Qui est derrière la ferme piscicole au centre d’une crise entre Rabat et Madrid ?

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La ferme piscicole non loin des iles Zaffarines est propriété d’un ex-ministre aux multiples polémiques. L’avertissement espagnol n’a d’ailleurs toujours pas eu de réponse du côté marocain. 

Les 16 cages flottantes d’une ferme piscicole à quelques mètres des îles Zaffarines continuent de faire des vagues. Selon le quotidien Al Akhbar, le propriétaire n’est autre que l’ex-ministre du Mouvement Populaire, Abdelâdim El Guerrouj.

Deux fois ministres sous le premier et le deuxième mandat d’Abdelilah Benkirane, El Guerrouj aurait, selon les documents officiels, fait appel au savoir-faire  d’une société portugaise pour ce projet. Ils exploiteraient quelque 62,28 hectares grâce à l’avis favorable rendu le 4 mars 2019 conjointement par le ministère de l’Agriculture et celui de l’Economie.

Lire aussi: L’Espagne menace de détruire une ferme piscicole marocaine au large des îles Zaffarines

La ferme aquacole est dédiée à l’élevage et la capture de la dorade royale, de la morue et du bar, précisent les documents. «Le montant de la redevance pour l’exploitation de la ferme est fixé à 31.000 DH, en plus d’un montant variable de 1/1000 DH selon les produits vendus», indique la même source.

Abdelâdim El Guerrouj n’est pas un inconnu dans le domaine. Il avait lancé il y a quelques années déjà, une ferme aquacole à Saidia, avant de la céder au Portugais Jerónimo Martins.

Malentendus

Sa carrière politique a été mouvementée. En 2014, alors qu’il était ministre délégué à la Formation professionnelle, Abdelâdim El Guerrouj était au cœur d’une polémique après les révélations autour d’une commande de 33.735 dirhams de chocolats aux frais de son ministère, passée le jour de la naissance de son fils. El Guerrouj avait alors dénoncé ce qu’il a qualifié de malentendus.

Quelques mois plus tard, le ministre était cité dans une autre affaire. Son père aurait fait l’acquisition «d’un lot de terrain public, plus de 8000 m² à Saïdia, pour la modique somme de 200 DH le m² alors que son prix sur le marché dépasserait les 5.000 DH le m²». El Guerrouj sera remercié en mars 2015.

Ce dernier projet de l’ex-ministre a toutefois laissé place à une plus grande polémique entre Rabat et Madrid. Alerté par l’Armada espagnole (composante de la marine des forces armées espagnoles) de l’installation de la ferme piscicole à quelques mètres des îles Zaffarines, le gouvernement de Pedro Sanchez a décidé d’agir avec fermeté.

D’abord, par la voie diplomatique. Le ministère espagnol des Affaires étrangères a adressé la semaine dernière «une note de protestation» au chef de l’ambassade du Maroc en Espagne.

Lire aussi: Espagne: le gouvernement veut classer l’affaire Brahim Ghali

Toujours en crise avec Rabat, Madrid, «n’a pas voulu ignorer cette action qui implique l’occupation illégale des eaux territoriales espagnoles, et qui représente un risque pour la sécurité de la navigation maritime et une menace pour l’environnement», confiaient des sources diplomatiques.

La société espagnole Morenot, filiale du groupe norvégien du même nom, qui a fourni et installé ces cages, est même menacée de sanctions par le ministère espagnol des Transports. La société disposerait de 20 jours pour retirer toutes les cages «après les avoir installées sans autorisation et en violation des réglementations environnementales et de sécurité maritimes».

La ferme en question est située selon les médias espagnols à quelques mètres de l’Île du Congrès, l’un des trois îlots de l’archipel des Îles Zaffarines. L’archipel, situé à 3,3 kilomètres de Ras El Ma (Cap-de-l’Eau), est revendiqué par le Maroc, qui ne reconnaît pas non plus la souveraineté espagnole sur les eaux territoriales adjacentes.

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