Emilio Guerra (Coalition pour Melilla): «le traité de bon voisinage doit être révisé »

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Emilio Guerra, membre du Comité exécutif du parti modéré et progressiste, Coalition pour Melilla (CpM)./ Crédits : DR.

Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez a effectué une visite à Sebta et Melilla, quelques jours seulement après l’apaisement des tensions avec Rabat. Dans cette interview accordée à H24Info, Emilio Guerra, membre du Comité exécutif du parti modéré et progressiste, Coalition pour Melilla (Cpm), revient sur cette visite et commente le réchauffement diplomatique entre l’Espagne et le Maroc.

H24 Info: Pedro Sanchez a quitté le mercredi 23 mars la session de contrôle du gouvernement devant le Congrès, où il devait s’expliquer sur l’apaisement des tensions avec Rabat, pour se rendre à Sebta et Melilla. Qu’en pensez-vous?

Emilio Guerra: le timing a toute son importance en diplomatie. La visite du Premier ministre est un message fort qui fait taire certaines mauvaises langues, car comme il l’a lui-même, rappelé: «Sebta et Melilla sont des affaires d’État».

Le président est venu rassurer et expliquer l’accord passé avec le gouvernement marocain. Nous avons ainsi pu avoir une vision plus ample de la situation actuelle entre les deux pays. La relation avec le Maroc est d’ailleurs essentielle, voire vitale pour notre ville. En toute honnêteté, à notre niveau, nous faisons une politique de proximité et nous oublions la dimension nationale de la politique d’État.

Certains médias espagnols prétendent que le président du gouvernement espagnol a négocié Sebta, Melilla et les Iles Canaries contre un revirement sur le dossier du Sahara. Pourtant la lettre envoyée par Sanchez au roi Mohammed VI n’y fait pas allusion.

Quand des faits aussi importants se produisent, les spéculations vont bon train. Mais le plus important, c’est que notre pays a pris une décision et a su trouver un accord qui arrange l’Espagne et le Maroc. Pour nous, c’est fondamental.

Que ce soit pour les habitants de Melilla ou ceux de Sebta, le réchauffement des relations entre Rabat et Madrid nous donne de l’espoir. Melilla est une ville frontalière. Pour nous, il est impératif qu’il y ait une coopération et une entente entre les deux pays. On s’égare souvent en se focalisant sur l’aspect économique et on néglige les liens sociaux et familiaux plus forts mais surtout les plus importants. La fermeture des frontières s’éternise. Nous espérons que Melilla redevienne ce qu’elle était, c’est-à-dire une ville ouverte.

Lire aussi: Vidéo. Pedro Sánchez: pour l’Espagne, «Melilla est une affaire d’État»

Espérez-vous une réouverture immédiate des frontières ?

En effet, nous pensons que la réouverture de la frontière devra être étudiée et discutée entre les deux pays. Le plus important est qu’elle soit rouverte, bien que nous sommes conscients que rien ne sera plus comme avant.

Depuis la fermeture des frontières avec Melilla en 2018, nous essayons de sensibiliser les commerçants en leur expliquant que le modèle économique d’antan ne pourra pas être rétabli. Nous essayons de les aider pour qu’ils puissent se préparer et anticiper ce changement majeur dans les relations économiques entre l’enclave et le Maroc.

Après la fin de la contrebande, quelles sont les alternatives proposées par votre gouvernement local ?

À Sebta, il n’y a pas de frontière commerciale, contrairement à Melilla où elle est en place depuis le XIXe siècle. Mais en effet, l’ancien modèle reposant sur la contrebande est complètement obsolète, bien que ce soit un phénomène présent au niveau de toutes les frontières.

Nous tentons depuis la fermeture de la frontière de sensibiliser les entrepreneurs et commerçants pour qu’ils puissent trouver un nouveau modèle. Mais la tâche n’est pas si simple, car la majorité de ces professionnels a énormément souffert non seulement de la fermeture de la frontière, mais également de la pandémie du Covid.

Nous attendons aussi la tenue de la réunion bilatérale de haut niveau entre le Maroc et l’Espagne. Reporté à plusieurs reprises, ce rendez-vous nous permettra de concrétiser les nouvelles relations que l’on veut entre les deux pays.

Nous faisons toujours référence dans ce sens au traité de bon voisinage avec le Maroc, signé à Rabat en 1991. Mais ce traité est vieux de 31 ans. Il mérite d’être révisé et amélioré. D’ailleurs, nous estimons que cette prochaine réunion sera primordiale.

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