Vidéo. A Casablanca, le quartier du CIL rendu insalubre par les déchets de chantier

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A deux pas de l’attractive Casablanca Finance City, une zone villas croule sous les débris depuis plusieurs années, sans intervention des autorités, au grand désarroi des habitants. De son côté, un élu de la Ville assure qu’un appel d’offres sera bientôt lancé spécifiquement pour la gestion des déchets inertes. Reportage. 

« Ce n’est plus un quartier, c’est une décharge de Casablanca », s’exclame Latifa qui a vécu toute sa vie dans le quartier CIL. Depuis quelques années, sa mère, en âge avancé, a du être déplacée de la maison familiale à cause de l’insalubrité environnante. Débris de chantier, déchets ménagers, plastiques, bouteilles en verre, rats, cafards, matières nocives… Face aux maisons, s’affaissent des monticules en tout genre qui polluent et obstruent le passage.

Tout a commencé il y a environ trois ans avec la destruction d’un bidonville de plusieurs hectares, après quarante d’existence. Les débris des bâtiments n’ont pas été ramassés, et les triporteurs y ont vu l’occasion d’y déverser ni vu ni connu d’autres déchets, majoritairement « inertes », soit les déchets issus des activités de construction. Les habitants subissent ainsi ces conditions malsaines et dangereuses, suppliant les autorités d’agir, mais en vain.

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Le passage de cette rue du quartier CIL est totalement obstruée par les décombres et les déchets.

« On a demandé à la commune, à la moqqataa… Ils n’ont rien fait », se désole Latifa, montrant du doigt le siège de la moqqataa visible à quelques mètres de leur domicile. « Les autorités sont juste devant nous, ils voient ça et laissent ça », s’indigne-t-elle. « Ma mère veut rentrer chez elle mais elle ne peut pas dans ces conditions ».

« Ce n’est pas la faute de la Ville »

Contacté, Ahmed Afilal Idrissi, 6e vice-président au Conseil de la Ville de Casablanca, réagit à ce cas, indiquant dans un premier temps que « ce n’est pas la faute de la ville ». « C’est la faute de la société qui s’est occupée de la démolition du bidonville, a priori Al Omrane, c’est à elle de ramasser ses débris, mais les autorités locales doivent faire le suivi aussi », explique-t-il. Et de tempérer: « On ne va pas faire la chasse aux sorcières, on est tous partenaires entre la Ville et les autorités, on doit trouver une solution à ce problème et c’est ce qu’on est en train de faire au niveau de la Ville ».

En effet, l’élu de Aïn Sebaa révèle que la maire de Casablanca, Nabila Rmili, a demandé cette semaine à la société de propreté urbaine Arma de débarrasser cette zone. Serait-ce le début de la fin du calvaire pour les habitants de ces bâtisses en apnée? Afilal Idrissi assure que « cette fois, c’est la bonne ». « Ils vont répondre favorablement car on les force; on peut dire qu’ils nous font une faveur car ce n’est pas dans leurs prérogatives », souligne notre interlocuteur qui soulève aussi l’importance des frais mobilisés pour cette opération. « Cela va leur coûter entre 600.000 et 800.000 DH car ils n’ont pas les camions adaptés à ces déchets ».

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Si le terrain n’a toujours pas été dégagé, c’est aussi parce que persiste depuis quatre ans une sorte de vide décisionnaire autour de la responsabilité du ramassage des déchets inertes de Casablanca. « Avant 2017, le cahier des charges des prestataires Arma et Averda incluait les déchets ménagers et les déchets inertes. Quand le contrat a été renouvelé cette année-là, ils ont retiré du cahier des charges les déchets inertes », éclaircit le représentant de la Ville, en précisant que « normalement, ce sont les préfectures qui sont chargées de cette mission ». « Mais nous, en tant que Ville, on doit trouver une solution à ce problème car cela devient grave ».

Bientôt des carrières dédiées et un système d’amendes

« Dans tous les quartiers de Casablanca, on trouve des déchets inertes à côté des poubelles ou des terrains vagues. Je n’arrête pas de recevoir des appels à ce sujet, j’appelle de mon côté les prestataires mais ils répondent que ce n’est pas dans leurs prérogatives », abonde-t-il.

« On va donc lancer un appel d’offre spécialement pour la gestion des déchets inertes et ouvrir des carrières pour les jeter, à Hay Hassani ou à Nouaceur, ainsi qu’à Sidi Bernoussi », poursuit Afilal Idrissi. « Les autorités par le biais du ministère de l’Intérieur sont en train de nous aider à trouver les financements car cela va coûter cher ».

Il existe également un vide législatif quant à la responsabilité des particuliers ou des entreprises qui abandonnent leurs déchets sur la voie publique ou des espaces privés, note l’élu. « Une personne fait des travaux chez elle et appelle un triporteur pour la débarrasser de ses déchets dans un terrain vague ou autre sans être inquiétée par la loi ».

A ce propos est prévue une session extraordinaire dans les prochains jours dans laquelle il sera question « de mettre en place une taxe pour sensibiliser les gens ». « On va également préparer la session de janvier durant laquelle on mettra en place un arrêté fiscal qui distribuera des amendes aux sociétés, usines et particuliers qui jettent n’importe où leurs gravats ». « On ne peut pas rester comme ça, sinon Casablanca deviendra une décharge de gravats à ciel ouvert », conclut Afilal Idrissi.

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