Sécheresse: «Les Marocains devront se préparer à des coupures d’eau», selon le chercheur Fouad Amraoui

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Les pluies tardent encore avec pour conséquence l’assèchement des fleuves et barrages au Maroc. Imposées sporadiquement dans quelques villes, les coupures d’eau risquent de se généraliser avertit Fouad Amraoui, professeur chercheur en hydrologie à l’Université Hassan-II de Casablanca et président de l’Association de recherche Action pour le développement durable.

«L’Oued Sebou fait face à des menaces croissantes», avertit l’ONG Fonds mondial pour la nature (WWF) dans une récente publication. Le fleuve qui représente le moyen de subsistance pour près de 6,2 millions de Marocains fait face à une surexploitation et à une pollution mettant en péril sa santé, poursuit la même source, notant que la végétation autrefois verdoyante ne recouvre plus désormais que 25% du fleuve.

Contacté par H24Info, Fouad Amraoui, expert en eau, tire lui aussi la sonnette d’alarme: «L’oued fait face à une importante pollution».  «Le rejet des eaux usées pose toujours problème, bien qu’à Fès par exemple une station de traitement a été installée. Ceci couplé au rejet aléatoire des margines (effluents issus de l’extraction de l’huile d’olive) fait que l’Oued est fortement pollué», souligne notre interlocuteur. 

L’Oued Sebou et ses affluents alimentent toutefois plusieurs barrages. Il abreuve d’ailleurs plusieurs villes en eau potable, notamment la ville de Fès et plusieurs autres dans la région du Gharb, où le fleuve termine sa course non loin de Kénitra.

À l’image d’autres fleuves au Maroc, l’Oued Sebou subit aujourd’hui une forte période de sécheresse. L’oued Moulouya n’atteint plus la mer et la situation au niveau des barrages n’est pas meilleure, souligne Fouad Amraoui. À titre d’exemple, le barrage d’Al Massira, deuxième plus grand bassin artificiel au Maroc n’affiche un taux de remplissage que de 7%, et celui de Bin el Ouidane de 13 seulement%, note notre interlocuteur.

Des coupures à prévoir

A noter par ailleurs, les pluies qui tardent encore à faire leur apparition. «L’année dernière a été moyenne en terme de précipitations et elle intervenait après deux années de sécheresse», rappelle Fouad Amraoui. Les barrages n’ont donc pas pu se remplir suffisamment et cette année encore les pluies sont arrivées tardivement vers le 15 novembre avant de stopper net, poursuit l’expert qui prédit une année «très, très compliquée».

Lire aussi: Fouad Amraoui, expert en eau: «Le dessalement est une obligation, ce n’est plus un choix»

Les barrages auraient pu permettre de faire ce que les experts appellent «une lâchée» ou un «débit sanitaire» depuis les barrages pour alimenter les cours d’eau. «Mais même cette option n’est pas envisageable», souligne notre interlocuteur.

En effet, cela fait des années que le Maroc n’a pas été confronté à des taux de remplissages aussi bas au niveau de ses barrages. «S’il n’y a pas de pluies durant les mois à venir, nous allons en pâtir (…) Des restrictions pour rationaliser nos réserves devront être mise en place», estime l’expert, prévoyant «des coupures d’eau inévitables dans plusieurs villes du royaume, comme celles mises en place à Agadir l’été 2020».

Dans ce fait, «un coup d’accélérateur doit être donné au plan d’urgence», conclut Fouad Amraoui, notant que ces «situations catastrophes ne seront plus que récurrentes durant les années à venir».

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