Arnaque au Bitcoin: une famille de Marrakech, délestée de près d’un million d’euros, saisit la justice

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C’est une première dans le pays. La justice a été saisie dans le cadre d’une affaire d’escroquerie à la cryptomonnaie. Une des victimes, installée à Marrakech et ayant perdu près d’un million d’euros, s’est confiée à H24 Info…

Un jeune de 22 ans, issu d’une grande famille de la ville ocre est accusé d’escroquerie à la cryptomonnaie, abus de confiance et constitution d’une bande organisée. Une plainte a été déposée par Michel*, qui n’est pas la seule victime dans le cadre de cette affaire.

La plainte, dont H24 Info dispose d’une copie, a été déposée fin juin de l’année courante. Elle vise un jeune homme et deux autres de ses proches, son père et son frère. Selon l’écrit, le jeune homme, qui connaît ses présumées victimes «s’est présenté comme étant un spécialiste du placement financier rentable et sûr». «Fort de cette proximité et de cette confiance acquise, (il) a réussi à les convaincre de lui confier la totalité de leurs économies en vue d’un placement financier», poursuit la plainte, évoquant des placements dans le Bitcoin.

«Un plan diabolique» mis en place par le jeune homme, selon ses victimes, car peu de temps après, il «informera ses clients d’avoir perdu toutes leurs économies à cause d’une mauvaise manœuvre informatique».

Michel et ses proches ont confié la somme totale de 884.400 euros à Yassine * qu’ils accusent aujourd’hui d’escroquerie.

Installé au Maroc depuis plus de 12 ans, le Français explique avoir connu le jeune homme à travers sa fille qui l’a côtoyé à l’école américaine de Marrakech. Ils faisaient partie d’un «groupe d’amis très soudés, les parents se connaissent et se voient souvent», explique-t-il.

Après l’obtention de leur baccalauréat, « le groupe se dispersera aux quatre coins du monde, mais ils resteront en contact et se réunissent dès que l’occasion se présente», poursuit Michel.

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Début 2020, le jeune étudiant vante devant son groupe d’amis les importants profits qu’il arrive à générer grâce à ses investissements dans le Bitcoin. «Il a réussi à appâter tout le monde avec des discours alléchants, parlant de gros profits à très court terme», se rappelle notre interlocuteur.

Après avoir convaincu ses amis de placer quelques modiques sommes, Yassine arrivera à persuader les parents qu’ils pourraient doubler leur mise, toujours selon notre interlocuteur. L’argument principal de Yassine sera durant tout ce temps que le capital investi est garanti, une promesse écrite noir sur blanc sur des accords qu’il proposera à ses présumées victimes.

Près d’un million d’euros « évaporé »

Michel, sa petite fille, sa fille ainée, son fiancé, ainsi que la belle-mère investiront toutes leurs économies graduellement. Ils ne seront pas les seuls. Trois autres familles marocaines, ainsi qu’une autre famille française, dont le père est un riche industriel, placeront également d’astronomiques sommes entre les mains du jeune Yassine, âgé seulement de 22 ans.

«Il n’a sans cesse souligné que notre capital était garanti», indique Michel. «Les parents plaçaient en moyenne entre 500.000 et 2 millions de dirhams. Quant à nous, nous avions commencé par des petits placements à partir du mois de mars 2021», poursuit-il.

«Lorsqu’on plaçait dans les 200.000 DH, il nous disait peu de temps après que nous avions gagné dans les 50.000 de dirhams. L’appât était donc extraordinaire. Cela a duré tout l’été. Arrivé l’automne, il a commencé à nous demander beaucoup plus d’argent avec des placements beaucoup plus importants», explique notre interlocuteur.

Dès novembre, Yassine fait parvenir des contrats à ses clients, leur affirmant qu’à partir de là, ils empocheraient 12% de leurs intérêts chaque mois. Les virements sont en effet effectués durant les prochains mois, mais, en février, Michel reçoit un coup de fil d’une autre cliente qui lui dira: «nous avons un gros problème».

«Nous sommes rentrés au Maroc fin février. J’attendais mes intérêts qui n’arrivaient pas. J’ai envoyé plusieurs messages, mais aucune réponse. On a essayé d’appeler directement Yassine*, mais pas réponse évidemment», indique Michel.

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C’est alors que le père de Yassine et le frère ainé donnent rendez-vous à Michel dans un restaurant au cœur de Jamea El Fna. «Arrivés au rendez-vous, ils nous disent, à ma femme et moi, d’éteindre nos téléphones et là ils nous balancent «on a tout perdu». On a vite compris qu’il nous parlait de son fils. Il nous a d’abord dit qu’il allait nous dédommager, mais qu’on avait l’interdiction de voir ou parler à son fils».

«Il nous propose alors de nous dédommager à hauteur de 10%. Une folie. Après quelques échanges, ils nous proposent alors 30% sur l’ensemble de la somme qu’il nous a volée. Il nous disait qu’il ne pouvait pas mieux faire, car il n’avait que ça, mais il était évidemment hors de question d’accepter cette offre, étant donné que son fils ne cessait de nous répéter que notre capital était garanti», poursuit notre interlocuteur.

Les présumées victimes décident alors de déposer plainte peu avant le mois de Ramadan.

Contacté par nos soins, l’avocat de Michel, Me. Mohamed Nakhli, nous affirme que certaines victimes ont trouvé un arrangement avec ceux qu’il accusait, mais que son client est bien décidé à aller au tribunal pour obtenir réparation.

Jointe par la rédaction de H24Info, la partie adverse s’est refusée à tout commentaire.

 

*Les noms et prénoms ont été changés.

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