Fin de la contrebande avec Sebta et Melilla: «Le Maroc doit accélérer les chantiers de développement»

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Décidée depuis plusieurs mois, la fin du commerce de contrebande afflige des milliers de familles. Les ambitieux projets se font eux aussi attendre, alors qu’il est urgent de trouver des alternatives immédiates.

Le poste frontalier de Sebta est fermé depuis le mois d’octobre dernier, celui de Melilla depuis 2018. Une décision prise par le gouvernement marocain pour éradiquer le phénomène de la contrebande vivrière. Mais après avoir permis cette pratique durant des décennies, la décision a été prise sans qu’aucune alternative ne soit proposée dans l’immédiat aux personnes dépendantes exclusivement de cette activité.

Joint par H24 Info, Mohamed Benaïssa, président de l’Observatoire du Nord pour les droits de l’Homme (ONDH), affirme que «le Maroc a franchi une étape importante pour arrêter la contrebande en raison des pertes économiques et sociales». Toutefois, le royaume doit «accélérer ses projets de développement afin de trouver de réelles alternatives pour le développement des zones adjacentes à Sebta et Melilla», poursuit-il.

 

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Les pertes sont quant à elles d’ores et déjà chiffrées par les commerçants espagnols. Dernière sortie en date, celle des entrepreneurs de Melilla qui affirment que l’enclave apporte aux régions voisines marocaines «environ 70 millions d’euros de bénéfices par an». Ces derniers à travers leur confédération, qui a tenu une conférence de presse le jeudi 22 octobre, affirme par ailleurs que la ville exporte chaque année vers le Maroc, plus de 44 millions d’euros en produits divers.

La même source indique également que «Melilla dépense 15 millions d’euros par an en services fournis aux Marocains qui se rendent à l’enclave», en plus de «14 millions d’euros supplémentaires pour porter assistance aux mineurs qu’accueille la ville».

« Des pertes financières et humaines »

Selon, Mohamed Benaïssa, «ces chiffres sont peut-être corrects, mais ils ne traitent pas des pertes que le Maroc subit annuellement à cause du commerce de contrebande». Ces pertes directes s’élèvent à plus de 700 millions d’euros par an», souligne-t-il.

À ce chiffre faut ajouter «les moyens matériels et financiers mis en place par le Maroc pour organiser cette activité et que les sources espagnoles oublient de souligner, occultant ainsi l’ampleur des pertes marocaines», poursuit le militant.

De plus, les pertes ne sont pas que financières, mais aussi humaines, avec la mort de plusieurs dizaines de « femmes-mulets », car comme le souligne notre interlocuteur «cette activité à laisser place à de nombreuses violations des droits de l’Homme».

Fermées actuellement à cause de la propagation de l’épidémie du coronavirus, les frontières marocaines avec les deux enclaves pourraient ne jamais rouvrir pour le commerce de contrebande. En effet, le Maroc semble décidé à éradiquer ce phénomène et a donc «franchi une étape importante», indique Mohamed Benaïssa.

 

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Toutefois, les quelques mesures mises en place par le Maroc, avec notamment la construction d’une zone de franche à Fnideq, se font attendre. «Les alternatives proposées aujourd’hui par le Maroc se situent à un horizon encore lointain et même leurs répercussions sur l’économie du pays ne devraient se ressentir qu’après une dizaine d’années», estime Mohamed Benaïssa pour qui «il est urgent de trouver des solutions immédiates pour les régions touchées».

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