Procès du "Hirak": les témoins entendus dans une ambiance houleuse
Publié leLe procès des meneurs du mouvement de protestation dans le Rif a repris ce mardi à Casablanca dans une ambiance houleuse, avec les premières auditions de témoins.
Un total de 54 accusés sont jugés en première instance depuis la mi-septembre devant la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca (ouest), en lien avec le mouvement de protestation dit du « Hirak » (la mouvance) qui a secoué entre fin 2016 et mi-2017 la région du Rif.
L’interrogatoire des accusés, dont le meneur Nasser Zefzafi, a pris fin la semaine dernière, avec des chefs d’accusation allant du simple délit à l’atteinte à la sécurité intérieure – théoriquement passible de la peine de mort.
Mardi, la chambre criminelle a commencé à auditionner les 31 témoins à charge et à décharge.
Le premier, Fares Sefouane, un policier de 30 ans, est arrivé appuyé sur une béquille, après d’interminables débats sur des questions de procédures.
“Une pierre en pleine tête »
Ce policier de la sûreté nationale a raconté avoir « reçu une pierre en pleine tête » le 26 mai dernier à Al-Hoceïma, épicentre du mouvement, où il venait d’être affecté et alors qu’il intervenait près de la maison de Nasser Zefzafi.
Le meneur, un ancien chômeur devenu populaire grâce à son charisme et ses longues tirades en tarifit, était recherché pour avoir interrompu le prêche d’un imam hostile au mouvement de protestation sociale.
A l’arrivée des forces de l’ordre, M. Zefzafi se trouvait sur le toit de sa maison, entouré d’une foule de partisans. Dans son témoignage, le policier a affirmé que « plusieurs personnes ont jeté des pierres sur les forces de l’ordre depuis le toit ».
« Je me suis évanoui, et à mon réveil, j’étais à l’hôpital militaire, paralysé partiellement (…). Deux de mes collègues ont reconnu mon agresseur », a-t-il affirmé.
Il a désigné cet agresseur comme étant Samir Ighir, un des 54 accusés présents dans le box. Appelé son tour appelé à la barre, le mis en cause a nié en bloc.
Après de vifs échanges entre les avocats des deux parties, Nasser Zefzafi s’est époumoné depuis le box des accusés pour fustiger une « comédie ». Ses co-accusés ont donné de la voix. Dans un brouhaha généralisé, le président de la Cour a suspendu l’audience.
Les autres témoins doivent être entendus jeudi, avant de laisser place aux plaidoirie de la partie civile (l’Etat) et au réquisitoire du substitut du procureur général.
Environ 450 personnes, selon des associations, ont été arrêtées pendant les événements déclenchés par la mort d’un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordure en tentant de s’opposer à la saisie de sa marchandise, de l’espadon interdit à la pêche, en octobre 2016.