Affaire Hajar Raissouni: «Il n’y a jamais eu avortement», selon Myriam Moulay Rachid, avocate du gynécologue

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L’avocate du gynécologue-obstétricien, Mohamed Jamal Belkeziz a lancé une bombe lors de la dernière audience de ce procès. Elle a présenté une expertise médicale qui réfute la pratique d’un avortement. Dans cet entretien Me Myriam Moulay Rachid nous dévoile des éléments de son argumentaire juridico-médical qui réfute la pratique de l’IVG.

H24: A quelques jours du verdict (audience du lundi 30 septembre), comment voyez-vous l’issue de ce procès?

Me Myriam Moulay Rchid: Le Maroc est un Etat de droit. Je crois aux institutions de mon pays, je crois en la justice. C’est à celle-ci que reviendra le dernier mot. Je ne peux pas me prononcer à sa place de la justice. D’un point de vue juridique et d’un point de vue démonstratif, je suis très confiante quant à l’issue heureuse de ce dossier.

-Vous avez produit une expertise qui prouve selon vous qu’il n’y a pas eu avortement. Qu’en est-il vraiment?

Comme mon client n’a cessé de le dire depuis le premier jour -il n’y a jamais eu de contradictions ni dans ses dires ni dans ses déclarations- cette patiente (Hajar Raissouni) est venue le voir avec une hémorragie. Il lui a fait une échographie de diagnostic qui a montré qu’il n’y avait absolument pas de fétus dans son utérus  par contre il y avait un caillot de sang (masses semi-solides et visqueuses composées de cellules sanguines ndlr) qui était à l’origine de l’hémorragie.

Le seul moyen qu’il avait pour lui sauver la vie c’était d’aspirer le caillot de sang. C’est ce qu’il affirme depuis le départ et cela a été corroboré par l’expertise médicale. Le taux de l’hormone Beta HCG qui a été trouvé suite à l’auscultation de Hajar Raissouni par le médecin légiste était de 13585.9 mUl/ml alors que les valeurs usuelles pour une grossesse de huit semaines devraient avoisiner les 90.000 mUl/ml NDLR. Il n’y avait aucun autre matériel sur les lieux qui prouve qu’il y avait un avortement. On a démontré tout cela en long et en large.

 

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-Outre l’expertise, vous avez évoqué d’autres éléments…

La police qui s’est rendue sur place a procédé à la saisie d’un certain nombre d’éléments qui pourraient selon elle inculper le médecin. Elle a saisi des fournitures médicales comme des compresses, des seringues, du coton, etc… Mais elle n’a pas saisi le matériel qui est indispensable pour faire un avortement.

Nous avons cité le matériel pendant l’audience, c’est un ensemble d’instruments techniques qui sont recensés dans le manuel officiel d’utilisation de l’OMS, qui comprend un certain nombre d’instruments qui n’ont pas été saisis. Aujourd’hui, les preuves matérielles par rapport à un avortement provoqué ne figurent pas dans le dossier.

 

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-Vous dites donc que Hajar Raïssouni n’a subi aucun avortement…

Bien évidemment, il n’y avait n’y pince de Pozzi ni rien du tout. Je vais être très honnête avec vous, je pense que le ministère public a fait son travail. Le parquet a reçu une information, il est parti la vérifier et il a rassemblé un certain nombre d’éléments qu’il faut envoyer à une expertise médicale qu’il a faite à l’hôpital Ibn Sina. Les conclusions contenues dans le certificat du docteur Bargache (médecin légiste ndlr) ont induit en erreur le parquet. Cela n’a pas été montré comme il faut, mais c’est le nœud de l’histoire.

 

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-Qu’a donc constaté le médecin légiste? 

Le médecin légiste a constaté qu’il n’y avait pas de traces matérielles de l’intervention du gynécologue quand il a ausculté Mme Raissouni. Il a écrit sur le certificat qu’il n’y avait pas de traces de pince de Pozzi, ni de déchirures, ni de lésions. Il a également indiqué que le taux (de l’hormone Beta HCG ndlr) était anormalement bas et que c’était un taux qui ne pouvait pas certifier que cette personne était enceinte au moment où elle est partie à l’hôpital. Il n’a pas mis cela sur ses conclusions.

 

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