L’Espagne n’a pas compris la leçon des attentats de 2004, estime Abdelhak Khiam

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Le patron du BCIJ est revenu sur l’avancée de l’enquête marocaine sur les attentats de catalogne, ainsi que sur comment l’Espagne pourrait combattre plus efficacement le radicalisme islamiste sur son territoire.

Dans le cadre des enquêtes menées à l’international sur les attaques qui ont fait 16 morts à Barcelone et Cambrils, le 17 août dernier, les autorités marocaines ont arrêté trois hommes soupçonnés d’avoir des liens avec la cellule terroriste responsable de ces attentats, a révélé samedi à l’agence de presse espagnole Efe Abdelhak Khiam, patron du Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ). Néanmoins, après des «interrogatoires très stricts», deux d’entre eux, arrêtés à Oujda et Casablanca, ont été relâchés depuis.

Le troisième suspect reste en détention. Il s’agit d’un homme de 28 ans arrêté à Nador. S’il n’est pas directement lié aux attentats de Catalogne, il a publiquement soutenu, dans un forum en ligne, l’attaque de Barcelone. Arrêté à Nador, ce natif de Chefchaouen a vécu 10 années à Barcelone, où il s’est radicalisé après une vie plutôt éloignée de l’islam. Il est ensuite retourné au Maroc, car «il ne voulait pas continuer de vivre dans un pays impie» et a prêté serment d’allégeance à Daech.

Au moment de l’interview, Khiam a ajouté que le suspect était interrogé au siège du BCIJ à Salé, où la police essayait de déceler les identités de ses contacts sur les réseaux sociaux, la majorité d’entre eux utilisant des pseudonymes. Lors de son interrogatoire, le prévenu a avoué qu’il planifiait un attentat à l’ambassade d’Espagne à Rabat, ainsi que dans des commissariats de police et des lieux touristiques, a précisé le chef du BCIJ. Il était même déjà entré en contact avec des «experts opérationnels» de Daech afin de mettre ses plans en pratique.

Khiam s’est par ailleurs étonné que la police espagnole n’ait pas anticipé les attentats de Catalogne. «La mosquée de Ripoll n’attirait-elle pas l’attention? Les imams ne sont-ils pas contrôlés? Et moi qui croyais qu’après les attentats de Madrid en 2004, les amis espagnols avaient compris beaucoup de choses», s’est-il interrogé. Pour lui, les jihadistes catalans, qui ont grandi en Espagne, ne sont pas «immunisés» contre le radicalisme. Mais, ce n’est pas le cas au Maroc, s’est-il félicité. Et d’expliquer: «Ici, les jeunes sont immunisés de plusieurs manières, mais principalement par le contrôle du domaine religieux, qui a porté beaucoup de fruits, notamment la disparition des mosquées anarchiques et le contrôle des contenus des sermons».

Quant aux nombreux jeunes Marocains vivant en Europe qui embrassent le jihadisme, le patron de la lutte antiterroriste au Maroc souligne qu’ils se radicalisent «à cause de la marginalisation, et à cause du domaine religieux qui est hors de contrôle; deux choses très graves». En ce qui concerne les 1600 Marocains qui ont quitté le Maroc pour rejoindre les rangs jihadistes en Syrie et en Irak, il s’agit, selon Khiam, de jeunes qui ne vont même pas à la mosquée et qui se sont endoctrinés sur internet.

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