Enseignement à distance: une «expérience mitigée» selon une étude

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Crédits : MAP

Selon une étude sur l’enseignement pendant la pandémie du Covid19, dont les premières conclusions ont été présentées le 29 septembre, près de 62% des enseignants ne sont pas satisfaits « voire pas du tout » de leur expérience.

À la veille de la rentrée scolaire, prévue le 1er octobre en présentiel, le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) a présenté mercredi 29 septembre les premiers résultats d’une étude inédite sur « L’enseignement au temps du Covid19 ».

Celle-ci a été réalisée par l’Instance nationale d’évaluation (INR) du conseil, en partenariat avec l’UNICEF dans l’objectif « d’identifier les pratiques, les opportunités et les défis au niveau pédagogique pendant la pandémie ».

L’étude conclut notamment que l’expérience de l’enseignement à distance était «mitigée », puisque seuls 35,4% des enseignants sont satisfaits de leur expérience de l’enseignement à distance, alors que 62% ne sont pas satisfaits, « voire pas du tout ».

« Pendant la pandémie, beaucoup de pays ont publié des rapports sur la situation de l’enseignement. C’est notre responsabilité aussi de faire ce travail, en tant que conseil et instance de l’évaluation. Un effort a été fourni pour connaitre l’impact à la fois sur les élevés et les enseignants de cette crise », explique à H24Info, Rahma Bourqia, directrice de l’INR.

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Les enseignants mal équipés

Autre constat alarmant :  pendant la crise, les enseignants ont largement démontré leur implication pour assurer la continuité pédagogique. Selon l’étude, « 82.6% ont pratiqué l’enseignement à distance pendant le confinement, en recourant à leur matériel personnel ». Les enseignants étaient « peu préparés, tant en matière d’appropriation du numérique que d’équipements ». Près de 13,5% des enseignants interrogés ne maîtrisent pas les TIC, 67,1% ont un niveau moyen, et seuls 19,4% ont un niveau très élevé ou élevé.

Pour ce qui est de la plateforme Telmid-Tice développée par le ministère de l’Éducation nationale, elle a été « peu utilisée ». Seuls 21,3% des enseignants déclarent avoir effectivement utilisée la plateforme. « L’outil largement usité, par les enseignants et les élèves, pour assurer la continuité pédagogique à distance était WhatsApp (70.4%) », souligne-t-on.

Du côté des élèves, un sentiment d’inégalité face à l’enseignement pendant la pandémie s’est fait ressentir. Selon l’étude, les enfants des familles à revenu faible ont dû faire face à des conditions d’apprentissage difficiles. « Souffrant d’abord du manque de moyens ou de l’indisponibilité des équipements pour suivre les cours, ces élèves rapportent également d’autres contraintes liées, par exemple, à l’exiguïté du logement, au surpeuplement ou encore à un entourage familial peu encourageant », lit-on dans l’étude.

Les filles, elles, ont été davantage sollicitées pour les tâches ménagères au détriment de leur scolarité. « Si les disparités ont existé avant la période pandémique entre les milieux et les couches sociales, l’enseignement à distance les a exacerbées et a fait apparaître l’exclusion des élèves du milieu rural et des familles défavorisées », expliquent encore les auteurs de l’étude.

Un « échec » selon la CDT 

Le conseil n’est pas le seul à avoir fait ce constat. « L’enseignement à distance était un échec. Nous ne sommes pas les seuls à le dire, les parties officielles aussi. La preuve : les cours dispensés à distance pendant le deuxième semestre de l’année scolaire précédente, n’ont pas été pris en compte pour les examens de fin d’année. Certes, c’est une expérience qui s’est imposée dans plusieurs pays, au vu des contraintes liées à la pandémie, mais au Maroc, plusieurs données permettent de mieux comprendre cet échec», fustige, dans une déclaration à H24Info, Abdelghani Erraki, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement, affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT).

« Les Marocains n’étaient pas préparés à ça, que ce soit les élèves ou les familles qui n’ont pas les moyens financiers et technologiques pour suivre », ajoute-t-il. « Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu des contraintes liées à l’enseignement pendant cette crise. La situation était difficile pour tous les pays. Il faut en tirer des leçons pour mieux se préparer au cas où la pandémie perdure », relève encore Rahma Bourqia.

Notant qu’un rapport plus détaillé sera rendu public dans les prochaines semaines sur le sujet.

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