Marc Owen Jones analyse les dessous du hashtag #Dégage_Akhannouch

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Marc Owen Jones
Marc Owen Jones, professeur à l’Université Hamad Bin Khalifa au Qatar et auteur de l’ouvrage «Digital Authoritarianism in the Middle East». DR.

Le Britannique Marc Owen Jones vient de publier, sur son compte Twitter, une étude qu’il vient tout juste de réaliser au sujet de la campagne digitale dirigée contre le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. Détails.

C’est une affaire qui fait toujours beaucoup de bruit. Après l’énorme ampleur qu’a prise le hashtag #Dégage_Akhannouch sur les réseaux sociaux, atteignant des milliers de retweets, la campagne fait désormais son entrée sur Facebook. Nombre d’utilisateurs demandent le départ du chef du gouvernement à qui on reproche la hausse des prix des denrées de première nécessité et l’augmentation vertigineuse de ceux des carburants.

Sous trois hashtags #Degage_Akhannouch ,  #7dh_Gazoil et  #8dh_Essence, des dizaines de milliers d’utilisateurs de Twitter ont appelé à une baisse immédiate des prix du gasoil, accusant Aziz Akhannouch de profiter de la crise. Et ce genre de campagnes digitales menées au Maghreb, Marc Owen Jones, en connaît beaucoup.

 

Ce professeur à l’Université Hamad Bin Khalifa au Qatar et auteur de l’ouvrage «Digital Authoritarianism in the Middle East» s’est depuis longtemps intéressé aux campagnes digitales menées au Moyen-Orient. Cette fois, c’est autour du Maroc. Sur Twitter, il a partagé son analyse du hashtag #Dégage_Akhannouch qui prend de plus en plus d’ampleur au Maroc en raison de la hausse des prix du carburant, un des secteurs dans lesquels opère le chef du gouvernement.

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En ce sens, l’expert en réseaux sociaux relate qu’il a analysé quelque 19.000 tweets entre le 14 et le 16 juillet 2022. Pour lui, un grand nombre de faux comptes se cachent derrière les hashtags. «Après avoir examiné 10.000 comptes individuellement, j’ai constaté qu’entre 2008 et le 16 juillet 2022, 522 comptes ont été créés en une seule journée-le 15 juillet- sur un total de 796 créés depuis le début du mois», révèle notre source sur son réseau social. Selon lui, la moyenne de création des comptes Twitter est de 59 par mois. Une constatation qu’il qualifie de «peu anodine», bien que cela «ne corresponde à aucune règle», souligne le spécialiste. 

Toujours d’après Marc Owen Jones, même s’il est d’usage qu’un plus grand nombre de personnes rejoignent Twitter en temps de crise, un examen plus approfondi de ces 522 comptes indique des similitudes comportementales.

«Ces similitudes montrent une coordination ou une campagne d’influence. La raison? 98% de ces comptes se contentent d’envoyer des tweets», détaille l’écrivain.

 

En d’autres termes, plutôt que d’utiliser toutes les fonctionnalités de Twitter (RT, répondre, mentionner dans RT, etc…), ces comptes actifs publient uniquement des tweets. «Si certaines pensent que c’est un fait normal et compréhensible étant donné qu’il s’agit de comptes nouvellement créés sur Twitter, ce n’est pas vraiment comme ça que ça marche puisque les comptes en question publient aussi», mentionne le chercheur.

Pour l’expert en réseaux sociaux, la raison est simple: la présence «d’une anomalie». Les trois hashtags indiqués à chaque fois, montrent une grande connaissance quant à l’usage de Twitter ainsi qu’une coordination entre les comptes actifs. Lesdits comptes ont également été actifs tout au long de la campagne. «Gardons en tête qu’il y en a certainement plus et que l’opinion publique peut être biaisée», conclut l’expert.

 

Par ailleurs, les réseaux sociaux ne sont pas le seul domaine de travail de notre source. Marc Owen Jones est un professeur à l’Université Hamad Bin Khalifa au Qatar où il donne des conférences et effectue des recherches sur la répression politique et les stratégies de contrôle informationnel.

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Marc Owen Jones est également spécialisé dans la fourniture d’analyses opportunes sur les campagnes de désinformation et a joué un rôle actif dans de nombreuses enquêtes de haut niveau.

En plus de ses publications académiques, Jones a écrit pour de nombreux médias internationaux, dont le Washington Post, CNN, The Independent et le New Statesman. Son travail figure fréquemment dans des publications telles que le New York Times, le Wall Street Journal et le Guardian. Il fait également des apparitions régulières sur la BBC, Al Jazeera, LBC, CBC News et bien d’autres.

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