La chronique d’Abou Hafs. Hassan II et la « décennie noir »… un autre épisode d’incompréhension entre le Maroc et l’Algérie

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24 Août 2021. Le ministère algérien des Affaires étrangères annonce la rupture des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie. Le 24 août 1994, soit exactement 27 ans plus tôt, le Maroc était secoué par des attentats terroristes qui ont frappé la ville de Marrakech, après l’attaque armée contre l’hôtel Atlas Asni, et le meurtre de deux touristes espagnols. Les enquêtes prouveront l’implication d’un certain nombre d’Algériens dans l’opération qui a poussé le Maroc à imposer des visas d’entrée aux citoyens du pays voisin. C’est à cette décision que le Palais Mouradia a répondu en fermant la frontière terrestre entre les deux pays.

Par Mohamed Abdelouahab Rafiqui

Le choix  du 24 août par le régime militaire du voisin oriental pour annoncer la rupture des relations était-il innocent? Je ne le pense pas du tout, c’est un message clair qui nous rappelle cet incident, qui a provoqué des relations tendues entre les deux pays à l’époque, après avoir connu une sorte de reprise malgré des décennies de tensions et de provocations continues de la part des voisins depuis 1965.

Mais objectivement, cet événement était-il digne des actions du défunt roi Hassan II, et quelle est la responsabilité du régime en Algérie dans ce processus ? Le Maroc a-t-il vraiment soutenu les mouvements armés qui ont tué des milliers d’Algériens au cours de ce qu’on a appelé « la décennie noire »?

Le 9 avril 2021, le journal Français Le Figaro a publié un reportage du journaliste Christophe Convain, confirmant qu’il avait été informé d’un certain nombre de rapports secrets algériens et d’une note de renseignement Français, tous révélant le récit d’un ancien agent de renseignement algérien, Karim Moulay, qui a déclaré avoir travaillé pour le Service de l’information et de la sécurité entre 1987 et 2001, avant de quitter l’Algérie et de demander l’asile politique au Royaume-Uni.

Son récit confirme ce à quoi les autorités marocaines étaient parvenues après des enquêtes auprès des accusés, notamment Stéphane Ait Yedder et Hamel Marzouk, les Algériens accusés d’avoir perpétré les attentats de Marrakech, sans oublier les nombreux récits de différents témoins sur l’implication des services de renseignement algériens dans un certain nombre d’actes terroristes à l’intérieur et à l’extérieur de l’Algérie. 

La position du Maroc sur l’Algérie après ces événements n’était donc ni injuste ni hâtive, c’était une mesure souveraine et préventive, surtout le Maroc jusque-là, loin de tout ce qui concernait la culture des bombardements et du terrorisme, était un modèle de pays stable malgré tout ce qui se passait à proximité et donc chez le voisin de l’Est. Le Maroc était fier de son modèle et se présentait au monde comme véritable rempart contre l’intégrisme islamique.

Ces données réfutent également toutes les allégations algériennes selon lesquelles le Maroc soutenait des groupes armés opposés au régime algérien, si cela était vrai, le Maroc n’aurait pas remis l’un des dirigeants les plus célèbres de ces groupes aux autorités algériennes. Le général Khaled Nezzar, ministre algérien de la Défense de l’époque, qui a joué un rôle majeur dans les événements des années 1990 dans ce qu’on a appelé la « Décennie noire », raconte comment le roi Hassan II l’a reçu à Rabat. Nezezar a demandé l’extradition d’Abdelhak Al-Ayyida, l’un des « princes du sang » et fondateur du Groupe islamique armé (GIA), qui était détenu au Maroc, et Nezzar admet dans ses mémoires que le roi a rapidement répondu à sa demande malgré leurs divergences sur le sujet du Sahara, et de donner des ordres à Driss Basri de le remettre aux autorités algériennes. 

 

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Alors quelqu’un qui soutient les mouvements terroristes arrête-t-il un de leurs dirigeants et le livre-t-il au régime malgré toutes les divergences politiques et la tension qui existe sur la question du Sahara marocain?.

Tout ce que le roi Hassan II disait à l’époque, c’est qu’il souhaitait que le processus démocratique aille à son termet et que le Front islamique du salut (FIS), qui avait remporté des élections libres et équitables, saisisse sa chance de gouverner, et que l’on attende son comportement politique, aussi bien auprès de son environnement interne qu’externe, tant qu’il existe des options légales et constitutionnelles pour évaluer toute déviation qui pourrait y avoir plus tard. Cette déclaration équilibrée et pro-démocratie représente-t-elle un soutien aux mouvements armés et à leur meurtre de civils et à la propagation du chaos ? 

Il est très clair que le régime en Algérie souffre, comme il a souvent souffert de crises et d’étouffement politique. Il ne trouve d’autres moyens de sortir de cette suffocation qu’en créant ces crises, et en cherchant un ennemi extérieur pour détourner l’attention de ses problèmes internes, Il ne trouve pas mieux que son voisin le Maroc, avec toute sa richesse historique, son rayonnement civilisationnel, son développement à divers niveaux et ses victoires diplomatiques, ce qui a conduit à l’échec de toutes les tentatives de réconciliation faites par le Maroc, dont la dernière en date a été déclarée, dans le discours royal à l’occasion de la fête du Trône.

Quand le régime algérien prendra-t-il conscience de la profondeur de la fraternité et de l’amour qui unissent les deux peuples, et quand se rendra-t-il compte qu’il n’y a d’autre solution devant lui que de répondre aux appels de la raison, de la logique et de l’histoire, et d’interagir avec la main tendue, et de cesser de soutenir les ennemis de notre unité territoriale, dans l’horizon de réaliser le rêve d’un grand Maghreb, et de construire une puissance économique régionale, comme c’est dans l’intérêt de tous les peuples de la région.

 

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