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Crisis Group: comment les États-Unis ont évité une guerre directe entre le Maroc et l’Algérie
Publié leUn rapport publié fin novembre dernier par l’International Crisis Group (ICG) met en lumière les tensions persistantes entre le Maroc et l’Algérie, soulignant que le statu quo actuel reste fragile.
La course à l’armement, la désinformation en ligne et les actions des séparatistes du Polisario pourraient envenimer davantage les relations entre le Maroc et l’Algérie, alerte un récent rapport de l’International Crisis Group (ICG).
Publié le 29 novembre dernier, le document intitulé “Managing Tensions between Algeria and Morocco” met également en avant l’intervention cruciale des États-Unis pour éviter une confrontation directe entre les deux voisins, tout en appelant les pays européens à intervenir, particulièrement pendant cette période de transition après les élections présidentielles américaines, afin de promouvoir un dialogue de paix et éviter une confrontation militaire.
Crise diplomatique
Depuis 2021, une crise diplomatique majeure oppose le Maroc et l’Algérie. Le voisin de l’est a rompu ses relations diplomatiques avec le Royaume, après la normalisation des relations entre Rabat et Israël en 2020 et les accords militaires qui ont suivi. Alger perçoit en effet cette évolution comme une menace pour sa sécurité nationale, augmentant ainsi les tensions. Dans son rapport, l’ICG souligne les risques actuels et les efforts entrepris pour prévenir une nouvelle escalade.
Le pire scénario évité
L’ICG alerte sur le fait que la reprise des relations entre le Maroc et Israël, combinée à d’autres sujets de divergences, notamment la question du Sahara, aurait pu mener à une escalade militaire. Toutefois, la retenue des deux parties et l’implication de la diplomatie américaine ont permis d’éviter le pire scénario jusqu’à présent.
Le rapport met en exergue l’importance de l’administration Biden dans ce processus de désescalade, en maintenant une pression diplomatique sur l’Algérie, le Maroc et le Polisario afin de prévenir un conflit ouvert. En revanche, l’Europe peine à naviguer entre les intérêts contradictoires des deux pays. Bien que des pays comme l’Espagne et la France aient tenté de maintenir un équilibre, ils se sont néanmoins alignés sur le Maroc, soutenant sa souveraineté sur le Sahara occidental et son plan d’autonomie.
Déséquilibre stratégique en faveur du Maroc
L’ICG identifie plusieurs facteurs qui pourraient compromettre l’équilibre fragile entre les deux voisins. Il s’agit notamment de la course aux armements qui nourrit des perceptions de menace. Bien que l’armée algérienne dispose d’un budget supérieur à celui du Maroc, ce dernier a acquis des équipements militaires avancés provenant des États-Unis et d’Israël, créant ainsi un déséquilibre stratégique.
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Le rapport insiste également sur le rôle crucial de Washington dans le maintien de la paix dans la région. Cependant, il avertit que la réélection de Donald Trump pourrait raviver les tensions. «Le retour imminent de Trump à la Maison Blanche soulève la question de savoir si les États-Unis continueront d’essayer de jouer un rôle tampon entre les deux pays ou s’ils soutiendront fermement Rabat», peut-on lire dans le rapport.
L’UE en tant que substitut des États-Unis ?
Dans ce contexte, les analystes de l’ICG estiment que les acteurs européens pourraient être appelés à prendre les devants sur le plan diplomatique. Ils devront s’efforcer de gérer les facteurs de risque qui rendent le conflit plus probable et encourager un retour à la table des négociations pour résoudre la situation du Sahara. «Des progrès sur ce front permettraient également d’améliorer les relations de voisinage et d’ouvrir la voie au dialogue entre Rabat et Alger», ajoutent-ils.
«Lorsque les deux pays seront prêts, il sera essentiel que les acteurs extérieurs – à commencer par les gouvernements européens, qui bénéficieraient certainement d’une amélioration des relations – les encouragent à aller au-delà de la reprise des relations diplomatiques et à approfondir leur coopération», exhortent-ils.
Et de conclure : «En travaillant ensemble sur des questions d’intérêt commun, les deux voisins pourraient contribuer à construire une Afrique du Nord plus stable et plus prospère, avec des répercussions positives à la fois sur le projet d’intégration régionale et sur la sécurité européenne.»