Belgique: Toujgani, l’imam expulsé, avait des liens avec Mohamed Fizazi au Maroc

Publié le
Belgique,imam marocain,expulsion,appel,"brûler des Juifs",Sûreté de l'Etat,Mohamed Fizazi,Islam

Considéré comme « une menace à la sécurité nationale » belge, l’imam marocain qui s’est vu retirer son droit au séjour en octobre dernier, avait des liens avec Mohamed Fizazi au Maroc. Il avait notamment appelé à « brûler des Juifs » dans une vidéo.

L’imam marocain Mohamed Toujgani, qui fait l’objet d’un avis d’expulsion en Belgique rendu par la justice le 5 octobre dernier a eu des contacts avec le prédicateur Mohamed Fizazi, condamné à 30 ans de prison ferme après les attentats terroristes du 16 mai 2003 de Casablanca, avant de bénéficier d’une grâce royale.

L’information est rapportée par le portail de la chaine télé bruxelloise néerlandophone Bruzz, qui cite la Sûreté de l’Etat, le service de renseignement belge. « Il (Toujgani) a également eu des contacts avec des personnalités extrémistes, dont le prédicateur haineux Londonien Abu Qatada qui a des liens avec Al Qaïda, mais aussi Mohamed Fizazi, condamné à 30 ans prison, mais gracié (…) ou encore Abu Ishaq Al Huwayni qui défendait un marché d’esclaves« , détaille le média.

Lire aussi: France: un Conseil national des imams installé par la Mosquée de Paris et trois fédérations

Dans son jugement, le ministère public belge explique, entre autres, que si les « prêches publiques de Toujgani paraissent modérés », l’homme affiche des idéologies plutôt extrémistes.

En 2000, il a déclaré à une radio qu’il n’était pas d’accord avec le projet marocain de relever l’âge du mariage des filles à 18 ans, estimant que « certaines filles sont sexuellement matures dès l’âge de 9 ans ». Le prédicateur a toujours plaidé pour la polygamie. Il a, lui-même, deux femmes avec qui il a eu pas moins de onze enfants.

Espionnage pour le Maroc ?

En outre, la Sûreté de l’État assure qu’il serait même impliqué dans une sombre affaire d’espionnage pour le compte du Maroc dans le but « de contrôler l’islam belge ». Il aurait pu y parvenir en tant que président de la Ligue des imams (marocains) de Belgique et en tant que membre du Conseil des théologiens, qui forme les imams », souligne la même source.

Enfin, il « détesterait aussi les chiites, les juifs et l’Occident ». « La vidéo de 2009 dans laquelle il appelait à brûler des Juifs n’était pas une exception », ont fait savoir les services de renseignement belges, citant un prêche de 1988 dans lequel il qualifie « la jalousie et l’hypocrisie » comme « typiquement juifs ».

L’information de son expulsion a été révélée la semaine dernière par la chaîne publique flamande VRT, puis confirmée par le secrétaire d’Etat belge à l’Asile et la migration, Sammy Mahdi.

Sans préciser la date d’expulsion, M. Mahdi avait alors affirmé devant les députés que Mohamed Toujgani n’était « en ce moment pas sur le territoire belge ». « Cet homme était probablement le prédicateur le plus influent de Belgique », a poursuivi le secrétaire d’Etat. L’interdiction de séjour, pour « extrémisme » et « ingérence », porte sur une durée de dix ans, a-t-il dit.

Imam contesté

Toujgani, qui prêchait jusqu’à l’an dernier à la mosquée Al Khalil à Molenbeek, l’un des plus grands lieux de culte musulman de Belgique, s’est vu retirer son permis de séjour le 12 octobre 2021, avait indiqué le département de M. Mahdi dans un communiqué. Ce prédicateur « était contesté depuis un certain temps. En 2009, il avait encore appelé à brûler des Juifs », selon ce communiqué.

La vidéo avait refait surface en 2019, a précisé la VRT, soulignant que M. Toujgani s’était excusé pour ces propos, évoquant « un dérapage » lié à « la guerre » menée par Israël contre les Palestiniens dans la bande de Gaza.

M. Toujgani, responsable de la Ligue des imams marocains de Belgique, était surveillé par la Sûreté de l’Etat, le service de renseignement civil belge. Sammy Mahdi a expliqué avoir décidé l’interdiction de séjour il y a trois mois « sur la base d’informations provenant des services de sécurité », et « en raison de signes d’un grave danger pour la sécurité nationale ».

« Nous ne tolérons pas ceux qui divisent et menacent notre sécurité nationale », a insisté le secrétaire d’Etat devant la Chambre des représentants.

Lire aussi. France: deux imams suspendus après des propos discriminatoires envers les femmes

Pourquoi cette décision en 2021? Sollicitée par l’AFP, la Sûreté de l’Etat a répondu qu’elle « ne communique pas d’informations sur un dossier individuel pour lequel des procédures sont en cours ». D’après la VRT, M. Toujgani a saisi un avocat pour contester son expulsion.

Il s’agit d' »une affaire strictement privée sur laquelle notre institution n’a aucun commentaire à apporter », a réagi de son côté l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB), le plus ancien organe représentatif et interlocuteur de l’Etat belge pour la gestion du culte.

L’EMB a aussi souligné, dans un communiqué publié sur son site internet, n’avoir « pas de lien d’autorité avec les imams non rattachés aux mosquées subventionnées ».

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

Belgique: Toujgani, l’imam expulsé, avait des liens avec Mohamed Fizazi au Maroc

S'ABONNER
Partager
S'abonner