Variole du singe. Pr. Marhoum: «Au Maroc, il faut se préparer, mais ne pas dramatiser»

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Pr. Marhoum, chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd, à Casablanca.

En France, 183 cas confirmés d’infection par le virus de la variole du singe, dont 129 en Île-de-France ont été déclarés jeudi dernier. La Haute autorité de santé (HAS) recommande la vaccination de la variole contre la variole du singe pour les personnes contacts à risque. Le Maroc doit-il aussi se préparer à vacciner sa population contre la variole du singe? Réponse du Pr. Kamal El Filali Marhoum, chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd, à Casablanca. 

Face à la hausse des cas de variole du singe en France, la Haute autorité de santé (HAS) a recommandé lundi d’administrer une seule dose de vaccin aux personnes contacts à risque et vaccinées contre la variole avant 1980, sauf pour les personnes immunodéprimées.

Elle a également proposé que la vaccination des enfants exposés au virus et susceptibles de développer une forme sévère de la maladie puisse être envisagée au cas par cas. Le Maroc doit-il se préparer à vacciner sa population contre la variole du singe? Réponse du Pr. Kamal El Filali, épidémiologiste et chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd, à Casablanca.

H24Info: Se dirige-t-on au Maroc vers la vaccination contre la variole du singe?

Pr. Marhoum: A ma connaissance, non, car nous n’avons eu qu’un cas confirmé jusqu’à maintenant. Tous les autres cas suspects se sont avérés être des cas de varicelle. Je ne pense pas qu’avec un seul cas on décide de vacciner. Pour l’instant en tout cas, c’est illusoire, c’est perdre beaucoup d’énergie.

Dans les pays qui ont recensé plusieurs dizaines de cas, la réflexion est différente. Il va falloir faire attention, s’occuper des contacts, mais au Maroc, le seul cas que nous avons eu est importé, arrivé sur le territoire pratiquement avec son diagnostic. Ce n’est pas un autochtone. Avec un seul cas positif donc, il n’y a pas vraiment eu de cas contacts.

D’autres personnes arriveront peut-être et seront porteuses de ce virus, il faudra alors dans un premier temps les diagnostiquer et plus vite on les aura diagnostiquées, moins il y aura de risques de propagation de la maladie. Le cas qui a été détecté au Maroc a été diagnostiqué extrêmement vite grâce aux circonstances.

Les trois pays qui émergent actuellement en termes de cas sont le Royaume-Uni, l’Espagne et le Portugal, puis d’autres pays d’Europe tels comme la France.

Lire aussi : Variole du singe: «l’Afrique doit mieux se préparer», plaide l’OMS

H24Info: Dans quel(s) scénario(s) le Maroc devrait-il envisager la vaccination?

Pr. Marhoum: Cela s’envisagera dans tous les cas comme pour la France pour les personnes qui n’ont pas été vaccinées contre la variole. Le vaccin anti-variole était obligatoire et quand la maladie a disparu, il n’était plus question de vacciner les personnes dans les années 1980.

Toutes les personnes après cette époque ne l’ont jamais reçu. Celles qui l’ont reçu sont en partie protégées car le virus de la variole est proche de celui de la variole du singe. La HAS a ainsi décidé de booster la vaccination ancienne et, depuis mai, recommande la vaccination pour toutes les personnes en contact avec un cas de variole du singe.

H24Info: Comment analyser le visage actuel de l’épidémie de la variole du singe au Maroc?

Pr. Marhoum: Pour l’instant, on fait un peu trop de bruit pour pas grand chose. Il faut se préparer, mais ne pas dramatiser car ce n’est pas le même contexte. Le R0 (taux de reproduction du virus, ndlr) de la variole du singe est faible (1 ou un peu plus), rien à voir avec le Covid qui dès le départ enregistrait un R0 entre 2 et 3 et actuellement autour de 10 avec le nouveau variant. Il s’agit donc d’une diffusion faible pour ce virus.

C’est comme pour le Covid: premièrement, on essaye de faire en sorte que le virus ne rentre ou ne circule pas. Au Maroc, il est déjà rentré mais ne circule pas. Deuxième étape: le virus commence à circuler sous forme de cluster. Troisièmement, on assiste à la diffusion communautaire, on ne sait plus d’où les cas se contaminent mais je ne pense pas qu’on en arrivera là car ce n’est pas le même virus.

Lire aussi. Variole du singe au Maroc: un cas confirmé et un autre suspect

La létalité qui repose sur des nombres assez conséquents provient d’Afrique, particulièrement de République démocratique du Congo et du Nigeria où l’accès aux soins et à la réanimation est difficile. C’est dans ces pays qu’il a été enregistré des taux de mortalité qui sont entre 1 et 10.

Je ne pense pas qu’on puisse transposer leur situation directement à des pays européens ou au Maroc en particulier. Le premier cas enregistré au Royaume a guéri rapidement, il suffit de s’isoler et traiter les lésions cutanées avec de l’antiseptique.

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