Rabat: arrivée ce soir du ministre de la Défense israélien, une première au Maroc

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L'ex-chef d'état-major israélien Benny Gantz.

Le ministre israélien de la Défense Benny Gantz s’envole ce soir pour le Maroc, une première visant à renforcer la coopération sécuritaire entre les deux pays, un an après la normalisation de leur relation et en pleine tension entre Alger et Rabat sur le Sahara occidental.

Depuis la reprise, l’an dernier, des relations diplomatiques entre les deux pays, un conseiller à la sécurité et le chef de la diplomatie israélienne se sont rendus au Maroc pour des entretiens, mais il s’agit de la première fois que Benny Gantz, voire qu’un ministre de la Défense d’Israël, mène une visite officielle au royaume.

M. Gantz, qui s’envole ce mardi soir de Tel-Aviv et quittera le Maroc jeudi, doit signer sur place un accord qui vise à « établir la pierre d’assise des relations sécuritaires futures entre Israël et le Maroc », a indiqué à l’AFP une source au fait de cette visite, précisant qu’un accord cadre à ce sujet allait être signé.

« Jusqu’à présent, il y avait une certaine coopération, mais là nous allons vraiment la formaliser. C’est une déclaration publique de notre partenariat », a ajouté ce responsable.

Les deux pays avaient établi des relations diplomatiques au début des années 90 avant que le Maroc n’y mette fin au début de la Seconde intifada, le soulèvement palestinien du début des années 2000.

Le Sahara au menu des discussions

Israël et le Maroc ont rétabli des relations en décembre dernier dans le cadre des « Accords d’Abraham », processus de normalisation des relations entre l’Etat hébreu et des pays arabes soutenu par l’administration Trump.

Washington avait reconnu du même souffle la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, territoire disputé avec les indépendantistes sahraouis du Front Polisario soutenus par l’Algérie. Or la visite de Benny Gantz intervient alors que Alger a rompu, en août, ses relations avec Rabat en raison « d’actions hostiles » du royaume.

Pour Bruce Maddy-Weitzman, spécialiste des relations israélo-marocaines à l’université de Tel-Aviv, la première visite d’un ministre israélien de la Défense au Maroc en pleine tension entre les deux poids lourds du Maghreb ne semble pas tenir de la pure coïncidence.

Lire aussi: Diplomatie: le ministre israélien de la Défense attendu au Maroc

« Il est possible que dans un contexte de tension Algérie/Maroc, les Marocains (….) désirent montrer au monde – à leur propre population, à leurs rivaux algériens et à l’Occident – qu’ils approfondissent leurs relations avec Israël, avec tout ce que cela implique », souligne M. Maddy-Weitzman.

Pétrole, NSO

La société israélienne Ratio Petroleum avait annoncé récemment un partenariat avec Rabat pour l’exploration d’hydrocarbures au large de Dakhla. Et l’Etat hébreu est aussi l’un des principaux exportateurs au monde de drones armés et de logiciels de sécurité comme le Pegasus de la société NSO.

Or les ventes de drones armés et de certaines technologies de pointe, à l’instar du logiciel-espion Pegasus, doivent être approuvées par le ministère de la Défense dirigé par M. Gantz.

Selon des informations publiées cet été par un consortium de médias, un service de sécurité de l’Etat marocain est accusé d’avoir eu recours au logiciel espion Pegasus.

Le Maroc nie catégoriquement de son côté avoir acheté ce logiciel et a déposé des plaintes pour « diffamation » contre des médias.

Lire aussi: Affaire Pegasus: audience le 6 décembre sur la recevabilité des poursuites engagées par le Maroc

Interrogée par l’AFP, une porte-parole de Benny Gantz n’a pas dit si la question de NSO ou de la vente de technologies militaires allait être abordée au cours de cette visite.

Selon différentes ONG, Pegasus a d’ailleurs aussi été retrouvé cet automne dans des téléphones portables de militants palestiniens.

Pour Bruce Maddy-Weitzman, le Maroc n’a pas abandonné la cause palestinienne, « mais a beaucoup d’autres intérêts, beaucoup d’autres bénéfices à tirer d’un recalibrage » de ses relations. « La plupart des pays dans la région ne veulent plus être otages de cette cause, ils veulent prioriser leurs propres intérêts et Israël a beaucoup à leur offrir », dit-il.

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