Layla Sentissi (FMIIP): «La légalisation du cannabis ouvre la voie à de nouvelles opportunités»

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Layla Sentissi, directrice exécutive de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (FMIIP, ex-AMIP)./DR

Le gouvernement a donné son feu vert pour l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques et industrielles. Layla Sentissi, directrice exécutive de la Fédération Marocaine de l’Industrie et de l’Innovation Pharmaceutiques (FMIIP, ex-AMIP), se réjouit de cette annonce et plaide pour une plus grande réactivité du ministère de la Santé, encore silencieux face au projet de légalisation. Entretien.

H24 Info : Le Maroc a légalisé l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques et industrielles. Qu’en pensent les industriels pharmaceutiques marocains ?

Notre association se veut apolitique et nous ne voulions pas nous prononcer sur le sujet, mais en effet nous sommes très heureux de l’adoption de ce projet de loi par le gouvernement, qui ouvre la voie à de nouvelles opportunités.

Le ministère de la Santé ne s’est pas non plus prononcé et nous aimerions que ça soit le cas, car toutes les autorisations passeront par ce ministère. Pour le moment nous ne connaissons pas encore sa position, mais nous serons à l’écoute et nous espérons avoir rapidement des réunions de travail et de concertation pour avancer sur ce projet.

Aussi nous misons sur sa réactivité pour accompagner les professionnels du secteur qui veulent investir dans cette industrie du cannabis.

Est-ce que des industriels marocains ont déjà manifesté leur intérêt ?

Aujourd’hui nous attendons avec impatience les textes d’application et nous espérons que cela ne va pas trainer et nous pouvons d’ores et déjà affirmer que certains de nos laboratoires s’intéressent de très près à cette industrie.

Ces derniers vont entamer leurs recherches pour avoir des contacts avec les industriels déjà travaillant sur cette plante, en se penchant sur tout le côté juridique et les brevets déjà déposés. Nous essayerons aussi de sceller des partenariats avec des chercheurs et des universités marocaines, pour faire avancer la recherche à ce sujet au royaume.

 

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L’industrie pharmaceutique marocaine dispose de tous les atouts en termes de technologie, de compétences et de ressources humaines pour pouvoir travailler sur cette niche, car il ne faudrait pas se leurrer et croire que ça sera la panacée.

Quels seraient les créneaux sur lesquels le Maroc pourrait se positionner ?

Le premier créneau sur lequel nous devrions nous positionner est l’extraction de la matière première. Nous avons deux principes actifs au niveau du cannabis qui vont être utilisés, à savoir le Cannabidiol (CBD) et le Tétrahydrocannabinol (THC).

Le cannabis marocain n’est pas forcément celui utilisé dans l’industrie pharmaceutique. Il faudra donc certainement implanter de nouvelles souches, qui auront plus de vertus thérapeutiques.

Le Maroc a-t-il les moyens de ses ambitions ? Pourra-t-il rattraper son retard dans ce domaine ?

L’industrie pharmaceutique marocaine dispose de toutes les compétences pour y arriver.

Nous avons un centre des plantes médicinales à Taounate qui dispose de matériels de très haute technologie et qui pourrait donc faire l’extraction de ces deux principes actifs. Cela veut dire toutefois qu’il faudra de nouveaux investissements, qu’ils soient marocains ou étrangers, pour implanter des structures pouvant faire ce travail.

 

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La plante peut-elle aussi être exportée directement, mais il est évident qu’il est toujours plus intéressant d’exporter la matière prête à l’emploi que d’exporter la plante brute.

Il est donc très intéressant de créer un écosystème de bout en bout, de la transformation, à l’industrialisation et fabrication de produits à base de chanvre.

De grands laboratoires étrangers ont déjà recours à cette plante depuis des décennies et pourraient très bien s’installer au Maroc. Cela vous semble-t-il être une bonne chose ?

Oui et aujourd’hui, c’est un appel que nous lançons aux investisseurs étrangers et aux investisseurs marocains pour justement s’orienter vers la transformation et la fabrication de produits à base de cannabis.

Nous souhaitons également que des investisseurs étrangers s’installent au Maroc, afin d’éviter de trop exporter de la matière brute. Le Canada et Israël sont très en avance sur le sujet, et avec la récente normalisation des relations avec l’État hébreu nous voyons une excellente opportunité de collaborer. Je pense aussi que nos homologues israéliens sont prêts à partager leur expérience et leur expertise avec le Maroc.

 

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