Ecole Ernest Renan: les parents ne souhaitent pas que l’enseignante soit sanctionnée

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Les parents de l’école française Ernest Renan, à Casablanca, ont lancé une pétition pour défendre le directeur, ainsi que la maîtresse de CM2 ayant distribué à ses élèves un exercice jugé « raciste et sexiste » par l’AEFE. H24Info a recueilli les témoignages de trois d’entre eux.

À la suite de la polémique la semaine dernière au sujet d’un exercice visant à expliquer la théorie de l’évolution et présentant une femme noire parmi des singes, l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) a ouvert « une enquête administrative » qualifiant l’évènement de « faute grave » afin de prendre « les mesures qui s’imposeront ». Les parents de l’école s’inquiètent du sort de l’enseignante incriminée et ne souhaitent pas qu’elle devienne « le bouc émissaire de tout un système ».

Initiée le 27 mars dernier, la pétition en ligne a déjà recueilli plus de 300 signatures pour une école enregistrant quelque 800 élèves. « Nous exprimons notre solidarité envers cette enseignante de CM2 et le directeur de l’école Ernest Renan; et demandons qu’il n’y ait pas de sanctions à l’encontre de l’enseignante ou du directeur », lit-on notamment au sein du document. Certes, il y a eu une « maladresse », mais les conséquences sont disproportionnées, voilà en substance le message passé par les parents signataires de cette pétition.

« J’ai parlé de cet exercice avec mon fils et deux-trois copains à lui. Pour eux, l’enseignante leur a expliqué le principe que chaque singe a son habitat et que nous aussi, nous descendons des singes. Par rapport à la femme représentée, mon fils m’a dit ‘elle est noire parce que c’est une photocopie’« , témoigne Wiam Benjelloun, mère d’un garçon en CM2, également psychologue en cabinet privé et en milieu scolaire.

« Les enfants ne font pas d’amalgame »

« C’est pour vous montrer la naïveté d’un enfant, son esprit ne va pas chercher le vice ou le mal quand il n’est pas apparent. Ce sont plutôt les parents, par souci d’égalité, qui font attention à ça. Les enfants ne font pas d’amalgame, mais il peut y avoir un risque, il faut se poser la question et faire attention. Si à chaque exercice on représente une femme noire, cela peut prêter à une forme de confusion dans l’esprit des enfants, donc il faut rester soucieux », ajoute-t-elle, déplorant de manière générale la trop grande « liberté et rapidité » dans le choix des exercices, « à l’ère d’internet », on privilégie « la facilité à la qualité ». « C’est bien facile de faire porter la responsabilité sur un seul professeur, mais c’est tout un système qui est responsable ».

 

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« On aimerait que cette polémique cesse, car c’est une maîtresse excellente, pas du tout raciste, à laquelle les enfants sont très attachés », témoigne à son tour une mère d’élève requérant l’anonymat, également anthropologue, qui figure parmi les parents à avoir écrit à la maîtresse concernant cet exercice. « Pour moi, c’est un problème en interne qui concerne un exercice qui existe depuis une dizaine d’années et qui est issu de l’éducation nationale française, que les professeurs restituent tel quel car il fait partie du programme », énonce-t-elle.

« Les enfants ne perçoivent rien de toute cette polémique, tout ce qu’ils comprennent, c’est que nous sommes tous des grands singes, soit la théorie de l’évolution. La maîtresse elle-même était choquée, et n’avait pas vu les choses sous un autre angle », explique l’anthropologue qui conçoit que « cette représentation peut créer des amalgames qui ne sont pas conscients ». « Hors contexte, ce sont des représentations qui sont dérangeantes. Il faut faire attention aux représentations de la théorie de l’évolution qui peuvent être mal comprises ».

« Elle n’est pas responsable »

« C’est une maîtresse qui a une très bonne réputation, qui est là depuis des années et que les enfants aiment beaucoup. Ils ont besoin d’elle surtout en ces moments très compliqués de pandémie. Elle n’est pas responsable, elle aurait dû faire attention, mais l’ampleur des choses est disproportionnée. L’erreur a été directement relevée par la direction, l’école a fait ce qu’il fallait. À travers cette pétition, nous souhaitons défendre la maitresse et le directeur contre des sanctions éventuelles, pour ne pas qu’ils deviennent le bouc émissaire d’un problème qui doit être réglé par l’AEFE », abonde-t-elle.  »

 

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Même opinion du côté d’une autre mère d’élève, qui s’exprime aussi en anonyme: « Les parents se sont mobilisés car l’enseignante en question est une excellente enseignante, qui est à Ernest Renan depuis des années et ils ne veulent pas qu’elle soit sanctionnée, pour une maladresse certes, mais ce n’est pas un évènement qu’elle a produit, ce sont des documents à disposition de l’ensemble des enseignants sur le site « La Main à la Patte« .

« Ernest Renan est une école tout sauf raciste ou sexiste, de très belles valeurs sont enseignées dans cette école, donc on n’a pas envie que l’école de nos enfants soit mise à mal de manière injuste et injustifiée. Tous les systèmes éducatifs sont perfectibles, et la réaction du directeur est à saluer et donne un très bon exemple à nos enfants, on peut tous faire des erreurs », poursuit-elle.

Le visuel faisant polémique était proposé depuis plusieurs années dans un exercice déposé sur le site « La Main à la Patte » par un enseignant exerçant au Gabon. Il a ainsi dû être utilisé à plusieurs reprises, et dans plusieurs établissements en Afrique et ailleurs. Depuis la sortie médiatique le 26 mars dernier de cet événement, le site a modifié le visuel en remplaçant la femme représentée par un logo schématisé et impersonnel.

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