L’AMDH dénonce une « migration payante et meurtrière » au Maroc

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Les politiques migratoires de l’Europe et du Maroc ont favorisé une « migration payante et meurtrière », avec un record de décès sur les côtes marocaines lié au renforcement des frontières terrestres des enclaves espagnoles de Sebta et Melilla, selon l’Association marocaine des droits humains (AMDH).

La morgue de Nador (nord) a reçu en 2018 un « record » de 244 cadavres de migrants, pour la plupart après des naufrages en mer, selon le rapport annuel de la section de l’AMDH-Nador présenté mercredi à Rabat au cours d’une conférence de presse.

Ces données sont partielles puisqu’elles ne concernent que la région de Nador. Selon l’AMDH, les autorités marocaines tendent à « minimiser ou ne pas parler du tout des morts et des disparus dans les statistiques officielles, bien qu’il s’agisse de la principale tendance dramatique des 3 dernières années ».

L’ONG note une « diminution soutenue » des passages terrestres vers Sebta et Melilla depuis 2015, « à cause des barrières à lames tranchantes » et « de la militarisation des frontière », avec dans le même temps une « nette augmentation » des traversées par la mer, estimées à « des dizaines de milliers ».

 

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Selon l’AMDH-Nador, cette migration génère un « trafic juteux » – 2.000 à 5.000 euros la traversée par voie maritime, contre 300 à 1.200 euros par voie terrestre . Mais, selon elle, les autorités marocaines « traquent et arrêtent les victimes » au lieu de se focaliser sur les trafiquants.

Selon l’ONG, le Maroc a mené en 2018 une « campagne de répression » contre les migrants, avec 9.100 interpellations à Nador et plus de 15.000 à Tanger (nord-ouest), des « attaques violentes », des « arrestations abusives », des « enfermements illégaux » et des « traitements inhumains ». Les autorités marocaines ont déjà par le passé démenti de telles accusations en assurant respecter les règles du droit.

Quelque 57.500 migrants sont arrivés par la mer en 2018 contre près de 22.000 en 2017, selon le ministère de l’Intérieur espagnol. Les autorités marocaines assurent pour leur part avoir stoppé 89.000 personnes en mer en 2018 et en avoir secouru 29.715.

 

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Bruxelles a débloqué l’an dernier une enveloppe de 140 millions d’euros pour aider le royaume à faire face à la migration clandestine. Ces aides sont « malheureusement investies dans le sécuritaire », a déploré mercredi Said Tbel, un responsable de l’AMDH-Nador qui s’inquiète notamment dans son rapport, du « peu de financements dans le renforcement des moyens de secours » marocains.

Dans toute la Méditerranée, plus de 2.000 migrants sont morts l’an dernier en route vers le continent européen, selon les chiffres de l’ONU. Les autorités marocaines ne publient aucun chiffre sur les décès de migrants.

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