Le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a indirectement répondu au…
Benkirane à propos de Toufiq: “Je n’aime pas entrer en conflit avec des gens vertueux” (Vidéo)
Publié leAbdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti Justice et Développement (PJD), est revenu lors de la réunion du Secrétariat général du parti de la Lampe, samedi, sur l’échange engagé entre lui et le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq.
Benkirane a décrit Toufiq comme un «cher et respecté frère», précisant que le ministre des Habous et des Affaires islamiques faisait référence à la liberté individuelle et à l’autonomie personnelle lorsqu’il a affirmé «Nous sommes des laïcs au Maroc» dans un échange avec le ministre de l’Intérieur français.
«Bien évidemment, on n’est pas loin de la vérité, car l’État marocain ne se mêle pas des comportements individuels des gens, sauf si ceux-ci tombent sous le coup de la loi», a ajouté Benkirane.
Soulignant d’emblée qu’«il s’agit, en fait, d’un malentendu», Benkirane a expliqué qu’il n’a pas évoqué les déclarations de Toufiq au Parlement pendant une semaine (dans ses discours à Agadir et Ouled Berhil, NDLR), «étant donné la relation personnelle qu’il entretient avec le ministre des Habous, marquée par l’amitié, le respect mutuel et l’appréciation qu’il a, du moins de mon côté, pour lui». Il a insisté sur le fait qu’il apprécie et respecte énormément Toufiq.
«J’ai compris ce qu’il entendait exprimer, mais ces propos ont été déformés par certains qui ont essayé de surfer sur cette vague et d’en faire un sujet de débat», a-t-il dit, tirant à boulets rouges sur ceux qui ont exploité ce malentendu à des fins diverses.
«Mais il y a des gens qui n’ont ni la culture de M. le ministre, ni son savoir, ni sa sincérité… Il y a bien sûr des gens de bonne foi qui ont une certaine référence idéologique, mais il y a des mercenaires du journalisme ou de la culture qui ont essayé de profiter de ce faux débat pour véhiculer certaines idées», a-t-il poursuivi.
Et Benkirane de rappeler: «Je n’ai pas nommé le ministre, et j’aurais dû le faire en disant que Ssi Toufiq est l’un des plus grands défenseurs de l’idée selon laquelle le Maroc est un État musulman et qu’il y a des personnes qui ont tenté de présenter mes propos comme un conflit ou une confrontation avec Toufiq».
«C’est un soufi (un mystique, NDLR), un grand savant. Il est sans aucun doute l’un des grands érudits musulmans, car les savants ne viennent pas seulement de l’Université Al-Qarawiyyin ou d’Al-Azhar. Il est issu d’une famille très pieuse, je connais bien sa famille, son défunt père que Dieu ait son âme, etc… et je n’aime pas entrer en conflit avec des gens vertueux», a affirmé le leader islamique.
Plainte à Dieu
Faisant référence à ses querelles habituelles avec d’autres hommes politiques, l’ancien chef du gouvernement a déclaré: «Je suis en conflit avec les personnes falotes, et peut-être que cela se réglera pacifiquement, mais s’il y a quelqu’un parmi les gens de bien, c’est Toufiq. Il a formulé sa réponse sous forme de lamentation qu’il a adressée à Dieu, ce qui m’a effrayé, car je n’aime pas qu’on me porte plainte devant Dieu».
Benkirane a ajouté: «Nous n’avons pas les armes de Poutine, et notre arme nucléaire est notre religion, c’est pourquoi nous nous y accrochons fermement. Nous ne considérons pas que les partis politiques, la démocratie et les élections sont des sujets laïques, mais des questions modernes, comme ce qu’a fait Omar Ibn Al-Khattab lorsqu’il a établi le système des bureaux (diwans), inspiré des Perses et des Romains».
La laïcité selon Benkirane
Benkirane a expliqué qu’il aurait dû, selon ses dires, «faire un rééquilibrage de ses propos», s’attardant sur la notion de laïcité telle qu’il la conçoit.
«La laïcité, selon ma vision, est lorsque l’État légifère sur ce qui est en conflit avec la religion, et même ici, il y a des choses que nous ne considérons pas comme appropriées dans un État islamique, comme ce qui s’est passé au festival du film de Marrakech, où des films faisaient la promotion, d’une manière ou d’une autre, de l’homosexualité», a-t-il dit faisant référence à projection du deuxième film du réalisateur-écrivain marocain Abdellah Taïa, intitulé Cabo Negro, qui traite de l’homosexualité.
Benkirane a, par ailleurs, répondu en partie à l’argumentaire de Toufiq concernant les institutions organes et mécanismes qui fonctionnent au Maroc et qui sont tirés d’idéologies laïques, en soulignant que le Maroc est un État islamique. Il a déclaré que si nous avons un gouvernement, un parlement et un budget, il existe certains sujets controversés, comme l’alcool, que les rois du Maroc ont traités dans le passé, ainsi que d’autres questions controversées, comme la collecte de la zakat, que nous ne pratiquons pas au Maroc, et c’est de la responsabilité de l’État.
«Nous ne sommes pas comme Daech»
Le chef du parti conservateur, taxé d’islamiste, a réagi aux accusations d’«extrémisme» portées à l’encontre de son parti. «Nous ne sommes pas comme Daech pour revenir aux législations des âges sombres. Nous vivons notre vie de manière moderne, dans des limites et un cadre clairs, et la majorité du peuple marocain est d’accord avec nous. Notre référence est notre religion et notre compréhension de la religion, car nous ne sommes ni les Frères musulmans, ni les salafistes, ni Adl wa Ihsan, mais nous sommes le Parti de la justice et du développement».
Benkirane a conclu en disant: «Les islamistes du monde entier louent l’expérience marocaine, et tous les Marocains sont musulmans, même ceux qui boivent de l’alcool, car l’islam ne considère pas que ceux qui boivent de l’alcool ou ceux qui commettent des péchés sortent de la communauté musulmane».