Adnane Ben Halima*: En Afrique du Nord, le rôle de l’innovation numérique et de l’IA dans le secteur de la santé

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Adnane Ben Halima. DR.

Les ressources humaines pour la santé au niveau mondial s’établissent à 3 % en Afrique contre 28 % sur le continent européen (1). Face à cette pénurie de médecins et de matériel médical, doublée d’une qualité insuffisante des infrastructures, le numérique apporte des solutions et représente un atout non négligeable dans le secteur de la santé.

L’importance des technologies numériques dans la promotion de l’assurance santé

Selon l’édition 2021 des statistiques sanitaires mondiales de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le continent africain compte 3 médecins pour 10.000 habitants et se classe dernière en matière de taux de couverture sanitaire au niveau mondial. Le continent, – à des degrés divers -, fait également face à un manque criant de matériel et d’infrastructures. En effet, des pays comme l’Afrique du Sud, le Maroc ou l’Algérie ne peuvent être comparés à la Centrafrique ou à la Somalie. En avril 2020, 80 lits de réanimation étaient disponibles au Sénégal, 15 au Burkina Faso et 40 au Mali (2). De même pour les respirateurs, le Cameroun en possédait une petite vingtaine à la même période, quand il y en avait 20 en Côte d’Ivoire et 5 au Niger (3). Si la pandémie a souligné combien certains pays du continent étaient sous- équipés, elle a également mis en avant le déficit important d’infrastructures et de financements.

Ce constat malheureux met en lumière trois enjeux significatifs qui seraient à même de permettre l’éclosion d’un système de santé plus fort et résistant en Afrique: un système d’assurance santé, un personnel soignant en nombre suffisant et des infrastructures de qualité. Or, selon l’OMS, l’utilisation des technologies numériques pour la santé, telles que les Technologies de l’information et de la communication (TIC) ou l’Intelligence Artificielle (IA), permettrait de répondre efficacement aux besoins de santé en Afrique; la e-santé apparaissant ainsi comme une opportunité d’améliorer l’accès à la santé pour tous.

À titre d’exemple, en Côte d’Ivoire, les dépenses de soins dans le cadre d’un régime de sécurité sociale ou d’une assurance privée représentent moins de 6,9%4. Or, ce type d’assurance permettrait pourtant d’assurer une protection efficace contre les aléas financiers et ce, d’autant plus si les processus assurantiels étaient informatisés. En effet, le recours aux technologies numériques entraînerait une gestion beaucoup plus sécurisée et efficace. Un modèle qui a déjà convaincu plusieurs pays africains à l’image de l’Égypte, qui est en pleine réforme de son système d’assurance maladie ; ou encore le Maroc qui a pour objectif de généraliser l’adoption de l’assurance maladie à l’ensemble de sa population, en s’appuyant notamment sur l’innovation numérique.

La nécessité de pallier la pénurie du personnel de santé

Dans le secteur de la santé, l’innovation numérique est à même de combler le manque de ressources techniques et humaines. En effet, le recours à des réseaux 5G favorise les échanges de données, en éliminant tout problème de latence. Les TIC permettent aussi de mobiliser du personnel de santé depuis l’étranger par l’intermédiaire d’une interface numérique pour prodiguer des soins à distance ou assister les médecins sur place. Ils comblent ainsi le déficit de personnel observé dans les différents États africains. Face à ce constat, nous avons lancé chez Huawei différents programmes de formation avec les gouvernements marocain, tunisien ou encore algérien, pour former plus de 50 000 talents sur le continent aux métiers des TIC. Ces programmes ont permis d’enseigner aux étudiants les connaissances nécessaires à l’utilisation des technologies de pointe en routage, commutation, cloud, 5G et IA. Il est d’ailleurs prévu que Huawei établisse 500 ICT Academies dans la région Northern Africa avant 2025.

Améliorer la qualité et l’efficacité des infrastructures grâce à l’IA

Un dernier enjeu porte sur l’amélioration de la qualité et de la densité des infrastructures liées à la santé. Dans ce cadre, l’apport des acteurs des TIC est essentiel pour connecter les hôpitaux, améliorer la gestion logistique des médicaments ou contrôler leur légitimité. L’IA apparaît alors comme une solution indispensable pour vérifier cette légitimité. En effet, selon l’OMS, l’Afrique représente à elle seule 42 % de tous les cas de produits médicaux contrefaits et de qualité inférieure détectée à l’échelle mondiale (5), entraînant ainsi un nombre important de décès. Alors que le variant Omicron est toujours bien présent sur le continent africain, il ne fait aucun doute que l’IA pourrait permettre aux pays africains de suivre les symptômes épidémiologiques et ainsi mettre en place des réponses plus efficaces. C’est dans cette perspective que le gouvernement égyptien élabore une stratégie nationale d’IA visant à orienter le développement et la recherche de l’utilisation de cette technologie dans des domaines prioritaires tels que les soins de santé. C’est aussi dans cette perspective que Huawei a aidé le Centre Hospitalier Universitaire Ibn Rochd Casablanca à déployer et à tester le système de diagnostic Covid-19 assisté par l’IA pour améliorer l’efficacité de détection de patients positifs au virus. Le Groupe a aussi créé une business unit spécialisée dans le Cloud et l’IA dédiée à l’Afrique.

En permettant des gains de productivité significatifs grâce à un meilleur échange d’informations, les TIC constituent un axe novateur pour répondre aux enjeux de santé en Afrique. L’investissement dans les données et l’intelligence artificielle sera un outil clé pour améliorer les systèmes de santé pendant et après la pandémie de la Covid-19 en Afrique, selon un rapport de la Fondation Novartis et Microsoft. Faciliter le développement des healthtech sur le continent pour améliorer l’accès des populations aux soins, requiert aussi un meilleur cadre réglementaire propice à des services de qualité, sécurisés. À l’heure actuelle, il est nécessaire d’encourager la collaboration en matière d’e-santé, aussi bien axée sur le financement et l’échange de connaissances en termes de technologies numériques. Un objectif poursuivi par la 5ème édition d’Emerging Valley, qui s’est traduite par la publication d’un livre blanc appelant à co-créer un système d’e-santé véritablement efficace, tout en encourageant davantage les interactions entre médecins spécialistes africains et européens pour un meilleur suivi patient. Faciliter le développement de l’e-santé en Afrique requiert enfin un meilleur cadre réglementaire, qui ne peut qu’être efficace si le secteur privé et public travaillent main dans la main.

1. TIC et systèmes de santé en Afrique, IFRI (2010)
2. «Nombre de lits de réanimation et de respirateurs : où en est l’Afrique ?», Jeune Afrique, avril 2020.

3. «Nombre de lits de réanimation et de respirateurs : où en est l’Afrique ?», Jeune Afrique, avril 2020.

4. TIC et systèmes de santé en Afrique, IFRI (2010)

5 Le Point, L’Afrique se lève contre le trafic de faux médicaments

*Adnane Ben Halima est Vice-Président en charge des relations publiques de Huawei Northern Africa.

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