Pandémie: le taux d’idées suicidaires chez les jeunes n’a pas augmenté (Sourire de Reda)

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La crise sanitaire liée au coronavirus a accentué les angoisses et les souffrances des personnes déjà fragilisées, mais le taux de jeunes exprimant des idées de suicide reste stable, selon les données de l’association Sourire de Reda. 

« Il n’y a pas d’augmentation du taux de suicide mais davantage une fragilisation plus importante des jeunes déjà en souffrance, en détresse et surtout qui sont très isolés », explique Myriam Bahri, directrice générale de Sourire de Reda contactée par nos soins.

Entre mars et juin, soit pendant la période de confinement au Maroc, l’association a enregistré une hausse de 92% des appels sur leur helpline « Stop Silence », soit une « ligne de soutien émotionnel pour venir en aide aux jeunes en souffrance de manière générale et plus spécifiquement aux jeunes qui présentent des idées suicidaires ou qui sont sur le point de commettre des tentatives de suicide », explique la directrice générale.

« En parallèle, comme notre helpline ne fonctionne pas H24, on répond aux demandes d’aide des jeunes par mail et sur les réseaux sociaux. Via ces canaux-là, on a eu une augmentation de 155%, soit 2,5 fois plus de sollicitations par rapport à la même période l’an dernier », ajoute-t-elle.

Myriam Bahri précise que « les jeunes n’appellent pas forcément par rapport à des idées de suicide; ils expriment différentes souffrances ». Ainsi, sur l’ensemble des jeunes qui ont sollicité la helpline, 65% ont évoqué des idées suicidaires et 35% ont essayé de se suicider ou étaient sur le point de commettre une tentative de suicide. « Ces taux-là n’ont pas changé entre la période de confinement et nos statistiques antérieures », indique notre interlocutrice.

Multiplication de la souffrance existante

« Les études faites un peu partout dans le monde pendant cette période de confinement vont dans ce sens-là. Le confinement, plus globalement cette période de crise sanitaire, ne va pas forcément faire naître des idées suicidaires chez des personnes qui ne sont pas déjà fragiles. Par contre, ça va amplifier les idées noires et suicidaires, peut-être renforcer aussi la disposition à commettre des tentatives de suicide, chez des jeunes qui sont déjà un peu fragilisés », étaye l’actrice sociale.

« En plus de cette fragilité qu’ils ont par les différentes situations de souffrance qu’ils peuvent avoir (familiales, économiques, émotionnelles, scolaires, souvent un mélange), vont s’ajouter d’autres facteurs liés à cette crise comme le manque de visibilité sur leurs examens, leur avenir scolaire, la possibilité ou pas d’aller faire des études à l’étranger, l’isolement, le manque d’intimité, la recrudescence des cas de cyber-harcèlement, les situations de décès dans la famille sans pouvoir se réunir et faire le processus de deuil, l’interruption du suivi psychologique… », détaille-t-elle.

Et de poursuivre: « Le comité de psychologues à Sourire de Reda a confirmé que lorsqu’ils ont pu reprendre les visites chez les jeunes, ces derniers étaient dans un état très détérioré par rapport à avant le confinement car aucun suivi pendant deux ou trois mois ».

Par ailleurs, l’association Sourire de Reda vient de publier son rapport d’activités de l’année 2019. Les ateliers de sensibilisation pour cette année portaient sur le thème du harcèlement et du cyber-harcèlement et ont touché 230 adultes et 320 jeunes dans trois établissements scolaires, lit-on dans la publication.

Sur un échantillon de 120 jeunes, 29% ont déjà été victimes de (cyber)-harcèlement, 36% ont été complices de (cyber)-harcèlement, 12% ont été auteurs de (cyber)-harcèlement. En somme, 77% des jeunes ont été impliqués de près ou de loin dans des situations de violences physiques, morales ou verbales dans leur
environnement de vie ou sur le web.

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