Hassan II, mur de sable, Basri… les révélations du général algérien Khaled Nezzar

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Dans le premier tome de ses Mémoires, le général algérien Khaled Nezzar consacre une bonne partie à sa relation avec le Maroc, et plus précisément avec le roi Hassan II.

L’ex-homme fort de l’armée algérienne, le général-major Khaled Nezzar a récemment publié le premier tome de ses Mémoires, simplement intitulées Recueil des Mémoires du général Khaled Nezzar. Dans cet ouvrage, l’homme connu pour sa grande gueule revient sur les grands événements qui ont marqué l’histoire de son pays, notamment depuis l’indépendance en 1962 au début de la guerre civile. Il y consacre également, et surtout, une bonne partie à sa relation avec le roi Hassan II.

Opposition à la construction du mur de sable

La première anecdote à ce sujet, rapportée par Jeune Afrique, concerne l’entame par le Maroc de la construction du mur de défense en février 1979, pour se protéger des attaques du Front Polisario. En même temps, Hassan II tente un rapprochement avec l’Algérie, et une première rencontre a lieu entre lui et le président algérien Chadli Bendjedid en 1983 à la frontière maroco-algérienne. Nezzar, alors chef de la 2e région militaire longeant la frontière, y voit une ruse de la part du roi du Maroc: «Hassan II a des arrière-pensées. (…) Chadli n’a pas mesuré, au juste prix, ce que coûterait à Hassan II, sur le plan intérieur, un abandon de sa politique agressive au Sahara», écrit-il.

Avec son collègue de la 3e région militaire, Mohamed Touati, Nezzar met alors en garde son président dans un mémo contenant également des mesures pour empêcher la construction du mur. Ces dernières incluent l’ouverture aux éléments du Polisario d’un champ d’action pour pénétrer dans le territoire marocain, la consolidation des forces motorisées de l’armée algérienne, et le déploiement d’hélicoptères de combat et de MIG pour protéger l’espace aérien algérien. S’il est approuvé, le plan ne verra jamais le jour.

Rencontre tendue avec Hassan II

Nezzar rencontre le roi Hassan II en mai 1991 à Oran, au cours d’un dîner offert par Chadli. Lors d’un échange entre les deux hommes, Nezzar, devenu ministre de la Défense, fait part au roi du souhait de son armée de résoudre pacifiquement les problèmes avec le Maroc, ainsi que de s’engager avec l’armée marocaine dans une coopération pour créer les conditions d’une «défense commune». «L’union du Maghreb sera acquise dès lors que les économies et les économies des deux pays en seront les piliers et le moteur», se justifie-t-il. La réponse du souverain: «Si c’est comme ça que vous voyez le Maghreb, envoyez dès demain, une brigade s’installer à Rabat».

A la fin du dîner, Nezzar se voit demander par le président Chadli de faire visiter au roi Hassan II la base navale de Mers el-Kébir, ainsi que ses installations. Une demande «embarrassante» pour Nezzar qui ne veut pas «dévoiler aux officiers marocains les détails de la principale base navale du pays». Face au dilemme d’obéir ou non à son président, Nezzar «plante tout le monde et reprend l’avion pour Alger». Le lendemain, il reçoit une invitation du roi à se rendre à Rabat, mais il n’y donne pas suite.

L’épisode Abdelhak Layada

Il faudra attendre le printemps 1993 pour voir Nezzar rendre visite à Hassan II. Non liée avec la première invitation émise 2 ans avant, la rencontre intervient dans un contexte particulier. En pleine guerre civile algérienne, le fondateur du Groupe islamique armé (GIA) Abdelhak Layada, vient au Maroc sous une fausse identité, afin de se cacher et tenter de «se procurer des armes». Après l’avoir localisé dans un hôtel à Oujda, Nezzar appelle le ministre de l’Intérieur marocain Driss Basri. Mais il ne lui parle que de la situation sécuritaire sans mentionner le cas de Layada. C’est le général Smaïn Lamari, numéro 2 des services secrets algériens, qui se rend ensuite au Maroc et informe les autorités de la présence de Layada.

Quand il réclame la livraison de ce dernier, Rabat n’accède pas immédiatement à sa demande, le roi souhaitant d’abord s’entretenir avec Nezzar. La rencontre dure deux heures, pendant lesquelles ils évoquent les modalités de la remise à Alger du chef terroriste. Layada est officiellement extradé le 29 septembre.

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