Maroc-France: avant la visite de Macron, les affaires reprennent pour Airbus et Alstom

Publié le
Questions diplomatiques et business au menu de la visite de Macron au Maroc
Le Roi du Maroc Mohammed VI avec le président français Emmanuel Macron à la gare de Rabat Agdal lors de l’inauguration de la ligne de train à grande vitesse, le 15 novembre 2018 © Fadel Senna /AFP

Après une longue traversée du désert, les relations entre le Maroc et la France reprennent des couleurs, laissant certains observateurs des deux rives de la Méditerranée croire qu’elles sont au beau fixe, notamment après la reconnaissance française de la souveraineté du Maroc sur son Sahara.

L’ordre du jour de cette visite d’État, annoncée au lendemain de la commémoration du 25e anniversaire de la fête du Trône, marquée par le rattrapage français du peloton des grandes puissances ayant reconnu la souveraineté du Royaume sur son Sahara, abordera plusieurs questions diplomatiques cruciales.

Outre le dossier du Sahara marocain, plusieurs questions épineuses, telles que la situation au Sahel, le conflit au Moyen-Orient, ainsi que l’immigration irrégulière, seront discutées lors de la rencontre au sommet entre le Roi Mohammed VI et le Président Emmanuel Macron.

Le business prend le dessus

En plus d’accorder leurs violons sur ces sujets, les deux partenaires de longue date devront également discuter affaires. Appuyés par l’Élysée, les géants de l’aéronautique et du ferroviaire, Airbus et Alstom, font pression pour obtenir les plus importants marchés prévus en vue de l’organisation de la Coupe du monde de football 2030.

Alors qu’Airbus, dont l’État français demeure l’un des principaux actionnaires, vise une large part des futurs appareils que la Royal Air Maroc (RAM) devra acquérir pour quadrupler sa flotte aérienne — qui passera de 50 appareils actuellement à 200 au cours des 15 prochaines années —, Alstom veut décrocher le marché portant sur la fourniture de 168 trains, dont 18 rames à grande vitesse pour la LGV Kénitra-Marrakech.

Selon plusieurs sources concordantes, la RAM évalue actuellement les offres des constructeurs aéronautiques Airbus, Boeing et Embraer. Bien que l’Américain Boeing semblait initialement être en tête pour décrocher ce contrat, les difficultés rencontrées par l’entreprise, notamment en raison des grèves dans ses usines d’assemblage à Renton et Everett aux États-Unis, ainsi que divers incidents survenus ces derniers mois, ont suscité des inquiétudes au sein du Royaume.

Boeing en perte de vitesse

Selon Maghreb Intelligence, la RAM attend toujours la livraison de deux avions Boeing 787 « Dreamliner », qui devaient être remis en septembre afin de renforcer la flotte pour trois destinations stratégiques à partir de décembre et janvier prochains: Toronto, São Paulo et Pékin. La compagnie marocaine ne dispose pour l’instant d’aucune information sur la date de livraison de ces avions, ce qui soulève de sérieuses questions sur la fiabilité de Boeing pour honorer une commande plus importante.

Lire aussi: Sahara: Alger menace la France de sanctions plus fortes

Cette situation est précisément ce qu’Emmanuel Macron souhaite exploiter pour renforcer la position d’Airbus, d’autant plus que le groupe européen a déjà vendu des avions à la RAM par le passé.

La LGV, mais pas que

Sur le plan ferroviaire, Africa Intelligence a récemment affirmé qu’une « délégation du géant ferroviaire français s’est rendue à Rabat début octobre pour l’ultime phase du dialogue compétitif ». « Appuyé par l’Élysée, le groupe met tout en œuvre pour décrocher un contrat portant sur la fourniture de 168 trains, dont 18 rames à grande vitesse », a révélé la même source, soulignant qu’il s’agit d’un contrat à 1,5 milliard d’euros.

Lire aussi: Sahara: entre la France et le Maroc, le business avant la politique?

Alors que les enjeux diplomatiques et économiques se mêlent, la visite de Macron au Maroc pourrait marquer un tournant décisif dans les relations bilatérales. Si les discussions sur l’intégrité territoriale et les crises régionales restent essentielles, c’est finalement sur le terrain des affaires que se joue la partie. Avec Airbus et Alstom en lice pour des contrats d’envergure, cette visite pourrait bien sceller des accords qui façonneront les décennies à venir.

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

Maroc-France: avant la visite de Macron, les affaires reprennent pour Airbus et Alstom

S'ABONNER
Partager
S'abonner