Protocole de traitement du covid-19: certains médecins prennent des libertés, au grand dam d’Ait Taleb

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Plaquette de Nivaquine (chloroquine) Crédit : GERARD JULIEN / AFP

La campagne de vaccination bien avancée, on ne parle plus beaucoup des traitements pratiqués lorsqu’on est malade du covid-19. Le protocole de soins national a-t-il changé depuis le début de la pandémie? Explications. 

Depuis le début de la campagne au Maroc en janvier dernier, la vaccination a occupé tout le champ médiatique.  Pendant ce temps, certains se demandent si les traitements contre le covid-19 ont changé depuis l’adoption d’un protocole officiel par le comité scientifique en début de pandémie, qui prévoit notamment l’usage de la molécule controversée chloroquine.

« Il n’y a eu aucun changement dans le protocole thérapeutique national pour le traitement du covid-19 », répond Pr. Saïd Moutaouakil, membre du comité scientifique contre le covid-19 et professeur de réanimation.

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Extrait du « Manuel de procédures
de veille et de riposte » version avril 2021. Crédits: ministère de la Santé

« Ce traitement varie en fonction de l’état clinique du patient, soit qu’il est hospitalisé, en ambulatoire, en soins intensifs ou en réanimation, soit qu’il reste à la maison. Ils vont recevoir le protocole national, à savoir de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine; et puis en fonction de leurs paramètres cliniques ou paracliniques, on peut ajouter une oxygénothérapie; des corticoïdes s’il y a de la toux et des chutes respiratoires assez importantes… Quand ils sont hospitalisés on donne une anticoagulation préventive avec de l’aspirine et si besoin des produits anti-inflammatoires par exemple des interleukines 6. Les antibiotiques ne sont pas prescrits systématiquement sauf en cas d’infection documentée surajoutée », éclaircit l’expert.

Pourtant, en pratique, certains professionnels de la santé rapportent que l’hydroxychloroquine n’est plus pratiquée dans le traitement contre le covid-19. A l’instar de cette pharmacienne du quartier Moulay Rachid qui nous explique que la majorité des ordonnances covid qu’elle reçoit se composent de quatre produits: l’azithromycine, le zinc et les vitamines C et D (avec des corticoïdes si besoin).

« Dans la pratique, la chloroquine n’est plus administrée »

Un phénomène confirmé par un médecin généraliste qui préfère s’exprimer sous le sceau de l’anonymat: « Le protocole n’a pas changé officiellement, mais dans la pratique, la chloroquine n’est plus administrée. En grande majorité, les Marocains ont choisi de ne pas en prendre. Les médecins du privé ne la prescrivent plus, les centres de traitement de santé public et les hôpitaux, ça dépend des patients. Ils gardent ce traitement pour les personnes à risques. » Selon le médecin, ceci s’explique par le fait que « les Marocains suivent le débat international et savent qu’il n’y a pas d’étude correcte qui prouve l’efficacité de la chloroquine ».

 

Lire aussi : Les médicaments à base de chloroquine de nouveau disponibles en pharmacie

 

Un avis que ne partage pas Pr. Moutaouakil, membre du comité scientifique anticovid. « Les études scientifiques ont montré l’efficacité de la chloroquine, surtout au tout début de la maladie, quand il y a des formes peu ou moyennement symptomatiques. Bien sûr son effet est moindre chez les malades hospitalisés, en soins intensifs lourds et en réanimation », explique-t-il.

Pour lui, si les médecins ne la prescrivent pas, c’est que « certains ne sont pas au courant du protocole malgré les circulaires » ou bien qu’ils « prennent des positions anti-hydroxychloroquine comme le débat qui a prévalu en Europe sur ce sujet ».

« La liberté de prescrire reste du pouvoir du médecin »

« Certains ont peur de prescrire la chloroquine, mais je crois que maintenant, au niveau de la population normale, on n’a plus besoin de prendre beaucoup de précaution par rapport à ce produit, moi je la recommande », ajoute le professeur qui rappelle par ailleurs « la liberté de prescrire pour chaque médecin ». « Les autorités publiques donnent des recommandations et la liberté de prescrire reste du pouvoir du médecin. L’hydroxychloroquine et l’azithromycine ont un effet antiviral, quand elles sont associées les résultats sont meilleurs. On cherche à potentialiser l’effet donc on prescrit les deux ensemble ».

Toutefois, ce lundi 2 août le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb a adressé une circulaire aux directeurs régionaux de la santé, rappelant à l’ensemble des médecins des deux secteurs public et privé, «l’obligation de se conformer strictement audit protocole thérapeutique, notamment la prescription de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine chez les patients dont la symptomatologie remonte à moins d’une semaine».

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Côté traitement en cours, l’ivermectine occupe en ce moment le devant de la scène. « Cet antiparasitaire a montré son efficacité dans la plupart des méta-analyses (baisse de la mortalité) en Inde et certains pays d’Amérique latine comme le Mexique. Il y a des démarches pour l’intégrer au Maroc et éventuellement au protocole national », poursuit Pr. Moutaouakil.

A ce propos, le spécialiste annonce que le comité scientifique prévoit de se réunir cette semaine pour discuter du traitement covid-19. « On va le revoir, le revalider, il y aura des changements mineurs, même en matière vaccinale », évoque le médecin. Les femmes enceintes et allaitantes doivent être intégrées incessamment sous peu à la campagne de vaccination.

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