Al Hoceima: Zefzafi toujours recherché ce samedi

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Alors que le procureur du roi avait lancé un mandat d’arrêt contre lui hier soir pour avoir interrompu le prêche d’un imam dans une mosquée, Nasser Zefzafi était toujours recherché ce samedi. Dans la soirée, des heurts se sont prolongés faisant trois blessés graves parmi les forces de l’ordre. Un calme précaire semble être revenu ce matin. 

Dans un communiqué, le procureur du roi a ordonné vendredi soir « l’ouverture d’une enquête et l’arrestation de Nasser Zefzafi » après que celui-ci ait fait « entrave, en compagnie d’un groupe d’individus, à la liberté du culte dans la mosquée Mohammed V à Al-Hoceima ».

Cette annonce est intervenue au terme d’une journée qui a vu une tentative d’arrestation de Zefzafi, l’annonce erronée de son arrestation puis des heurts -limités- avec les forces de l’ordre déployées à Al Hoceima.

Selon le procureur du roi, le leader du « hirak » (la mouvance) a empêché, lors de la prière du vendredi, « le prédicateur de poursuivre son prêche, prononçant un discours provocateur où il a insulté l’imam et semé des troubles qui ont attenté au calme et à la sacralité du lieu de culte ».

L’incident a été filmé par téléphone portable et diffusé sur Facebook, des images sur lesquelles on voit Zefzafi s’en prendre à l’imam, qu’il traite de « menteur ».

Le ministre des Affaires islamiques, Ahmed Toufik, qui avait annoncé dans un premier temps son arrestation vendredi avant de la démentir, a dénoncé « un acte sans précédent », un délit « grave ».

Interrogé par l’AFP, un proche de M. Zefzafi a expliqué que ce dernier avait réussi à échapper aux policiers venus l’interpeller à la sortie de la mosquée.
Zefzafi est intervenu peu après en direct sur les réseaux sociaux depuis le toit de sa maison à Al-Hoceïma, entouré d’une foule de ses partisans.

Une source autorisée au ministère de l’Intérieur a confirmé qu’il n’avait pas été arrêté, faisant par ailleurs état de jets de pierres sur les forces de l’ordre.

Des groupes de jeunes s’étaient rassemblés vendredi en plusieurs endroits de la ville de 56.000 habitants, où les forces de l’ordre ont pris position en nombre.

La MAP a fait état de « heurts » entre manifestants et policiers, qui ont fait plusieurs blessés, dont « trois graves », du côté des forces de sécurité.

Un journaliste travaillant pour le site d’informations en ligne Hespress a par ailleurs été pris à partie et violenté par des manifestants, selon ce même site.

Des profils Facebook pro-contestation ont affirmé que la maison de Zefzafi avait été fouillée par la police. On ignorait samedi matin où il se trouvait.

« Ca s’est agité avec les jeunes, avant de se calmer dans la nuit », a expliqué un habitant, interrogé au téléphone ce samedi.

Dans la région du Rif, la province d’Al Hoceïma est le théâtre de manifestations récurrentes depuis la mort fin octobre 2016 d’un vendeur de poisson, broyé accidentellement dans une benne à ordures.

L’incident avait suscité l’indignation dans le pays, prenant la forme d’un mouvement plus social et politique.

Mené par un groupe de militants locaux, le « hirak » a de nombreuses revendications pour le développement du Rif, qu’il estime marginalisé. Son leader, M. Zefzafi, multiplie sur les réseaux sociaux les harangues enflammées contre l’exécutif et en faveur du Rif, sur fond de discours identitaire teinté de conservatisme et de références islamiques.

L’Etat a depuis annoncé la mise en œuvre d’un catalogue de projets de développement de la région, désormais une « priorité stratégique ». Une délégation de sept ministres s’était rendue sur place en début de semaine pour relancer plusieurs projets d’envergure.

 

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