Kasbahs, forteresses, parc naturel… Il est temps de valoriser le riche patrimoine d’Al Hoceima

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La forteresse de Tores d'Alcalâ vient d'être restaurée. Crédit: Faiza Rhoul.

Al Hoceima a abrité les 22 et 23 octobre un colloque sous le thème « La gestion de l’héritage culturel dans les parcs nationaux », au lendemain de la livraison de l’important chantier de restauration de la mythique Torres d’Alcalâ. 

Restaurée, embellie et désormais sécurisée, la forteresse de Tores d’Alcalâ était à l’honneur ce week-end à Al Hoceima. Les touches finales ont été mises pour accueillir diplomates, experts, professionnels du tourisme et militants qui ont pris part au colloque, co-organisé par l’association Geode, l’ambassade des États-Unis au Maroc et le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication.

Crédits : Faissal Ammi / GEODE

Depuis 2016, ce sont plusieurs millions de dirhams qui ont été investis pour redonner de l’éclat à cette forteresse située en plein coeur du parc national d’Al Hoceima. Dernier soutien en date, celui du Fonds américain des Ambassadeurs pour la préservation culturelle (AFPC), ayant débloqué un budget à hauteur de 170.000 dollars.

Interrogée par H24info, Nitza Sola Rodger, l’attachée culturelle de l’ambassade des États-Unis a salué le travail collectif mené pour la restauration de Torres d’Alcalâ. « Le gouvernement des États-Unis et son ambassade à Rabat sont ravis du travail accompli », s’est-elle félicitée.

« Nous menons ce genre de projet grâce au fond des Ambassadeurs pour la conservation du patrimoine culturel, qui est un fonds global du département d’État, qui est mis à disposition de toutes les ambassades américaines du monde. Depuis 10 ans, nous avons investi plus d’un million de dollars dans la conservation du patrimoine tangible et intangible marocain. Le site de Volubilis est actuellement en rénovation grâce en partie à ce fonds. Nous venons également de finir un projet à Taroudant, consacré à la restauration de l’une des portes de la ville. Et il y en aura certainement d’autres », a souligné l’attaché culturelle.

L’expérience américaine à l’honneur

Aux côtés des officiels américains présents ce jour-là, Loren Yellow Bird, garde forestier du U.S. National Park Service officiant depuis plus d’une vingtaine d’années au fort Union au sein de l’Union Park. Venu partager son expérience, M. Yellow Bord s’est présenté à l’assemblée en « Arikara », langue amérindienne parlée par les Sahnishs dans le Dakota du Nord.

Crédits: Faissal Ammi / GEODE

La pertinente intervention du garde forestier a mis l’accent sur le concept de la gestion du patrimoine culturel dans les parcs nationaux. Un témoignage poignant sur la valorisation de la culture et l’histoire de la tribu des Sahnishs, retracée tout au long du parc américain et racontée par les professionnels qui y travaillent. « C’est pour moi une merveilleuse occasion d’expliquer comment notre mission au sein du Service Américain des parcs Nationaux préserve le patrimoine Amérindien et explique son importance à une nouvelle génération d’Américains », a déclaré Yellow Bird.

Anouar Akkouh, président de l’association Geode, qui a supervisé les travaux, s’est dit très fier du chemin parcouru. « M. Akkouh est ancien lauréat du Programme de leadership des visiteurs internationaux du département d’État américain (IVLP), grâce auquel il a pu visiter plusieurs parcs nationaux aux États-Unis, en 2018. Cette expérience lui a permis de constater des similitudes culturelles entre les communautés autochtones des États-Unis et les tribus Amazighes du Rif ».

Lire aussi: Vidéo. Al Hoceima: Torres de Alcalâ, un modèle de réhabilitation du patrimoine

« Je suis très fier du travail qu’on a réalisé jusqu’à présent. Le site a été remis à neuf, il est désormais protégé par deux gardes, payés par le ministère de la Culture, une demande qui a enfin abouti », explique l’associatif.

« Mais les sites archéologiques et historiques de ce genre nécessitent un travail de maintenance constant. Des fouilles archéologiques sont nécessaires, car nous savons qu’au pied de la forteresse, un village dense autrefois accueillait des marins venus de très loin pour marchander. Une grande communauté juive vivait ici. Des traces documentées évoquent l’édification d’une synagogue et certainement d’un cimetière juif (…) c’est ça le défi derrière ces projets, celui de pouvoir redécouvrir et retracer l’Histoire avec un grand H de ces lieux et des gens qui y ont vécu autrefois », poursuit-il.

Désormais, Geode veut « brander » la forteresse, pour qu’elle devienne une sorte d’emblème pour la promotion du parc national d’Al Hoceima, nous explique Anouar Akkouh. « Torres d’Alcalâ peut aussi devenir une source d’inspiration pour d’autres acteurs afin de valoriser les sites et vestiges à travers la région qui en regorge, comme la kasbah de Snada ou encore la Kalaa Al Hamra, inscrite sur la liste du patrimoine national », affirme fièrement Anouar.

Lors de la saison estivale, la forteresse accueille jusqu’à 800 visiteurs par jour et elle est incontestablement un passage obligatoire pour toute personne se rendant au parc national d’Al Hoceima.

La forteresse Torres d’Alcalâ./Crédits: Faiza Rhoul

Un potentiel encore inexploité, estime Anouar Akkouh, notant que des problèmes structurels entravent encore le développement de l’activité touristique dans la région. D’abord au niveau du site ; il reste encore à mettre en place des panneaux signalétiques, une carte explicative, la construction d’un centre d’accueil et d’information pour les visiteurs, en plus de l’installation d’un système d’éclairage, afin de rendre la forteresse visible depuis la mer.

La forteresse Torres d’Alcalâ./Crédits: Faiza Rhoul

Mais tout autour de la forteresse, un travail titanesque reste à faire. À commencer par l’installation de panneaux pour situer et délimiter le parc national d’Al Hoceima. Sur notre route, nous en avons vu deux, d’une taille ridicule et déjà complètement rouillés.

La forteresse surplombe des plages paradisiaques envahies durant l’été par des milliers de vacanciers et donc de potentiels visiteurs. Mais pour les attirer, il faut pouvoir leur proposer où se restaurer, se détendre et se divertir. C’est cette partie manquante sur laquelle tente de travailler Geode aux côtés d’autres acteurs, bien que le soutien des institutions et pouvoirs publics soit encore nécessaire.

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