Diapo. Le Twin Center, un géant de papier

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Twin Center
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Symbole du renouveau de la ville de Casablanca, le Twin Center, un centre commercial au cœur du quartier Maârif et premier « gratte-ciel » du Maroc, a longtemps été le centre le plus important de la ville blanche. Aujourd’hui, il n’est plus autant visité et son état pose plusieurs questions. 

Il est 17 heures, un samedi. Les Casablancais flânent par centaines dans les centres commerciaux. Pourtant au Twin Center, l’affluence des visiteurs est au plus bas. Seule une vingtaine de personnes investit le centre commercial. La plupart d’entre eux ne s’attardent pas sur les vitrines des magasins et foncent vers les salons de coiffure tenus par des subsahariens. Ces derniers sont nombreux, des fois plus de 4 salons par étage, et leurs magasins sont les seuls à ne pas manquer de clients.

En se promenant dans les entrailles de ces colosses en béton, on note que les magasins fermés ou abandonnés et que les panneaux « à vendre » ou «  à louer » prolifèrent. L’ambiance est calme, presque morose en raison de l’absence d’une quelconque animation. L’escalator tombe en panne par moments et l’état des toilettes est déplorable.

 

 

Halima*, propriétaire d’un magasin et membre du syndic, explique que certains magasins sont fermés depuis 20 ans. « Il y a 8000 m de non exploités, soit 200 magasins fermés, on ne sait pourquoi ! »

« Avant, il y avait tellement de clients qu’on n’arrivait même pas à tous les accueillir et maintenant, regardez l’état des choses ! Les 10 ans suivant l’ouverture du centre en 1996, l’activité était au top. Puis ça a baissé et l’ouverture d’autres malls comme le Morocco Mall, Anfa place etc… a empiré les choses », explique Leila*, l’une des plus anciennes propriétaires de magasins au Mall. Elle nous explique avoir acheté son magasin au prix de 35.000 DH le m2.

Des employés au chômage

« Les impôts sont élevés alors que les commerces se font rares. La plupart des propriétaires ont été obligés à se séparer de leurs employés, pour éviter la faillite. C’est  plus de personnes au chômage, alors que le mall devrait créer de l’emploi », se désole-t-elle.

Les frais du syndic sont également élevés, celles de 2018, dépassant les 8 millions de DH.

Malika*, une autre propriétaire nous confie n’être même pas arrivée à vendre son magasin.

« Avant il y avait des princes qui visitaient le Twin. Et aujourd’hui, on a presque honte lorsque des diplomates ou hommes d’affaires qui séjournent à l’hôtel  à proximité visitent le centre. Quelle image donnons-nous de notre pays ? », s’insurge-t-elle.

 

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Pour la solution, les propriétaires interrogés sont du même avis. «  Si les magasins fermés abritait des franchises, de restauration surtout, des cinémas et autres lieux de distraction. S’il y avait plus d’animation, on n’aurait pas été dépassés par la concurrence. Il suffit que cela se fasse pour que le centre reprenne des couleurs ».

Et d’ajouter « Nous souhaitons adresser un message au roi afin qu’il intervienne pour sauver ce site qui est quand même l’un des plus importants de la ville et du Maroc ».

 

Merci aux Subsahariens

 

Pour leurs parts, les Subsahariens installés au centre ne se plaignent pas de la situation.

« Il y a pas mal de clients qui nous rendent visite surtout grâce au bouche à oreille », nous dit Angèle* locataire de magasin.

Ces clients viennent s’offrir des soins de beauté (manucure, pédicure, gel permanent, faux ongles, tresses, extensions etc …), préférant ces salons qu’aux « coiffeurs à la sauvette » de Bab Marrakech.

 

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« Ici, c’est plus propre, tu es plus à l’aise qu’à Bab Marrakech. Et les coiffeuses sont très gentilles. Je reviens très souvent les voir surtout que j’habite à côté », témoigne une cliente.

Angele nous confie que le coût de location de son magasin s’élève à 10.000 DH le mois. « Il y a d’autres salons loués à 25.000, ça dépend de l’étage et de la superficie », ajoute-t-elle. Un coût de location assez cher mais qui n’a pas influencé les prix des soins qui restent moyens.

 

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