Le procès des militants du Rif entre dans la dernière ligne droite

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Nasser Zefzafi. Crédit: DR.

Le procès-fleuve des militants du mouvement de contestation du Rif entre cette semaine dans la dernière ligne droite avec l’audition des trois principaux meneurs qui risquent de lourdes peines.
Un total de 54 hommes sont jugés en première instance depuis la mi-septembre devant la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca (ouest), en lien avec le mouvement de contestation dit du « Hirak » qui a secoué entre fin 2016 et mi-2017 le Rif. Les protestataires dénonçaient le sous-développement de leur région, géographiquement enclavée et historiquement frondeuse.
Les auditions ont été organisées en fonction de la gravité des charges pesant contre les accusés.
Poursuivi notamment pour les lourdes accusations d' »atteinte à la sécurité de l’Etat et participation à un complot contre l’intégrité territoriale du pays », Mohamed Jelloul, 47 ans, a été lundi le 52e prévenu appelé à la barre.
Les deux derniers, Nabil Ahemjiq et Nasser Zefzafi, considérés comme les principaux meneurs du mouvement, comparaitront dans les prochains jours, selon un des avocats de la défense.
Tous trois encourent des peines pouvant aller théoriquement jusqu’à la peine de mort.
Lundi, Mohamed Jelloul a contesté devant la cour toutes les accusations de séparatisme. « Je suis jugé pour mon patriotisme, le remettre en question serait une insulte », a-t-il dit.
« Nous ne sommes pas sortis dans les rues contre l’Etat mais pour revendiquer une patrie qui nous accueille tous: nous revendiquons nos droits dans cette patrie », a-t-il ajouté.
« Nous sommes des comploteurs, mais la mort de Mouhcine Fikri n’était pas un complot », a-t-il lancé en référence au décès tragique d’un vendeur de poisson de 31 ans, broyé par une benne à ordures en tentant de s’opposer à la saisie de sa marchandise -de l’espadon interdit à la pêche- en octobre 2016.
Sa mort est à l’origine du mouvement de protestation qui a secoué le nord du Maroc pendant plusieurs mois.
L’Etat affirme que la contestation sociale a fait 902 blessés chez les forces de l’ordre et provoqué environ deux millions d’euros de dégâts. L' »approche sécuritaire » adoptée par les autorités a été vivement critiquée par des associations de défense des droits de l’Homme, qui ont dénoncé la « répression » du mouvement.
Environ 450 personnes ont été arrêtées pendant les événements, selon plusieurs associations, et des dizaines de peine de prison ont été prononcées à Al-Hoceïma, épicentre du mouvement.
Nassef Zefzafi, un chômeur de 49 ans, s’était imposé comme le visage de la contestation avec ses harangues publiques et ses attaques contre « l’état corrompu », avant d’être interpellé en mai 2017 pour avoir interrompu un prêche dans une mosquée.

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