Covid-19: «A Marrakech, la situation n’est plus sous contrôle!», déplore le personnel médical

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La situation épidémiologique au niveau national inquiète. Les grandes villes du royaume s’accaparent la quasi-totalité des cas, avec à leur tête Casablanca, Tanger et Marrakech. Dans la ville ocre, la situation n’est plus sous contrôle et pourrait mener à la catastrophe, avertissent les professionnels de la santé.

Salles d’attentes bondées, potentiels cas non testés et pénurie de traitements sont devenus habituels à Marrakech. Imad Sousou, vice-secrétaire régional de la Fédération nationale de la santé (FNS), affiliée à l’UMT, nous dessine un tableau catastrophique à l’image des photos et vidéos circulant sur les réseaux sociaux et qui sont authentiques, nous souligne-t-il.

Des images qui se traduisent également sur les chiffres. En effet, au 17 août, «Marrakech comptait plus de  2.276 cas positifs au test Covid-19 et hospitalisés (…)plus de 30 cas sont pris en charge dans les unités de réanimation et de soins intensifs, ou sous respiration artificielle dans la région de Marrakech/Safi (…) Et à ces chiffres, s’ajoutent 127 décès et un taux de guérison aux alentours de 67%», rapporte le quotidien l’Economiste.

 

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Pour Imad Sousou, urgentiste à l’hôpital Ibn Tofail, la faute est aux infrastructures et à la «gestion calamiteuse dans la région, qui n’a même pas de délégué régional de la santé, tout comme l’hôpital Ibn Zohr où les deux derniers directeurs ont déposé leur démission, laissant ce poste vacant au jour d’aujourd’hui».

Pire encore, «l’hôpital Ibn Zohr ne répond pas aux normes et ne peut en aucun cas supporter la pression provoquée par l’épidémie du coronavirus, marquée ces deniers jours par une recrudescence des cas de contamination», poursuit notre interlocuteur. «Cet hôpital ne devrait être qu’un simple musée», s’insurge-t-il.

«L’hôpital s’est transformé en foyer épidémique»

Pourtant, tous les patients sont conduits à l’hôpital Ibn Zohr, le plus important au niveau régional. Mais une fois sur place, «l’hôpital ne dispose même pas d’un circuit Covid. Tous les malades se retrouvent dans un même espace, et face au flux très abondant ces dernières semaines, le tri n’est plus effectué», poursuit l’urgentiste qui souligne que l’hôpital est «devenu un foyer épidémique».

Quant aux tests, ce n’est un secret pour personne, «nous n’arrivons plus à les effectuer et les laboratoires privés de la ville ne sont même pas outillés pour en faire». «Sincèrement, nous ne savons plus quoi dire aux patients, car même le traitement n’est plus accessible à tout le monde», déplore le syndicaliste.

«Les urgentistes travaillent avec très peu de moyens (…) je suis obligé de mettre une blouse qui n’est même pas à ma taille tous les matins et de désinfecter avec des moyens rudimentaires mes lunettes de protection», témoigne l’urgentiste. Pis encore, de «graves problèmes structurels» gangrènent l’hôpital qui ne dispose pas d’oxygène mural pour porter assistance aux patients les plus mal en point, «nous n’utilisons que des bouteilles d’oxygène qui se vident rapidement», poursuit-il.

 

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« De plus, le personnel est esquinté et nous avons de graves problèmes au niveau des ressources humaines, alors que la tranche d’âge des médecins et infirmiers sur place frôle l’âge légal de la retraite », poursuit le vice-secrétaire régional de la FNS-UMT.

Imad Soussou s’indigne aussi face au silence des responsables alors, que «nous sommes dépassés et que nous ne connaissons pas la stratégie du ministère de la Santé. Aucun responsable ne s’est donné la peine de nous voir. Nous sommes livrés à nous-mêmes», s’insurge Imad Sousou.

Plaidé par le personnel soignant du pays, un soutien du secteur privé se fait attendre. «Où est le privé ?», s’interroge notre interlocuteur, qui précise que «pour l’instant ils se contentent de faire des scanners puis ils réorientent vers l’hôpital public». «Ce que nous voulons c’est une véritable entraide entre le secteur public et le secteur privé et que cette dernière soit coordonnée», conclut-il.

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