Vidéo. À Meknès, des pèlerins juifs célèbrent la hiloula

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Des personnalités juives assistent au pèlerinage traditionnel au cimetière juif de Meknès, en l'honneur des saints dans cette ville emblématique de la présence juive multiséculaire au Maroc, le 18 mai 2022. Photo: Fadel Senna / AFP.

Des dizaines de fidèles juifs ont participé cette semaine au pèlerinage traditionnel de la hiloula à Meknès, au Maroc, qui a repris pour la première fois depuis les années 1960 après la restauration du cimetière historique juif de la ville.

C’est la première fois que des pèlerins juifs revenaient dans cette ville emblématique de la présence juive multiséculaire au Maroc depuis que le royaume a repris ses relations avec Israël en décembre 2020, sous l’impulsion de l’ex-président américain Donald Trump.

Les fidèles, très majoritairement d’origine marocaine, sont venus mercredi et jeudi honorer leurs « tsadikims » (les saints et les rabbins célèbres) dans le cimetière délaissé pendant des décennies et fraîchement réhabilité de l’ancien « mellah » (quartier juif) de la ville impériale. Un pèlerinage encadré par un important dispositif policier.

« Les mots me manquent pour décrire ce que je ressens. Mon retour tant attendu dans ma ville natale après des années d’absence est merveilleux », confie à l’AFP André Derhy, un Franco-Marocain de 86 ans, en arpentant les allées de Beth Haim (« Maison de la vie » en hébreu) de Meknès.

« C’est une grande fierté de venir à Meknès sur les traces de mes ancêtres qui reposent ici », lance le rabbin Niddam, un Israélien d’origine marocaine de 31 ans qui visite le royaume pour la première fois.

« Perpétuer la mémoire »

La restauration du cimetière, érigé en 1682 mais tombé en décrépitude, s’inscrit dans le cadre d’un programme de réhabilitation de plus de 160 cimetières juifs du Maroc initié par le roi Mohammed VI en 2010.

La communauté juive marocaine, estimée aujourd’hui à 3.000 personnes, reste la plus importante d’Afrique du Nord, malgré un départ massif vers Israël après la création de l’Etat hébreu en 1948.

Les quelque 700.000 Israéliens d’ascendance marocaine ont souvent gardé des liens très forts avec leur pays d’origine.

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Présente depuis l’Antiquité, renforcée au 15e siècle par l’expulsion des juifs d’Espagne, cette communauté a atteint 250.000 âmes à la fin des années 1940.

A Meknès, une centaine de pèlerins, bougies à la main, parcourent les tombeaux recouverts de chaux blanche. Une poignée prie avec ferveur devant la stèle du rabbin Raphaël Berdugo, « maître de la Torah » décédé en 1821.

« Ce rassemblement est la preuve qu’on peut faire d’un champ de ruines un lieu pour perpétuer la mémoire des juifs marocains », explique à l’AFP Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil de la communauté israélite du Maroc.

« Cohabitation »

Si la cause palestinienne continue à recueillir la sympathie de la population marocaine, la reprise des relations avec Israël n’a guère soulevé de contestation massive.

Pour Yousseph Israël, originaire de Tétouan (nord) et juge à la chambre hébraïque de Casablanca, « le Maroc a toujours été un exemple de cohabitation religieuse ».

Bien avant la reprise des relations, « le Maroc et Israël ont toujours entretenu des relations de paix. Beaucoup d’Israéliens visitaient le royaume sans le moindre problème », abonde le rabbin Niddam.

Avant le rétablissement des liens, le royaume recevait chaque année entre 50.000 et 70.000 touristes juifs, pour la plupart en provenance d’Israël. Avec le lancement de liaisons aériennes directes, il s’attend à en accueillir jusqu’à 200.000.

Gilles Berdugo, un Israélien d’origine marocaine né à Meknès, a profité du pèlerinage pour retourner pour la première fois au Maroc qu’il a quitté en 1970 à l’âge de 11 ans.

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« Je suis retourné dans mon quartier les yeux fermés. Tous mes souvenirs ont ressurgi, c’est comme si je n’avais jamais quitté ce pays », témoigne cet inspecteur de l’Education nationale israélienne, attablé avec sa femme et leur six enfants sous une tente caïdale où ont été dites des prières en l’honneur du roi Mohammed VI.

Pour ses enfants, qui visitent pour la première fois le Maroc, l’expérience est « intense ». « On a grandi avec les histoires de notre père et c’est comme si on a enfin retrouvé ici une pièce manquante d’un puzzle (familial) », sourit son fils Avishaï, âgé de 30 ans.

Très ému, Gilles Berdugo salue de la part du Maroc « un travail exceptionnel de préservation de sa mémoire plurielle ».

« Ce voyage revêt une symbolique énorme pour mes enfants et le vivre avec eux ça n’a pas d’égal », dit-il, la larme à l’oeil.

Par Kaouthar Oudrhiri-AFP

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