Omicron au Maroc: symptômes, virulence, vaccins…le point avec Dr. Hamdi

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Dr Tayeb Hamdi. Crédit: DR.

Le Maroc comptabilise en ce 22 décembre, 28 cas infectés par le nouveau variant Omicron. L’occasion de faire le point, un mois après sa découverte en Afrique du Sud, sur sa transmissibilité, sa virulence, sa résistance aux vaccins, avec Dr Tayeb Hamdi, médecin généraliste et chercheur en politiques et systèmes de santé. 

Lors de l’apparition d’un nouveau variant, les chercheurs cherchent à connaître les quatre données suivantes: sa transmissibilité, sa virulence, sa capacité à être diagnostiquée par les méthodes classiques et sa résistance aux vaccins actuels. «Pour l’instant, on n’a pas de réponse définitive mais les indicateurs sont inquiétants», avait commenté Dr. Tayeb Hamdi pour H24Info le 29 novembre dernier. Quelques semaines après, on refait le point avec le spécialiste, alors que le Maroc enregistre depuis hier 28 cas confirmés au variant Omicron et 46 cas suspects.

1) Un variant trois à quatre fois plus transmissible que Delta

« C’est un variant très très transmissible. A travers les observations dans les premiers pays touchés comme l’Afrique du Sud, la Grande-Bretagne et le Danemark, on remarque que la transmissibilité d’Omicron s’évalue à trois à quatre fois plus élevée que Delta qui reste le variant majoritaire pour le moment. C’est énorme », explique Dr. Hamdi qui cite l’exemple des Etats-Unis où la proportion d’infections à Omicron est passée de 2 à 73% en une semaine, soit un doublement des cas qui a lieu chaque deux jours voire un jour et demi. « Quand on regarde les courbes d’évolution d’Omicron, elles sont carrément verticales ».

2) Moins virulent, Omicron implique un risque de réinfection 3 à 5 fois supérieur

Les premières constatations s’accordent sur le fait que le variant Omicron est moins virulent que le Delta et par extension, qu’il implique moins de formes graves et d’hospitalisations. « Ce ne sont pas des études, les données restent incertaines », précise Hamdi pour qui cette nouvelle n’est pas forcément bonne. « Qui dit symptômes légers, dit négligence de leur importance et absence de diagnostic », soulève-t-il. Aussi, une étude sud-africaine a établi que le risque d’hospitalisation dû à Omicron était 29% plus bas que celui avec la souche originelle lors de la première vague.

« Ce qui est certain, c’est qu’Omicron ne sera pas plus virulent que Delta mais tous les experts s’accordent à dire qu’il faut rester très vigilant avant de tirer des conclusions. D’autant que ce variant touche de plus en plus de personnes qui ont déjà eu le covid », poursuit le médecin. Selon différentes études, le risque de réinfection avec le variant Omicron est entre trois et cinq fois supérieur que pour le variant Delta, 5,4 fois selon celle de l’Imperial College London.

3) La forte transmissibilité l’emporte sur la faible virulence

La faible virulence du variant Omicron ne doit pas faire oublier sa forte transmissibilité, qui, selon Dr. Hamdi, l’emporte dans cette équation. « On aura beaucoup plus de cas Omicron que Delta, et parmi eux, des graves et des décès, donc une pression sur le système de santé », prévoit-t-il. « Il faut d’abord confirmer que cette virulence est moindre, et quand bien même, cela causera beaucoup de dégâts ».

Sans compter que généralement, un variant plus transmissible se répand toujours d’abord chez les victimes les plus faciles, c’est-à-dire les personnes qui ne respectent pas les gestes barrières, qui ont le plus de contacts, se rassemblent le plus, soit les jeunes et les adolescents, ajoute Hamdi.

Et de souligner: « Les premiers cas d’Omicron ont été observés dans des pays sur des personnes majoritairement vaccinées et qui ont déjà eu la maladie (comme en Afrique du Sud) donc ils bénéficient peut-être de formes moins graves grâce à cette immunité déjà acquise. Pour juger de la virulence de ce variant, il faudrait regarder du côté des personnes non vaccinées et qui n’ont pas encore eu la maladie ».

4) Sueurs nocturnes, fatigue intense et gorge qui gratte

Avec Omicron, on observe généralement les symptômes suivants: sueurs nocturnes, fatigue intense et gorge qui gratte. Des symptômes jugés jusqu’à présent moins sévères et moins intenses par les observateurs. Dr. Hamdi fait remarquer qu’il est difficile d’élaborer la symptomatologie d’un variant par rapport aux autres: « Les premières semaines, on a besoin d’observer beaucoup de cas dans tous les groupes d’âges et toutes les populations pour établir des différences de symptômes ».

« Ceci dit, cela n’a aucune importance ni pour le médecin ni pour le citoyen, car quelqu’un qui a mal à la tête, on ne pourra jamais en l’auscultant affirmer qu’il a Omicron, une grippe, une méningite ou autres. La classification de ces symptômes et leur différenciation servent aux études épidémiologiques, mais pas au praticien ni au citoyen », abonde l’expert, indiquant que les outils de diagnostic sont toujours valides avec Omicron.

5) Omicron nécessite trois doses de vaccin

Les études en laboratoires ont montré qu’avec deux doses, le pouvoir de neutralisation des anticorps est abaissé 41 fois. Pour les mêmes personnes qui ont reçu deux doses et ont une infection à leur actif, soit l’équivalent d’une troisième dose, le pouvoir de neutralisation de ces anticorps est abaissé cette fois de 35 fois, « donc ça équilibre », commente Dr. Tayeb Hamdi.

De manière générale, les scientifiques estiment que deux doses de vaccin ne suffisent pas pour lutter efficacement contre les effets du nouveau variant, qu’il s’agisse de formes bénignes ou graves. La même étude citée plus haut menée par Imperial London College sur les vaccins AstraZeneca et Pfizer évalue même cette efficacité comprise entre 0% et 20%, et entre 55% et 80% après une dose de rappel.

Lire aussi : Omicron: 3 questions à Moulay Said Afif, membre du Comité scientifique de la vaccination

D’autres données préliminaires issues de Discovery Health, premier organisme d’assurance médicale privé sud-africain, et Public Health England, estiment l’efficacité du vaccin Pfizer après deux doses entre 20 et 40%. Une efficacité qui augmente à 70% après la troisième dose, affirme dans un entretien au journal Le Monde, Ugur Sahin, PDG de BioNTech qui développe ce vaccin à ARN messager.

Dr. Hamdi assure que deux doses restent efficaces contre Omicron pour les formes graves et hospitalisations dans 70% des cas. « Avec trois doses, on passe à 75% d’efficacité contre l’infection et à plus de 90% contre les formes graves donc on rétablit l’efficacité ».

Pour rappel, le Maroc dispose actuellement des vaccins Sinopharm et Pfizer. Si la majorité des études ont été effectuées sur le vaccin Pfizer pour analyser l’efficacité contre le variant Omicron, « les conclusions sont transposables pour les autres vaccins ».

« En général, quand un variant acquiert une certaine résistance, c’est envers tous les vaccins. Chaque laboratoire va chercher ses propres effets cliniques, il y aura des petites différences mais le même profil d’évolution. Avec ces données, on a déjà une idée de la résistance et de la sensibilité d’Omicron vis-à-vis des vaccins actuels », conclut Dr Tayeb Hamdi.

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