Témoignages. Comment les végans marocains passent l’Aïd El Adha

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Végans, végétariens, Aid El Adha
Image d'illustration. Crédit: DR.

A quelques jours de l’Aid El Adha, le bêlement des moutons résonne déjà dans la plupart des villes marocaines. Mais si la majorité des Marocains se pressent pour les derniers préparatifs, certains ne sont pas si impatients que cela d’accueillir cette fête. Végans ou végétariens, ces femmes et hommes racontent comment ils vivent Aid El Adha, un événement durant lequel ils se sentent d’avantage pointés du doigt. Témoignages.

Aid El Adha est sans aucune doute l’une des fêtes religieuses préférées des Marocains, ce n’est d’ailleurs pas pour rien que chez nous, on l’appelle l’Aïd El Kébir (la grande fête, comparée à l’Aïd El Séghir (la petite fête) qui clôture le mois du ramadan). A quelques jours de cette fête, les préparatifs vont bon train. Les moutons ont envahi les villes, et des commerces se développent pour les besoins de l’occasion. Vente de charbon de bois, de foins ou encore de légumes et de salades. L’ambiance est là. Au grand bonheur des friands de viande. Mais pour les végans et végétariens, cette fête est une véritable épreuve.

« Mange, il te faut des protéines, c’est Haram de te priver de ce qu’Allah t’a autorisé à manger etc. Durant l’Aid El Adha, c’est un peu plus dur parce que le focus est sur la viande », raconte Yasmine, une jeune femme âgée de 23 ans et originaire de Taroudant.

Végan depuis 3 ans, Yasmine passe quand même le Aïd avec sa famille. « Des fois je donne la viande qu’on me réserve à mes chats pou passer quand même l’Aid avec les parents. Ce qui fait mal au cœur c’est surtout de s’habituer à la présence du mouton puis le savoir mort ».

Pour ce qui est de la nourriture, Yasmine avoue qu’elle ne manque de rien avec les salades, le caviar d’aubergines et autres mets accompagnant la viande.

« Pendant l’Aid, ce qui m’attriste le plus c’est de voir les moutons arpenter les rues sous un soleil de plomb et de savoir qu’ils n’ont aucun autre échappatoire », regrette pour sa part Kenza, une Casablancaise de 19 ans.

Pour éviter « l’ambiance sanguinolente », Kenza quitte parfois Casablanca pour partir à l’étranger.  « Tout de même, j’ai eu la chance d’avoir une famille ouverte d’esprit qui accepte mon mode de vie », se réjouit-elle.

Pour Simohammed Bouhakkaoui, YouTubeur fassi et fondateur du groupe L’Vegans, une page Facebook ayant pour but de réunir les végans nord-africains, « l’Aid est comme tous les autres jours, les moutons qui sont abattus ce jour-là l’étant tout au long de l’année ».

 

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« La seule différence c’est que pendant ce jour-là on voit ces animaux là être abattus dans les maisons, et des têtes de moutons dans la rue etc ».

Simohammed choisit de partir vers des coins reculés, où vers des auberges ou des riads plus destinés aux touristes étrangers. Pour ce qui est de la nourriture, le jeune végan stock le maximum possible, les épiceries et supermarchés étant fermés pendant la semaine du aid.

« J’essaye de profiter de chaque Aïd pour visiter ma famille la veille et leur expliquer pourquoi je ne veux pas manger de la viande en leur donnant des statistiques. Ils sont très vite convaincus, surtout par le côté médical de la chose, les animaux étant aujourd’hui bourrés d’antibiotiques », se félicite Simohammed.

 

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« L’année dernière, deux personnes ont arrêté de manger de la viande après que je les ai convaincu. J’espère que ce sera le cas cette année aussi », dit-il.

Les végans et les végétariens sont de plus en plus nombreux au Maroc. Mais arriveraient-ils à s’imposer dans un pays dont la culture veut que la viande soit au centre de la gastronomie?

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