La Cour des comptes met à nu la triste réalité de la sécurité sanitaire et alimentaire au Maroc

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Le rapport 2018 de la Cour des comptes a relevé d’innombrables manquements de l’ONSSA à ses attributions, ôtant le voile sur son incapacité à remplir ses missions de protection de la santé du consommateur et celle des animaux et des végétaux.

Quand la Cour des comptes frappe, elle frappe fort. Cette fois, c’était au tour de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) d’en être la cible. La mission de contrôle de gestion de l’ONSSA a eu pour objet d’examiner dans quelle mesure cet établissement s’acquitte de ses obligations légales et réglementaires dans l’exercice ses différentes missions.

D’emblée les magistrats de la Cour ont relevé l’indépendance insuffisante de l’ONSSA par rapport à la tutelle (ministère de l’Agriculture), ainsi que l’inadéquation des moyens humains alloués à cet établissement avec les missions qui lui sont confiées.

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Les inspecteurs de Driss Jetou ont dressé un constat sans équivoque. Pour ces derniers, le Maroc est dépourvu en matière de sécurité de la chaîne alimentaire d’une « véritable politique publique et d’un dispositif d’évaluation scientifique des risques sanitaires ».

En ce qui concerne le contrôle sanitaire des produits alimentaires, la Cour a critiqué le système de contrôle en amont de la chaîne de valeur en pointant du doigt la forte pression sur les effectifs, déjà limités, de l’ONSSA.

Pas de contrôle sur pesticides et les OGM

Pour ce qui est du contrôle des produits alimentaires, outre le faible contrôle sur les lieux de la restauration collective, la Cour a soulevé l’absence de contrôle sur les résidus de pesticides contenus dans les fruits et légumes destinés au marché local contrairement à ceux destinés à l’export. Pis, elle a relevé que l’ONSSA n’exerce aucun contrôle sanitaire au niveau des marchés de gros de fruits et légumes.

Pire encore, le rapport fustige l’absence de contrôle sur les produits contenant des organismes génétiquement modifiés (OGM). A cet effet, la Cour a relevé qu’il n’existe pas actuellement au Maroc d’encadrement juridique pour les OGM malgré le débat international sur leurs risques potentiels sur la santé.

Entre autres points noirs dont l’Office a du mal à assurer le contrôle sanitaire, la Cour a noté les abattoirs et tueries rurales de viande rouge, des abattoirs traditionnels de volaille (riachate), ainsi que les centres de collecte de lait dont le nombre est aux alentours de 2700 au Maroc.

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S’agissant du contrôle des intrants chimiques (les pesticides et les matières fertilisantes). Il a été constaté, à ce sujet, l’absence de contrôle sur les commerces de détail des produits pesticides à usage agricole. Et de relever, concernant la protection du patrimoine animal, que les 69 services vétérinaires provinciaux existants ne permettent pas à l’office d’exercer ses attributions en la matière.

Entre l’insuffisance du système de veille épidémiologique et les défaillances au niveau du processus d’identification et de traçabilité du cheptel, la Cour a relevé l’absence d’une loi spécifique sur l’élevage, celle d’un cadre formalisé pour la prise de décision en matière de vaccination et d’une stratégie pour prétendre au statut « indemne » de certaines maladies réputées légalement contagieuses (MRLC).

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