Maria Daïf: «L’Etat n’a pas été capable de mettre en place une stratégie pour la culture »

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politique publique, Etat, culture, Maria Daïf
©Elise Ortiou Campion/7RPICTURE

A l’occasion de l’anniversaire des 20 ans de règne de Mohammed VI, H24Info a sollicité l’expertise de plusieurs acteurs culturels pour dresser le bilan de l’évolution du domaine culturel au Maroc depuis 1999. Parmi eux, Maria Daïf, actrice culturelle indépendante, regrette l’absence d’une «vision durable de la culture». Interview.

Que dire des avancées culturelles depuis l’accession au trône de Mohammed VI
Le début de ces 20 ans nous a remplis d’espoir et nous avons cru et œuvré pour un Maroc meilleur. Médias indépendants, festivals gratuits dans l’espace public, émergence de nouvelles expressions, parole plus libre… La société civile culturelle a été une cheville ouvrière du changement post Hassan II.

Aussi, les 10 premières années ont-elles été créatives et ont vu naître des projets engagés et porteurs de sens pour la jeunesse en particulier. Ces projets en ont inspiré plus d’un et nous avons vu éclore de nouveaux projets culturels tout aussi prometteurs. Le dynamisme de la scène artistique et culturelle annonçait une movida marocaine…

Et les dix années suivantes ?
Les 10 années suivantes n’ont pas été à la hauteur des précédentes et le mouvement ne s’est pas affirmé. On peut même parler de recul, à juste titre. Une association culturelle n’a-t-elle pas été sévèrement dissoute dernièrement? Quelles que soient les raisons, cela reste une censure et je peux comprendre que cela en désespère plus d’un. Nous vivons actuellement un essoufflement et les raisons sont, à mon sens, évidentes: les actions menées par la société civile n’ont pas été portées par une volonté politique constructive et compétente.

 

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En effet, développer la culture d’un pays doit répondre à une stratégie, or l’Etat n’a pas été capable d’en construire une, ou n’a pas voulu. D’autre part, le secteur économique tarde à prendre conscience de la nécessité de soutenir l’action culturelle durable. Soutenir la culture n’est pas une opération de communication, c’est un engagement pour le développement humain du pays.

Que souhaiter pour le futur ?
Pour la célébration de ces 20 années de règne, espérons le lancement d’une vraie politique de développement par la culture. Nous avons besoin d’un vrai plan d’action national incluant éducation artistique, formation aux arts et aux métiers de l’art, développement d’espaces culturels de proximité, soutien à la création et à la diffusion. Ce serait une belle célébration de ces 20 ans.

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