Le chef de la cellule jihadiste de Nador était un militant du PP

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Mohamed Hafid. Crédit: DR

Comment un militant du Partido Popular de Melilla s’est-il retrouvé à la tête d’une cellule jihadiste qui voulait commettre des «attentats terroristes de grande envergure» au Maroc et en Espagne?

Mohamed Hafid a été arrêté mercredi dernier dans sa ville natal de Melilla, alors que les autres membres d’une cellule jihadiste qu’il dirigeait étaient arrêtés à Nador. Mais l’histoire devient plus intéressante quand on apprend que l’homme de 39 ans était membre de la division locale du parti espagnol Partido Popular (PP) il y a à peine 3 ans. Comment s’est-il donc retrouvé à la tête d’une cellule jihadiste qui voulait commettre des «attentats terroristes de grande envergure» au Maroc et en Espagne?

Mohamed Hafid lors de la Feria de Melilla.

 

Pour El Confidencial, intégrer le PP relevait probablement moins de la conviction que d’un moyen sûr d’avoir un emploi à Melilla. En effet, il a été embauché comme auxiliaire d’enseignement par un centre de rééducation pour mineurs, qui dépend du Conseil du bien-être social et des affaires sociales du préside occupé dirigé par Juan José Imbroda du PP. «C’est comme si on mettait le loup dans la bergerie», estime un journaliste local, citée par El Confidencial. Hafid s’occupait de 38 jeunes principalement d’origine marocaine, enfermés pour divers délits.

Du pour au contre

Le jeune Hafid était tellement libéral qu’il avait épousé une non musulmane, avec qui il eut deux garçons. Ils sont séparés depuis quelques années. L’homme dédiait une bonne partie de son temps libre à son parti, au sein duquel il était très actif. Sur Twitter également, il ne cachait pas son enthousiasme. Dans un de ses tweets pendant les joutes municipales de 2015, il avait dit d’Imbroda qu’il «pourrait être le meilleur président dont les Espagnols ont besoin», et lui dédiait «exclusivement sa lutte». Il a même déjà qualifié la Coalition pour Melilla, parti local principalement musulman, de «bande de lâches».

Hafid avec son ex-compagne espagnole.

Mais une année après, tout a commencé à changer. Il s’absentait de plus en plus au travail, il s’est laissé pousser la barbe, a troqué son polo et sa chemise contre une djellaba, et assistait régulièrement à la prière à la mosquée Blanche de la Cañada Hidum, aussi appelée la «Cañada de la Muerte» (la Vallée de la Mort). Sa radicalisation était lancée.

Brebis galeuse

L’arrestation de Hafid mercredi dernier a mis le PP de Melilla dans une position des plus désagréables. De son côté, les socialistes du PSOE ont demandé une réunion d’urgence de la commission de l’Assemblée municipale, mais Imbroda s’y est imposé. En public, il a également essayé de rejeter tout lien entre lui et Hafid, «qui ne payait plus ses cotisations depuis 3 ans et n’avait pas le droit de participer aux élections internes», rapporte El Confidencial. Le maire a également assuré que le jihadiste a été suspendu du parti et expulsé de son travail ce même mercredi.

Hafid lors de sa radicalisation. Crédit: Elconfidencial.

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