L’Espagne multiplie les coups portés aux trafiquants de haschich, notamment Marocains

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Les forces de l’ordre espagnoles ont lancé mercredi une nouvelle opération anti-drogue dans le sud du pays, porte d’entrée du haschich en Europe où les coups de filet contre les trafiquants se sont multipliés récemment.

« L’opération s’est déroulée dans plusieurs provinces d’Andalousie », a annoncé à l’AFP un porte-parole de la Garde civile. Plus de 300 agents y ont participé et une vingtaine de personnes ont été arrêtées.

Plusieurs embarcations utilisées pour amener la drogue depuis le Maroc ont été saisies, en particulier dans une région bordant le fleuve Guadalquivir, a précisé cette source.

La veille, la police nationale avait mené sa propre opération dans l’extrême sud du pays, miné par les trafiquants de haschich qui importent par voie maritime la marchandise du Maroc tout proche.

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Les policiers, qui ont arrêté 15 personnes, visaient la logistique des trafiquants, un de leurs angles d’attaque.

L’organisation démantelée approvisionnait en carburant, nourriture et vêtements les équipages des « narcolanchas », des bateaux à moteur très rapides qui attendent dans les eaux internationales le meilleur moment pour faire leurs livraisons, a expliqué la police dans un communiqué.

Elle était basée à La Linea de la Concepcion, ville minée par le chômage et située au bord du détroit de Gibraltar à quelques kilomètres en face des côtes marocaines, épicentre du trafic de résine de cannabis.

La province de Cadix, la plus méridionale du pays, représentait en 2017, selon les dernières données disponibles, plus de la moitié des saisies de haschich d’Espagne: 182 tonnes sur 335, soit 54%.

Longues enquêtes 

Cette multiplication des opérations « n’est pas un hasard », explique à l’AFP le criminologue Ricardo Magaz, enseignant à l’Université espagnole d’enseignement à distance (Uned).

Les forces de l’ordre, poursuit-il, « récoltent les fruits de leurs enquêtes », débutées il y a parfois plusieurs années, quand la situation a commencé à devenir explosive.

Les gangs ont à l’époque commencé à défier de plus en plus ouvertement et violemment la police, comme en février 2018 quand ils avaient attaqué un hôpital de La Linea pour « libérer » un des leurs, blessé dans une course-poursuite avec les forces de l’ordre.

Et à nouer des liens avec des mafias étrangères. Autant de signaux d’alarme qui ont poussé l’Etat espagnol à réagir en envoyant des renforts sur place.

Mi-mai, le ministère de l’Intérieur a ainsi annoncé avoir conclu une enquête démarrée en 2016 en démantelant une autre bande de trafiquants, dont faisaient partie des membres de la ‘Ndrangheta italienne (mafia calabraise), qui expédiait de la drogue vers d’autres pays européens.

« Le roi est mort, vive le roi » 

Des membres de « Los Castañas », puissant gang dont les dirigeants, les frères Antonio et Francisco Tejon, ont été arrêtés en juin et octobre dernier, se trouvaient également au sein de cette bande.

Ces coups de filet ont affaibli les gangs qui, en outre, se trahissent et se font justice eux-mêmes de plus en plus régulièrement, observe Ricardo Magaz.

Ils ont été souvent facilités par l’imprudence des trafiquants, pour l’essentiel locaux, qui ont fait étalage de leur richesse, conduisant des voitures de luxe ou apparaissant dans des clips de reggaeton sur le modèle des barons de la drogue latino-américains.

Pas de quoi crier victoire cependant: « dans les clans de narcotrafiquants en général, c’est +le roi est mort, vive le roi+. (…) Immédiatement, il y a un remplaçant, ou un autre clan voisin ou rival qui prend en charge l’activité », prévient le criminologue.

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Désormais, les trafiquants sont disséminés dans toute l’Andalousie plutôt que dans la seule province de Cadix, pointe également une source au sein de la Garde civile.

« La pression qu’exerce la Garde civile dans le Campo de Gibraltar (zone dont fait partie la Linea) fait que les organisations criminelles essaient de sortir du Campo de Gibraltar et essaient de s’associer avec d’autres organisations d’autres lieux », explique-t-elle.

Preuve en est, l’opération en cours mercredi concerne au moins cinq provinces, de Huelva, frontalière avec le Portugal, à Grenade, 300 kilomètres à l’est.

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