Réouvrir les frontières, est-ce bien raisonnable ? L’avis de deux experts

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Crédits photo: AFP

La recommandation émise ce mercredi par les membres du Comité national scientifique va t-elle pousser le gouvernement à rouvrir (ou non) les frontières. Question: cette décision est-elle raisonnable au regard de la vague qui frappe actuellement l’Europe ?

La décision n’a certes pas encore été officiellement annoncée. Mais depuis la recommandation faite mercredi par le Comité national scientifique et technique du suivi du Covid-19, pour une réouverture des frontières dès le 13 décembre, la question se pose. Est-ce bien raisonnable de lever la suspension des vols, 15 jours seulement après son entrée en vigueur ? Pour le Professeur Said Moutawakil, membre du comité, la réponse est oui.

« La situation épidémiologique au niveau national est plus que satisfaisante. En Europe, c’est le variant Delta qui est responsable la montée du nombre de nouveaux cas. Le variant Omicron, même s’il a touché quelques personnes en dehors de la zone sud de l’Afrique, n’est pas si grave que ça », soutient-t-il.

Lire aussi: Covid-19: le Comité scientifique recommande la réouverture des frontières

Le 28 novembre dernier, le Comité interministériel de suivi du Covid-19 avait annoncé la suspension des vols passagers à destination du Maroc pour une durée de deux semaines. Il avait alors expliqué cette décision par la « propagation rapide du nouveau variant du virus de la Covid-19-Omicron (B.1.1.529), notamment en Europe et en Afrique ».

Il avait également évoqué la volonté du Maroc de « préserver les acquis réalisés dans la lutte contre la pandémie ».

Une vague moins virulente

Le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus a de son côté souligné mercredi que le variant Omicron semble avoir un taux de réinfection plus élevé, mais provoque des symptômes moins sévères que le variant Delta.

« Finalement, le variant Omicron ne va pas constituer un problème majeur de santé publique dans un avenir proche », explique le Professeur Said Moutawakil. Et de poursuivre : « En France, ce qui inquiète le plus c’est le variant Delta. Il y a deux choses qui expliquent cette situation : d’abord la résistance de la population qui a ramené les pouvoirs publics à lâcher du lest. Résultat : les gens ne respectent pas forcement les mesures barrières. Puis, il y a toute cette partie de la population non-vaccinée par choix qui reste assez importante. Résultat: on se retrouve face à une nouvelle vague qui peut toucher aussi les non-vaccinés ».

Mais « lorsqu’on voit les choses du côté des statistiques, les vaccinés ne vont généralement pas présenter les formes graves du Covid-19. En France, les cas sont plus nombreux certes, mais la tension sur le système de santé n’est pas aussi importante qu’auparavant. Il y a moins de cas grave et moins de mortalité », assure notre interlocuteur.

« Va t-on rester pour autant enfermés tout le temps ? Malgré tout ce que l’on peut dire sur les vaccins, si l’on vaccine le plus grand nombre possible de personnes, la férocité du virus devient plus basse, dans la mesure où il ne sera pas responsable d’un grand nombre de formes graves », plaide-t-il encore.

Le Professeur Jaâfar Heikel, épidémiologiste et spécialiste des maladies infectieuses, est du même avis. « Les données épidémiologiques de Omicron et la situation sanitaire au Maroc indiquent que certaines mesures restrictives majeures pourraient être levées. Le dépistage, les mesures barrières et la vaccination permettent de revenir à une vie normale en maintenant surveillance et vigilance », assure-t-il dans un tweet.

Selon lui, la « proportionnalité des politiques publiques doit être en adéquation avec la situation et le risque épidémiologiques ». Et de souligner: « Surveillons, dépistons, traitons et appliquons les mesures préventives. Les restrictions ne donnent pas toujours plus de bénéfice ou de protection ».

Au Maroc, 145 infections au nouveau coronavirus et 242 guérisons ont été enregistrées ces dernières 24 heures, portant à 950.946 le nombre total des cas positifs depuis mars 2020. Le nombre de primo-vaccinés a atteint 24.449.866. Le nombre de personnes ayant reçu la 2ème dose s’élève désormais à 22.746.994, alors que 1.896.565 personnes ont reçu la 3ème dose

Hier en France, 59.019 nouveaux cas de Covid-19 et 168 décès ont été recensés en 24 heures, selon les chiffres de Santé publique France. 678.000 doses de rappel ont été injectées, un record pour la campagne de la 3e dose. 52.115.139 personnes ont reçu une première injection au 6 décembre. Et au 5 décembre, 10.376.387 personnes avaient reçu une dose de rappel.

Dans le monde, selon un bilan établi par l’AFP, la pandémie a fait au moins 5.270.700 morts depuis fin 2019.

Les Etats-Unis sont le pays le plus endeuillé avec 791.514 morts, devant le Brésil (616.018), l’Inde (473.952), le Mexique (295.601) et la Russie (284.823).

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