Fêtes de fin d’année: encore une lueur d’espoir pour le secteur touristique

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Marrakech
Marrakech ©DR

Des réunions sont programmées cette semaine entre les opérateurs et les autorités pour tenter d’élaborer des plans de secours. Trois acteurs du secteur nous livrent leur regard sur cette situation jugée unanimement « catastrophique ». 

Les fêtes de fin d’année représentent une période juteuse pour les opérateurs touristiques. L’occasion de perdurer l’effet positif dont avait bénéficier le secteur cet été avec l’opération Marhaba. Une croissance désormais coupée dans son élan par les dernières décisions gouvernementales de restreindre l’espace aérien depuis le 29 novembre dernier et jusqu’au 31 décembre prochain. Le tourisme national peut-il rattraper un peu cette situation jugée catastrophique par l’ensemble des acteurs?

« Autant l’été, on peut parler de tourisme national, autant sur les fêtes de fin d’année, les Marocains n’ont pas beaucoup de vacances. Et même s’ils en ont, si les hôtels ne sont pas autorisés à faire de l’animation, les gens vont organiser leurs fêtes dans les villas et cela fera le bonheur de l’informel », nous répond un important hôtelier de Marrakech ayant requis l’anonymat. Le professionnel ne mise pas beaucoup sur les quelques nationaux qui pourraient réserver dans des établissements pour les fêtes. « Avec ces annonces-là, il y aura de nouvelles fermetures d’établissements, c’est sûr », prévoit-il, pessimiste.

« J’étais optimiste mais maintenant c’est la mort »

Un pessimisme largement partagé par l’ensemble des intervenants. « J’étais optimiste, chaque jour je rassurais les professionnels, mais maintenant c’est la mort. Les experts disent que s’il n’y a pas de visibilité après Noël, c’est la catastrophe. Nous avons besoin de l’international et de la devise », lance de son côté Abdellatif Abouricha, responsable communication du Conseil Régional du Tourisme (CRT) de Marrakech. 40% des établissements sont fermés à Marrakech, un taux qui s’élève à 60% à Agadir, précise notre interlocuteur. Une configuration qui profite aux destinations concurrentes à l’étranger qui « sont en train de cartonner ».

« Il n’y aura pas d’engouement pour le Maroc pour les fêtes, qu’il s’agisse des nationaux ou des internationaux qui prévoient leurs vacances beaucoup plus à l’avance. Ces réservations ont déjà été récupérées par d’autres destinations telles que l’Egypte et la Turquie qui font actuellement des records historiques grâce aux touristes venant habituellement au Maroc », confirme à son tour Zoubir Bouhoute, expert en tourisme et président du Conseil provincial du tourisme de Ouarzazate.

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Et de faire le bilan: « En 2019, le Maroc avait accueilli 13 millions de touristes. On en a perdu 80% en 2020 et on risque d’en perdre à peu près 75% en 2021 où seul a compté l’effort d’ouverture des frontières avec l’opération Marhaba de juin à septembre dernier. En trois mois, les destinations principales (Marrakech, Essaouira, Tanger) ont fait une fois et demi plus de recettes que les six premiers mois de l’année, soit 202% de plus qu’en 2020. Marrakech en temps normal, c’est 650 rotations aériennes par semaine ».

« On n’a pas de problème avec le covid-19 mais avec les décisions »

Bouhoute ne croit pas non plus beaucoup à l’option du tourisme national pour sauver les meubles, surtout avec « le smic marocain qui représente le sixième de celui des principaux marchés émetteurs tels que le Royaume-Uni, la France ou l’Allemagne ». « Malgré le nombre de cas positifs au covid-19 très bas chaque jour, une centaine, le comité scientifique voit surtout ce qu’il se passe au niveau des marchés émetteurs, tels que la France qui enregistre actuellement des dizaines de milliers de cas quotidiennement. A mon sens, cela ne justifie pas la décision du gouvernement », commente-t-il. « On n’a pas de problème avec le covid-19 mais avec les décisions ».

Un point de vue repris par Abouricha, responsable communication au CRT de Marrakech. « Les opérateurs continuent de se préparer à la relance mais à chaque fois des décisions de dernière minute viennent plomber la situation. Si ce gouvernement pense que l’économie n’est pas importante pour eux, qu’ils leur disent directement de fermer », lance-t-il, sarcastique.

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« Marrakech est la Mecque des touristes pour les fêtes de fin d’année, nationaux et internationaux. Les fidèles reviennent chaque année. La décision a été brutale pour l’économie et les acteurs du tourisme. Le gouvernement a fait un très bon travail sanitaire et sécuritaire, mais à l’instar d’autres pays étrangers tels que l’Espagne, le Portugal, la Turquie, etc., il n’a pas élaboré un véritable benchmark », poursuit-il.

Et de conclure: « Tout va dépendre des réunions prévues cette semaine. Le wali de Marrakech doit rencontrer les professionnels du secteur cet après-midi. Les élus locaux rencontreront la ministre du tourisme mercredi et les professionnels vont se réunir entre eux demain. On aura de la visibilité à partir de jeudi, après le conseil de gouvernement. Le but est de discuter des préparatifs de fin d’année, en particulier les plans B et C que chaque établissement doit prévoir, mais aussi d’une éventuelle réouverture avant le nouvel an, sollicitée par tout le secteur, d’autant que le comité scientifique a conseillé d’ouvrir les frontières au regard des bonnes conditions sanitaires au Maroc. »

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