieuses. Le patient fortement suspicieux passe un scanner, «un argument supplémentaire qui ne peut remplacer le test PCR, technique la plus fiable qui a démontré son efficacité de par le monde». «L’avantage du scanner, c’est son délai de résultat de quelques minutes, contrairement à la PCR qui a besoin de plusieurs heures avec des contraintes de plages horaires fixes, car il faut attendre le regroupement des prélèvements», détaille Pr. Moussaoui.

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Pour éviter au maximum la contamination, un triage des patients se fait à l’extérieur des urgences, dans deux tentes dédiées à cet effet.
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Entre 2 et 5 tests PCR sont pratiqués chaque jour aux urgences du CHU Ibn Rochd à Casablanca. Le kit PCR, prêt à l’emploi, agit pour la détection de trois gènes spécifiques au covid-19 présent dans les échantillons prélevés à partir des voies respiratoires supérieures et inférieures.

Plus de 80% des cas positifs au covid-19 sont asymptomatiques, 15% nécessitent une prise en charge hospitalière, et moins de 5% une admission en réanimation. « Ce sont ces derniers cas qui posent problème car leur taux de mortalité est élevé. C’est une nouvelle pathologie qu’on ne maîtrise pas beaucoup. Chaque jour, on découvre de nouvelles choses et nos certitudes de la veille changent. Avec le covid-19, on n’a pas encore de profil d’évolution, ce qui fait que le devenir des patients en réanimation demeure parfois incertain », confie Pr. Moussaoui.

En tout cas, au CHU de Casablanca, la situation apparaît maîtrisée. « Les urgences n’ont jamais été débordées ni pleines à 100%. On possède suffisamment d’équipements, qu’il s’agisse des respirateurs, des machines de mesure de la tension artérielle, la saturation en oxygène ou le tracé électrocardioscopique », rassure le médecin qui s’interroge sur les conditions d’un « retour à la vie normale ».

« On se demandera toujours si un patient qui arrive aux urgences est covid-19 ou pas, certains vont venir pour des symptômes étrangers au covid-19 bien que porteurs du virus… Faudra-t-il tester tout le monde? L’épidémie se sera-t-elle suffisamment calmée pour cesser les tests? Beaucoup de questions restent en suspens, auxquelles on ne pourra répondre dans l’immédiat, seul le temps nous le dira ».

 

 

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