Gouvernement Akhannouch: un bilan mitigé pour les 100 premiers jours

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Les ministres du gouvernement Akhannouch reçus en audience royale au Palais. DR.

Après une campagne électorale animée, notamment sur les réseaux sociaux, le gouvernement Akhannouch n’a pas beaucoup communiqué sur ce qu’il fait depuis son investiture. S’il affiche un bilan parlementaire satisfaisant et des changements de ton au niveau de l’éducation et l’enseignement, il n’a pas encore annoncé des mesures notables.

L’heure du premier bilan a sonné pour le gouvernement Akhannouch. 100 jours après son installation, l’Exécutif peine encore à créer la différence et le changement qu’il avait promis pendant les élections. Plusieurs ministres de souveraineté sont certes restés à leurs postes, comme Nasser Bourita aux Affaires étrangères, Abdelouafi Laftit à l’Intérieur ou encore Ahmed Taoufik aux Habbous, mais le reste de l’Exécutif, issu de l’alliance Rassemblement national des indépendants (RNI)-Parti authenticité et modernité (PAM) et l’Istiqlal, a du mal à convaincre.

Pourtant, cette coalition tripartite avait été formée en un temps record, dès le 17 septembre, soit neuf jours après le scrutin législatif, communal et régional. Les trois partis avaient alors indiqué que cette décision vise « à renforcer les institutions des conseils et à créer l’harmonie et la stabilité en leur sein afin de se focaliser sur les enjeux et défis soulevés par le citoyen ».

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En décembre, les trois partis ont voulu réafficher leur « cohésion » en signant une « Charte de la majorité ». Un cadre institutionnel et de référence définissant les modes de fonctionnement et de coopération entre les différentes institutions gouvernementales, parlementaires et partisanes.

Le chef du gouvernement y avait alors affirmé que ce « moment politique décisif » est porteur de plusieurs messages, notamment un « agenda bien défini et une vision nouvelle fondée sur la coopération constructive et le respect mutuel entre les composantes de la coalition et qui rompt avec certaines pratiques du passé qui empêchaient d’ériger les institutions de la coalition en des instances d’élaboration des solutions ».

Le changement tarde cependant à se faire sentir. « Le gouvernement Akhannouch a brandi le mot d’ordre du changement, promis de grandes choses, incité les électeurs à voter pour ses partis », rappelle Ismail Hammoudi, professeur de sciences politiques à l’Université Sidi Mohamed Benallah, à Fès, interrogé par Anadolu.

Mauvaise communication

« Jusqu’à présent, environ 100 jours se sont écoulés, mais le gouvernement semble encore stupéfié, comme s’il n’avait pas encore entamé son travail », ajoute-t-il. Un rapport, récemment publié par l’Observatoire de l’action gouvernementale du Centre Al Hayat, pointe du doigt le silence du gouvernement, malgré certaines réalisations.

Le document souligne d’abord l’adoption rapide des décrets d’application de la généralisation de la couverture maladie et des retraites et l’approbation d’un nombre important de projets d’investissement, ainsi que « la réponse efficace à la fermeture par l’Algérie du gazoduc du Maghreb ».

En revanche, il a critiqué ce qu’il a considéré comme « l’absence d’initiatives de communication de la part du chef du gouvernement qui était quasiment absent lorsqu’il fallait expliquer diverses mesures et procédures gouvernementales, ou fournir des éclaircissements concernant un ensemble de dossiers controversés et de décisions prises par le gouvernement ».

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Le rapport s’est également arrêté sur « la confusion concernant la nomination de la ministre de la Santé, sa destitution moins d’une semaine après l’investiture du gouvernement, et le retour de l’ancien ministre de la Santé à ses fonctions, sans fournir d’explications convaincantes ». La même source relève « le retard enregistré dans la nomination des secrétaires d’Etat », attendue depuis maintenant trois mois.

Pour le professeur Ismail Hammoudi, « le silence du gouvernement et de son chef peut être un choix intentionnel, car la plupart des ministres sont des technocrates et n’ont aucune expérience du débat politique ». Ces derniers auraient, selon lui, choisi le silence pour « éviter d’éventuelles erreurs, qui impacteraient négativement leur réputation »

Des exceptions  

Pour l’instant, seuls les ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur arrivent à se démarquer. Dès sa nomination, Chakib Benmoussa, ancien ministre de l’Intérieur et ex-ambassadeur du Maroc en France, n’a pas hésité à bousculer le système de recrutement des enseignants. Annoncées le 19 novembre, des innovations importantes ont été introduites au concours de recrutement des enseignants et des cadres administratifs.

Parmi elles, la revue à la baisse de l’âge maximum requis pour le passer. Il a été fixé à 30 ans pour attirer, selon le ministère, « des candidats jeunes dans la profession enseignante, dans l’objectif de s’assurer leur engagement durable pour l’école publique et d’investir dans la formation et le développement de leur parcours professionnel ». Si cette mesure a été suivie par des protestations dans différentes villes, le ministre a multiplié les sorties pour expliquer ses motivations.

Le 18 décembre dernier, il a annoncé un programme ambitieux pour la généralisation de l’enseignement préscolaire dans les zones montagneuses à l’horizon 2023, a affirmé, vendredi, le ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa.

Il y a aussi Abdellatif Miraoui qui est arrivé à tirer son épingle du jeu. Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, est confronté à un mouvement de dénonciation inédit dans le milieu universitaire. Plusieurs scandales impliquant des professeurs de l’Enseignement supérieur ont éclaté ces derniers mois. Certains sont notamment poursuivis en justice.

Son département a été dès le début très réactif dans ces affaires connues désormais sous le nom de « Sexe contre bonnes notes », avec notamment la démission de Najib Hajoui, le doyen de la faculté des sciences juridiques, économique et sociales de l’Université Hassan 1er, à Settat.

En réaction au scandale de harcèlement sexuel à l’Ecole nationale de commerce et de gestion (ENCG) d’Oujda, le ministère de l’Enseignement supérieur a rapidement dépêché une commission pour mener une enquête qui a mené à la suspension du professeur impliqué. Une cellule a également été créée pour recueillir les témoignages qui s’enchaînent depuis.

A présent, le ministre a laissé entendre qu’il allait revoir le système du bachelor, lancé en octobre dernier, à la rentrée universitaire. Si son objectif est de valoriser les diplômes marocains pour leur donner une meilleure visibilité à l’international, plusieurs écoles seraient sceptiques quant à son arrivée pour remplacer le LMD. Le Conseil supérieur de l’éducation avait lui aussi mi en cause la pertinence du projet.

Du côté des ministères de la Justice, du Tourisme, de l’Industrie et du Commerce, de l’Aménagement du territoire national, entre autres, rien à signaler pour l’instant. Des mesures concrètes se font toujours attendre.

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