Label Cacher-Maroc: nouvel imbroglio entre la Commission et un restaurant marrakchi

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L’établissement d’une trentaine de couverts, Dar Ima, ouvert en 2016, fait l’objet d’une mise en garde quant à son respect des normes de la cacheroute. Crédits photo : Facebook Dar Ima

Le restaurant Dar Ima de Marrakech fait l’objet d’une mise en garde quant à son respect des normes de la cacheroute. Selon la propriétaire, Chouvi Assayag, la Commission de la Cacheroute de Casablanca (CCDC) lui refuse le label Cacher-Maroc à cause de considérations financières. Pour Isaac Bouskila, administrateur de la CCDC, des infractions ont bien été constatées. Eclaircissements. 

Nouvel imbroglio entre la Commission de la Cacheroute de Casablanca (CCDC) et un restaurateur marrakchi. L’établissement d’une trentaine de couverts, Dar Ima, ouvert en 2016, fait l’objet d’une mise en garde quant à son respect des normes de la cacheroute. Le 1er novembre dernier, la CCDC affirme dans un communiqué que ce dernier « n’est pas sous le contrôle de la CCDC et n’est pas cacher ».

« Ils ont le droit de dire que je ne suis pas sous le contrôle du Beth Din de Casablanca pour des raisons que nous sommes en train de régler aujourd’hui, mais dire que nous ne sommes pas cachers, non, je ne leur accorde pas. Cela veut dire que mon restaurant ne respecte pas les normes de la cacheroute alors qu’il les respecte. Je ne peux pas me permettre de mentir sur ces choses-là, j’ai des clients, des contrôles d’hygiène, des bilans à jour, des factures de mes fournisseurs strictement cachers… et aucune réclamation en six ans », infirme Chouvi Assayag.

« Nombre de courriers et appels font état de l’utilisation d’une teoudah (autorisation, ndlr) périmée (31 avril 2022). Cette teoudah est non renouvelée et non renouvelable, les conditions n’ayant pas été respectées », précise le communiqué.

La propriétaire du restaurant Dar Ima ne voit pas quelles sont ces « conditions n’ayant pas été respectées », puisque selon ses dires, elle n’a bénéficié d’aucun contrôle « officiel ou improvisé » pour arriver à cette conclusion, ni reçu aucune notification l’informant des normes non respectées. « Nous n’avons eu aucune visite de contrôle pour constater que nous ne respectons pas les règles de la cacheroute », affirme-t-elle, estimant que la teoudah lui est refusée pour des considérations financières.

Ce ne serait pas la première fois qu’un différend financier fait polémique dans la communauté. Il y a un an, l’idée d’une «taxe casher» imposée aux établissements touristiques au Maroc avait suscité des contestations, obligeant la Commission à publier une mise au point sur ses réseaux sociaux. «Ce n’est pas une taxe mais une contribution», s’était défendu le président de la Communauté juive de Casablanca, Serge Berdugo, évoquant l’élaboration future d’un barème.

Lire aussi : Polémique autour de la « taxe casher »: Berdugo conteste les accusations

Le sujet est remis au goût du jour avec ce nouveau cas, celui de Dar Ima, dont la propriétaire affirme que la CCDC lui a demandé la somme de 30 000 dirhams pour bénéficier à l’année de la certification Cacher-Maroc. L’histoire commence en avril dernier lorsqu’à l’occasion de la fête de Pessah, la CCDC lui accorde une autorisation d’un mois.

« La CCDC m’a dit qu’ils me l’accordaient pendant la période de Pessah car il y a beaucoup d’organisations à Marrakech à ce moment-là donc ils sont obligés d’être présents pour effectuer les vérifications. Ils pouvaient donc en même temps assurer une vérification à Dar Ima », explique notre interlocutrice.

« Nous avons souhaité ensuite la demander pour l’année et à ce moment-là, ils m’ont demandé par téléphone une somme hors norme: 30 000 dirhams. Comment peut-on demander la même rémunération à un restaurant de 300 et de 30 couverts? », s’interroge la propriétaire.

« S’ils me refusent la certification à cause de la redevance, c’est leur droit, mais dans ce cas, qu’on me le notifie officiellement et clairement », ajoute-t-elle.

De son côté, l’administrateur de la CCDC, Isaac Bouskila, nie avoir demandé ce « montant complètement loufoque ». « On ne réclame jamais et je n’ai jamais réclamé une telle somme », nous assure-t-il. « La tranche dans laquelle se trouve Dar Ima est la même que Wasabi et Al Dente (deux restaurants marrakchis labellisés Cacher-Maroc, ndlr), à savoir 7000 DH par an », informe le responsable qui note par ailleurs quelques infractions de l’établissement à la cacheroute.

« Le protocole de la casheroute est contraignant. Il y a des choses au jour le jour qu’il faut respecter, et on ne peut pas déroger à la règle. Pendant qu’elle avait la teoudah, je l’ai contrôlée et j’ai noté sur une période de deux semaines des infractions qui n’étaient pas très graves, ce sont des consignes qui n’ont pas été respectées », raconte Isaac Bouskila qui reproche à Chouvi Assayag de continuer à dire que son restaurant est sous le contrôle de la CCDC.

« Jusqu’à hier soir, je reçois encore des messages ou des audios selon lesquels elle prétend être sous le contrôle de la CCDC, ce qui n’est pas vrai », abonde l’administrateur qui dénonce une forme de malhonnêteté.

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Quant à la propriétaire du restaurant, elle réaffirme n’avoir reçu aucun contrôle, et dit ne pas avoir été mise au courant de l’existence d’un barème progressif de contribution des commerçants et opérateurs: « A l’époque où l’on m’a demandé la contribution de 30 000 dirhams, à savoir en mai-juin, il n’y avait aucune norme de ce genre, c’était un tarif collectif. »

« Je ne suis contre personne. Je suis un restaurateur qui demande une certification avec des normes logiques et agréées, je ne demande pas de cadeaux, au contraire, c’est bien qu’on surveille mon activité par rapport à ma religion », conclut la propriétaire qui devrait rencontrer un responsable de la CCDC la semaine prochaine pour « trouver un terrain d’entente ».

Pour rappel, depuis une circulaire datant du 23 juillet 2021, «la délivrance, le régime de labellisation casher a été confié exclusivement à la Commission cacherout de la Communauté Israélite de Casablanca». Les restaurants, commerçants et autres opérateurs désireux de proposer des prestations casher doivent donc obtenir au préalable une autorisation « teoudah » de la part de la Commission de la Cacheroute de Casablanca.

Depuis, les choses se mettent en place petit à petit entre la CCDC et les opérateurs. Le 1er novembre dernier, la Commission a publié un communiqué annonçant la prise «depuis le mois d’octobre 2022 de certaines mesures aptes a améliorer la qualité de ses contrôles du label Cacher-Maroc sur le territoire marocain notamment a Marrakech et Casablanca». Il s’agit principalement de la mise en place de surveillants-responsables de cacheroute en chef, ainsi que d’unités de production certifiées Cacher-Maroc à travers tout le royaume.

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