France: moratoire sur la hausse des taxes des carburants pour calmer les "gilets jaunes"

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Le Premier ministre français va annoncer un moratoire sur la hausse des taxes sur les carburants, a appris l’AFP mardi de sources gouvernementales, un geste réclamé de toutes parts en France pour tenter de sortir de la crise sans précédent des « gilets jaunes », à quatre jours d’un nouvel appel à manifester.
Edouard Philippe va annoncer cette mesure d’apaisement – décidée lundi soir à l’Élysée sous la présidence d’Emmanuel Macron – mardi matin devant le groupe La République en marche (LREM, parti présidentiel) à l’Assemblée nationale, a précisé une source gouvernementale à l’AFP.
Ce moratoire de plusieurs mois, ou « suspension » dans sa présentation gouvernementale, doit être assorti d’autres mesures d’apaisement, selon ces sources.
Depuis les émeutes violentes en France samedi – notamment des pillages et incendies en plein Paris – qui ont choqué au delà des frontières, le gouvernement est engagé dans une course contre la montre pour tenter d’apaiser la colère des « gilets jaunes » et prévenir de nouveaux heurts.
L’exécutif français a dans le même temps confirmé l’annulation d’une réunion avec des « gilets jaunes » prévue mardi après-midi.Leurs représentants avaient annoncé dès lundi qu’ils ne s’y rendraient pas, notamment pour des « raisons de sécurité », certains ayant reçu notamment des menaces de mort.
Pour autant, le chef de file des sénateurs Les Républicains (droite), Bruno Retailleau, a accueilli avec prudence l’annonce du moratoire: « insuffisant », a-t-il dit dans une première réaction sur la chaîne Public Sénat. « J’espère que moratoire veut dire annulation de la hausse », a-t-il ajouté.
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Édouard Philippe s’exprimera mardi matin devant le groupe LREM, puis lors de la séance de questions au gouvernement. Mercredi à l’Assemblée et jeudi au Sénat, il mènera un débat, avait déjà annoncé Matignon lundi.
Face à l’urgence de la situation, une réunion s’est tenue lundi soir à l’Élysée autour d’Emmanuel Macron, Édouard Philippe et une dizaine de ministres, dont François de Rugy (Transition écologique) et Bruno Le Maire (Économie) qui avaient écourté un déplacement à l’étranger.
L’Elysée, laissant augurer des annonces rapidement, avait rapporté que cette réunion avait « permis d’échanger sur les réponses à apporter aux mobilisations en cours ».
Auparavant, le Premier ministre avait reçu les chefs des formations politiques représentées au Parlement. Allié du parti présidentiel La République en marche, le MoDem avait fait valoir « l’urgence » d’un « geste d’apaisement ».
A l’exception d’Europe Écologie-Les Verts et de Génération Écologie, toutes les formations d’opposition avaient plaidé pour un « moratoire » dans la hausse prévue le 1er janvier des taxes sur le carburant, mot d’ordre initial du mouvement des « gilets jaunes » dont la dernière manifestation samedi a donné lieu à de nombreuses scènes de violence et de guérilla urbaine.
S’il a envoyé son Premier ministre en première ligne, Emmanuel Macron semble à la manœuvre. Sa visite officielle en Serbie prévue mercredi et jeudi a ainsi été reportée.
Parmi les membres historiques les plus connus des « gilets jaunes », Éric Drouet a appelé à l’intensification du mouvement de contestation lors de nouvelles manifestations samedi prochain, plutôt que de « négocier avec un gouvernement qui perd de toute part ».
La gestion de l’ordre public sur le territoire français est également au centre du débat politique. Déjà entendus lundi soir à l’Assemblée, le ministre français de l’Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d’État Laurent Nunez s’en expliqueront mardi après-midi devant le Sénat.
 
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Les syndicats lycéens contre les réformes dans l’Éducation nationale avaient jusqu’à présent peiné à mobiliser. Mais porté par la contestation des « gilets jaunes », le mouvement a pris de l’ampleur lundi, avec des blocages de dizaines de lycées, parfois accompagnés de violences.
Enfin, selon le ministère français des Finances, les deux premières semaines d’actions des « gilets jaunes » ont déjà un impact « sévère et continu » sur l’économie.
De son côté, la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo a estimé « entre 3 et 4 millions d’euros » les dégâts causés par les violences en marge de la manifestation parisienne pour les seuls « mobiliers urbains ».

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