Covid-19: Thaïlande, Pérou, France… des Marocains bloqués à l’étranger témoignent leur détresse

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Photo d'illustration./DR

Ce qui devait être des vacances s’est transformé en un véritable cauchemar. Des milliers de Marocains sont bloqués à l’étranger ne pouvant pas regagner le pays, qui a décidé de suspendre toutes les liaisons maritimes et aériennes. Depuis, les quatre coins du globe, ces Marocains lancent un appel à l’aide. 

Ils n’avaient prévu de passer que quelques jours à l’étranger, pourtant cela fait plus d’un mois, pour certains, qu’ils sont bloqués. Une situation vécue par plusieurs personnes au cours des dernières semaines, suite à la propagation du coronavirus (Covid-19), forçant tous les pays à prendre des mesures draconiennes. Alors que pratiquement tous les pays ont procédé aux rapatriements de leurs nationaux, les Marocains attendent toujours.

Éparpillés sur les cinq continents, ces Marocains, parfois dans des situations très difficiles, demandent une aide urgente. C’est le cas de Ouissam et son époux, actuellement bloqués à Istanbul. Partis pour dix jours de vacances, ils ont été surpris d’apprendre juste avant leur retour, que le Maroc avait décidé de fermer ses frontières. Enceinte de sept mois, Ouissam nous confie ne pas s’être rendue chez son médecin depuis le mois de février. «Je vis dans l’horreur, je n’arrive plus à dormir», nous dit-elle.

«Juste rentrer chez nous»

Si l’ambassade du Maroc a pris en charge leur hébergement, «leur aide s’arrête là, ce que (je) peux comprendre mais (nous) voulons rentrer chez nous, nous sommes prêts à être mis en quarantaine, à payer nos tests de dépistage (…) juste qu’on puisse rentrer chez nous», poursuit Ouissam.

En France, ils sont encore plus nombreux. Meryem, partie elle aussi pour quelques jours avec son nouveau-né et sa grand-mère, a été surprise d’apprendre la suspension des liaisons entre la France et le Maroc. Elle devait rentrer le 19 mars, mais un mois plus tard elle n’a toujours pas regagné le Maroc. «Mon bébé n’a pas fait son vaccin, j’ai aussi peur pour ma grand-mère (…) nous sommes épuisés physiquement, moralement, sans oublier l’impact financier», confie Meryam qui ne veut «que rentrer chez elle au Maroc».

 

Lire aussi: Coronavirus: des touristes encore bloqués découvrent l’hospitalité marocaine

 

Devant les députés, ce lundi 13 avril, le chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani a annoncé qu’un «suivi est mené pour préparer le retour» de ces Marocains. Sans donner de date, le chef du gouvernement a demandé aux Marocains bloqués de «s’armer de patience».

«Nous avons fait preuve de patience durant plus d’un mois, nous sommes esquintés (…) la réelle torture psychologique est que nous ne savons pas quand est-ce que nous pourrons rentrer au Maroc. Notre patience s’épuise», confient Amine et son épouse, partis pour de simples vacances en ayant laissé leur bébé de 18 mois au Maroc.

L’hébergement du couple est pris en charge par l’ambassade du Maroc à Paris, nous explique-t-il. Les ambassades du Maroc fournissent en effet une aide précieuse aux ressortissants. Un travail applaudi par le chef du gouvernement devant les députés. «Le ministère des Affaires étrangères et le ministère délégué chargé des Marocains résidant à l’étranger travaillent jour et nuit pour trouver des solutions aux Marocains bloqués à l’étranger, en leur fournissant des logements, des médicaments et en mettant à leur disposition des équipes médicales», a-t-il déclaré.

Une aide limitée

Pourtant ces aides sont très limitées, affirment nombre de nos interlocuteurs. Khalid* se trouve actuellement en Thaïlande où le confinement obligatoire a déjà été décrété. Il a créé un groupe Facebook réunissant 80 ressortissants marocains  bloqués dans l’archipel. Et de nous préciser que seuls 15 d’entre eux ont pu bénéficier d’un hébergement pris en charge par les services consulaires, affirme-t-il.

Sans ressources, Khalid* a dû se démener pour trouver une solution, bien qu’il ait sollicité l’aide de l’ambassade à Bangkok. «Je n’avais plus d’argent, j’ai finalement dû en emprunter, alors que j’avais expliqué ma situation au service de l’ambassade», affirme notre interlocuteur. L’ambassade l’a finalement remboursé et envoyé le montant exact qu’il a emprunté, «avant de m’abandonner encore», poursuit-il.

 

Lire aussi: Coronavirus: bloqués à l’étranger, des Marocains témoignent leur galère

 

À des milliers de kilomètres de là, Jalil et quatre autres Marocains sont bloqués au Pérou. Le jeune Jalil et son ami affirment avoir été pris en charge pendant les deux premières semaines par l’ambassade du Maroc au Pérou. «Mais par la suite, on nous a expliqué qu’ils n’avaient plus de fonds. Par chance, nous avons été aidés par un brave homme ici, qui nous a laissé son studio. Mais nous n’avons plus d’argent et le niveau de vie est très élevé ici. Et le mois de ramadan approche», explique Jalil.

«Nous sommes dans un état lamentable, nous connaissons personne ici et ils ne nous restent plus qu’une poignée de dollars, ce qui ne sera certainement pas suffisant pour passer le mois sacré», poursuit-il. Le même sentiment «d’abandon» est partagé par Mohamed, parti en mission de travail en Tunisie. Après avoir été contacté dans un premier temps par l’ambassade du Maroc, il n’a plus aucune nouvelle depuis, affirme-t-il.

Les problèmes de liaisons avec les ambassades et services consulaires nous sont rapportés par de nombreux ressortissants dispersés à travers le monde.

Le chef du gouvernement, évoquait devant la première Chambre un total de «7.500 Marocains bloqués à l’étranger». Un chiffre très éloigné de celui donné par Fouad Yazourh, ambassadeur, directeur général des relations bilatérales au ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. Ce dernier, apparu dans un live du youtubeur Mustapha Swinga, datant de ce lundi 13 avril, parlait de 18.055 touristes marocains bloqués à l’étranger.

Une chose est sûre, tous voudraient rentrer au pays. Dernier espoir, les discussions engagées, ce mercredi 15 avril, par la Commission des affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l’étranger à la chambre des représentants pour essayer de trouver une issue à ce problème.

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