Les défenseurs des droits humains dénoncent la « répression » des réseaux sociaux

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Crédit: AFP.

Un groupe de défenseurs des droits humains marocain a dénoncé jeudi « une campagne de répression » visant des utilisateurs des réseaux sociaux, en listant une douzaine de condamnations ces deux derniers mois contre des publications sur Youtube, Facebook ou Twitter.

Des dizaines de manifestants ont tenu un sit-in de solidarité avec les détenus devant le Parlement à Rabat à l’appel de ce groupe. Brandissant des pancartes avec des photos, ils ont réclamé « la liberté immédiate » pour tous les détenus, dénonçant « un état policier ».

Les condamnations concernent des vidéos ou des messages dénonçant la situation sociale, la pauvreté et la corruption au Maroc, avec des critiques virulentes ou des insultes visant le roi ou les autorités.

Le groupe de soutien a présenté jeudi une liste des condamnations avec des peines de prison ferme allant de six mois à quatre ans notamment pour « offense au roi », « offense aux institutions constitutionnelles », outrage à fonctionnaire public ou au drapeau national ou encore « incitation à la haine ».

La campagne en cours « vise à terroriser les usagers des réseaux sociaux », a estimé le « Comité de soutien au journaliste Omar Radi et à tous les prisonniers d’opinion », dans une déclaration lue au cours d’une conférence de presse à Rabat.

Pour les médias proches du pouvoir, il s’agit cependant d’une réaction légale « justifiée » vis-à-vis de tous ceux qui s’épanchent sur les réseaux sociaux avec « des injures » ou « des propos diffamatoires » inacceptables.

« La loi sera appliquée pour toute publication sur internet portant atteinte à la dignité des personnes et à la réputation des institutions publiques », avertit ainsi une « source officielle » non identifiée citée par le site Kifach.

 

Lire aussi: Un sit-in devant le parlement de Rabat pour la libération des détenus d’opinion

 

Selon le comité, l’objectif est en réalité de museler la liberté d’expression sur internet, alors que les nouveaux médias ont ouvert un espace aux voix indépendantes dans un pays où les médias sont étroitement contrôlés.

Le comité voit là « une vengeance et un règlement de compte avec ceux qui sont en désaccord avec l’Etat, critiquent ses politiques ou expriment leur colère ».

Le cas de l’activiste Abdelali Bahmad, dont le procès pour outrage au drapeau national reprend jeudi à Khenifra (centre), « en est l’exemple », selon la célèbre militante Khadija Ryadi, membre du comité.

Cet activiste de 35 ans est poursuivi pour avoir écrit fin octobre sur Facebook qu’il « n’avait pas les moyens d’acheter des allumettes pour brûler le drapeau marocain alors qu’il a faim », selon le comité.

Ce comité a été créé fin décembre au moment de l’arrestation d’Omar Radi, un journaliste et militant des droits humains de 33 ans, poursuivi pour « outrage à magistrat » pour un message sur Twitter. Son procès s’ouvre en mars.

Une campagne #freekoulchi (« libérez-les tous ») a récemment été lancée sur Twitter pour dénoncer la série de condamnations, dont celle d’un lycéen de 18 ans condamné à trois ans de prison ferme pour avoir publié sur Facebook une phrase d’un titre de rap « Vive le Peuple » jugé offensant par les autorités.

 

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