Analyse. Les trois étapes du règne de Mohammed VI (Mohamed Zinedine)

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1999, le roi reçoit le premier ministre de l'époque, le socialiste Abderrahmane Youssoufi. Crédit: AFP.

Le politologue Mohamed Zinedine revient avec nous sur les vingt ans de règne du roi Mohammed VI. Le professeur de droit constitutionnel et de sciences politiques répartit les 20 années du roi en trois étapes, chacune d’elles a constitué selon lui une période importante dans la gestion de l’Etat. Interview. 

H24info: Quel bilan général dressez-vous après vingt ans de règne du roi Mohammed VI ?

Mohamed Zinedine: Si on devait résumer les vingt ans de règne en une logique d’Etat ce serait: «le changement dans la continuité». C’est un changement qui vise à moderniser le pays et rendre compétitif économiquement tout en sauvegardant l’identité et la culture marocaine. Plusieurs chantiers ont été lancés dans le cadre de cette stratégie, qui porte ses fruits. En ce qui concerne le règne du roi Mohammed VI, je le répartis en trois étapes : (de 1999 à 2003, de 2003 à 2011 et de 2011 à aujourd’hui). Chacune de cette étape a connu des caractéristiques différentes et avec des priorités différentes.

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Pouvez-vous nous en dire plus ?

De 1999 à 2003, le souverain s’est concentré sur le renforcement de l’Etat de droit et la transition démocratique. Cela s’est fait en accordant de nouvelles libertés et en écartant d’anciens responsables. C’était le signal d’un règne nouveau que le roi a développé lors de son discours de Casablanca en 1999. Ce discours parlait du nouveau concept de l’autorité, du pouvoir; et plusieurs implications s’en sont suivis.

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Durant cette même période, le royaume a connu une révolution juridique avec l’instauration de nouvelles lois telles que la Moudawana. Le Maroc a aussi connu durant cette étape une expérience unique au monde en terme de justice de transition, celle de l’instance équité et réconciliation. Le Maroc s’est réconcilié avec son passé tout en garantissant de nouveaux droits et en adoptant les recommandations de l’IER.

La seconde période, qui s’étale de 2003 à 2011, a connu une priorité à l’économie et le social. En économie, le Maroc a lancé plusieurs chantiers structurants tels que Tanger Med, la station Noor, de nouveaux aéroports ainsi que l’élargissement considérables du réseau autoroutier, qui couvre aujourd’hui Agadir à Oujda. Socialement, le roi a lancé l’Initiative national du développement humain en 2003 ainsi que le programme takafoul.

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Cependant, malgré les bons résultats enregistrés, le taux de chômage, la pauvreté et les disparités sociales et économiques entre les régions restent importantes. C’est pour ces raisons que le souverain a décidé de lancer la troisième tranche de l’INDH. Le chantier du nouveau modèle économique du pays va aussi répondre à ces attentes-là.

Qu’en est-il de la troisième étape, qui a commencé en 2011 et qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui ?

Lors du printemps arabe, le Maroc a été parmi les rares pays à réagir positivement avec les revendications de la rue. Le discours du 9 mars 2011 a lancé un gigantesque chantier juridique et constitutionnel, ce qui est une première dans le monde arabe. La constitution de 2011 a acté le changement voulu par le roi et le peuple; et le Maroc est passé à la 2e monarchie. Certes, on n’est pas arrivé au stade de la monarchie parlementaire mais le pays a connu une révolution constitutionnelle, qui garantit une répartition intelligente des pouvoirs avec la précision des limites de chaque pouvoir tout en déterminant la nature des relations constitutionnelles entre les pouvoirs.

Quel bilan faites-vous de la scène politique et partisane depuis 20 ans ?

Je crois que l’état actuel n’est pas désespéré mais il faudra restructurer complètement l’ensemble du champ politique. Il faudra renforcer les partis et la pratique de la politique Les partis devaient profiter davantage des attributs de la nouvelle constitution. Ils ont échoué dans l’encadrement des citoyens et surtout dans la médiation entre l’Etat et la société. Ils sont dans l’attente et n’agissent presque pas. D’ailleurs, aucun parti n’a proposé sa vision ou une proposition pour un nouveau modèle économique du pays. Et ceci ne concerne également les syndicats et la société civile.

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